14 septembre 2017

L’an 18 de la Révolution bolivarienne



Nous n’apprendrons rien sans doute à notre lecteur, si nous disons que le Venezuela vit actuellement des temps troublés, tellement le sujet est impossible à éviter vu le véritable matraquage des médias bourgeois à ce sujet. Si l’on en croit les médias mainstream, la démocratie et la liberté de la presse libre sont honteusement étouffés au Venezuela par l’horrible dictature du président Nicolas Maduro, qui fait régner la terreur, emprisonne les opposants, dont bien sûr aucun n’a rien à se reprocher, réprime dans le sang des manifestations de l’opposition, totalement pacifiques, fait régner la corruption, et maintient de force un régime dont la population ne bénéficie absolument pas. Tous les démocrates les plus sincères et les plus incontestables de la planète s’empressent de voler au secours de la démocratie vénézuélienne oppressée, de Donald Trump, ce grand démocrate éclairé qui a réussi l’exploit de rendre presque sympathique Georges W. Bush (qui a condamné les violences néonazies, contrairement au président en exercice), jusqu’à sa majesté Jupiter, alias le banquier Macron, qui est en train de casser le code du travail en France par voie d’ordonnance. Même le DFAE y est allé de sa petite note (la Suisse n’est pas sensée être neutre, et donc éviter de se mêler des affaires intérieures des autres Etats ?)

On pourrait se demander naïvement : pourquoi tout ce matraquage au sujet du Venezuela ? N’y a-t-il pas en ce bas monde beaucoup de dictatures avérées, des dizaines de régimes censément démocratiques mais dans les faits corrompus et autoritaires, contestés par une opposition bien moins trouble que l’ « opposition » vénézuélienne, et écrasée, souvent dans le sang, de régimes assassins qui font tirer à balles réelles sur la population civile, de régimes qui truquent honteusement les élections…et dont vous n’avez probablement jamais entendu parler ? Le 5 août 2017, Paul Kagame est réélu à la présidence du Rwanda, qu’il détient depuis déjà 17 ans, avec…99,8% des voix. M. Kagame est à la tête d’un régime accusé d’assassiner ses opposants et de museler la liberté de la presse. En avez-vous seulement entendu parler ? Connaissez-vous seulement qui est Nursultan Nazarbaïev ? Peut-être pas. Pourtant, M. Nazarbaïev dirige le Kazakhstan d’une main de fer depuis la dissolution de l’URSS en 1991, régnant à la tête d’un régime corrompu et despotique, avec un parti présidentiel quasi-unique, quelques partis d’opposition de sa majesté, toute véritable opposition impitoyablement réprimée, liberté de la presse totalement muselée, et une petite oligarchie qui s’enrichit indécemment de l’argent du pétrole, pendant que le peuple, misérable, n’en voit jamais la couleur (tout le contraire de ce qui se passe au Venezuela bolivarien). Ces médias, les entend-on beaucoup dénoncer les atrocités de la monarchie saoudienne, ce despotisme moyenâgeux le plus infâme de notre planète, et dont le roi est reçu en grande pompe par toutes les démocraties occidentales ? Les a-t-on beaucoup entendu dénoncer le coup d’Etat institutionnel du corrompu Michel Temer contre la présidente élue du Brésil, Dilma Roussef ? Les entend-on beaucoup parler des assassinats des syndicalistes en Colombie ? Les a-t-on beaucoup entendu dénoncer les crimes de toutes les dictatures et fausses démocraties de droite en Amérique latine ? Pourtant, même dans le portrait à charge le plus hargneux, le président Maduro n’est pas accusé d’avoir fait la moitié du quart de ce qu’ont fait tous ces gens…

Mais il n’est que trop clair, que ce n’est pas à cause de la « dictature » chaviste que tous les néolibéraux de ce monde haïssent le Venezuela bolivarien. Depuis la première élection d’Hugo Chavez à la présidence du Venezuela, en 1999, cela fait déjà 18 ans. Nous entrerons bientôt dans l’année civile 2018. Et, à bien des égards, toutes proportions gardées, la Révolution bolivarienne fait aujourd’hui face à une situation semblable à celle à laquelle dut faire face la Révolution d’Octobre en 1918 : soumise à un encerclement impérialiste, à une véritable guerre économique et diplomatique de toutes les puissances impérialistes coalisées, faisant face à des classes possédantes locales ayant perdu leur pouvoir politique, mais n’acceptant pas leur défaite, prêtes à tout pour récupérer leurs privilèges, se mettant impunément au service de puissances ennemies pour cela, avec, pour épée de Damoclès, une menace permanente d’intervention militaire impérialiste directe, devenue beaucoup plus immédiate avec l’administration Trump. On ne peut en réalité que s’incliner devant la modération et l’habilité du pouvoir chaviste, qui sut, certes dans des conditions beaucoup plus favorables, éviter au Venezuela une guerre civile sanglante, que les Bolcheviks furent contraints de livrer, avec les rigueurs de la loi martiale qui doit nécessairement l’accompagner. Faut-il rappeler qu’au Venezuela la grande majorité des chaînes TV et des radios restent privées et hostiles au pouvoir bolivarien ? Que les partis d’opposition sont légaux et que presque aucune de leurs manifestations n’a été interdite (remarquons que la loi en matière de manifestations en vigueur au Venezuela est bien moins restrictive qu’à Genève) ? Que le « régime » vénézuélien n’a pas organisé de grandes purges, ni ne fusille ses opposants ? Que si quelques leaders de l’opposition ont finalement été arrêtés, c’est pour crimes graves et avérés ? La propagande contre le Venezuela ne repose sur aucun fait, et se fonde sur le pur mensonge. Un mensonge de classe.

La Révolution bolivarienne dans l’histoire

Si tous les libéraux de ce monde haïssent à ce point la Révolution bolivarienne et tout ce qu’elle représente, c’est que, huit ans à peine après la disparition du socialisme en URSS, elle représente la première révolution victorieuse contre le néolibéralisme, la première fois qu’un peuple s’est soulevé contre le nouvel ordre mondial des multinationales toutes-puissantes et de l’austérité à perpétuité pour les peuples que les USA ont pensé pouvoir imposer à toute la planète une fois que le pays né de la Révolution d’octobre n’était plus, et a pu imposer une rupture avec cette tyrannie d’un genre nouveau. A peine les nouveaux maîtres incontestés de la planète eurent le temps de proclamer la « fin de l’histoire », qu’un peuple secouait déjà ses chaînes et balayait leur tyrannie. Ils ne peuvent le pardonner au peuple du Venezuela. C’est pour cela qu’ils le haïssent passionnément.

Mais la Révolution bolivarienne s’inscrit aussi dans une histoire profonde du Venezuela, l’histoire de la lutte de son peuple, de sa classe ouvrière, de ses paysans, de ses peuples autochtones, des masses populaires des quartiers pauvres de Caracas, contre les régimes bourgeois compradore à la botte des USA qui se sont succédés, les dictatures militaires d’abord, puis, depuis 1958, la fausse démocratie bourgeoise, qui est célébrée avec nostalgie par l’ « opposition » vénézuélienne, mais qui n’a apporté au peuple, sous sa façade hypocrite de consensus et de paix sociale, que le règne sans partage de deux partis bourgeois corrompus qui se succédaient à la tête de l’Etat, dans une pseudo-démocratie où le peuple n’avait pas son mot à dire, que corruption et plans d’ajustements structurels, réduisant des millions de personnes à la misère. Lorsque les classes populaires protestaient contre les politiques néolibérales, le pouvoir répondait toujours par une répression féroce, à coup de tirs à balles  réelles et d’armes lourdes. C’était considéré comme « normal » et bien sûr « démocratique ». Pour mesurer l’ampleur de cette répression passée, il suffit de dire que, même si le mensonge de l’actuelle « opposition » était vrai, que tous les morts survenus lors des troubles récents était imputable au gouvernement vénézuélien, ils ne représenteraient qu’un goutte dans l’océan de sang versé par les gouvernements bourgeois « démocratiques » qui l’ont précédé. Pendant ce temps, les médias privés, sur la liberté prétendument bafouée desquels tous les libéraux et la fausse gauche de ce monde verse des larmes de crocodile, mentaient effrontément, toujours au service du pouvoir des classes possédantes. Inutile de préciser que les médias bourgeois européens n’ont jamais rien trouvé à redire de ce régime.

Les réalisations de la Révolution bolivarienne

L’élection d’Hugo Chavez à la présidence du Venezuela en 1999 ne fut que la cristallisation aussi sur le plan institutionnelle des luttes populaires contre la fausse démocratie et sa nature réelle de tyrannie néolibérale, le point où la quantité se change en qualité. Dés son élection, Chavez s’est heurté à la haine féroce des classes possédantes, mues par un instinct de classe véritablement reptilien, et pour lesquelles la moindre redistribution des richesses, même la plus infime, est par principe inadmissible. Il bénéficia en revanche d’un soutien populaire, des masses populaires et de leurs diverses organisations. En 2002, l’oligarchie vénézuélienne tenta de renverser le président Chavez par un coup d’Etat sanglant, avec un soutien complaisant en hystériquement mensonger des médias privés. La mobilisation populaire massive fit échouer le coup d’Etat. Pourtant, les partis d’oppositions putschistes ne furent pas dissous, ni les médias pro-putschistes fermés. Au lieu de cela, Chavez promut le dialogue national. Gageons que, dans de pareilles circonstances, le Conseil fédéral n’aurait pas fait preuve de la même modération…
Dans une interraction constante avec les classes populaires en luttes, poussée à la radicalisation tant par sa base populaire que par l’opposition de l’oligarchie renversée, la Révolution bolivarienne prit le tournant du socialisme. Des entreprises stratégiques furent nationalisées, et les revenus du pétroles servir pour la première fois de l’histoire du Venezuela son peuple et pas une poignée de possédants. Le bilan social de la Révolution bolivarienne est somme toute remarquable : l’alphabétisation d’un million et demi de citoyens, la réduction du taux de malnutrition infantile de 40%, le passage de 6 à 13 millions du nombre d’enfants scolarisés, la création de 7’873 centres de santé, la réduction de 49% du taux de mortalité infantile, faire passer le nombre des bénéficiaires des pensions de retraites de 387’000 à 2,1 millions, la construction de 1,7 million de logements populaires, rendre un million d’hectares de terres à leurs ethnies originaires, faire passer de 250’000 à 5 millions le nombre d’enfants recevant une alimentation à l’école, impulser 50’000 coopératives populaires, augmenter le salaire minimum de 2’000% (16 à 330 dollars), offrir aux adultes en âge de retraite et n’ayant jamais travaillé 60% du salaire minimum comme retraite, 80% pour les femmes et les handicapés physiques, réduire la dette publique de 45 à 20% ou encore améliorer le PIB par habitant de 4’100 à 10’810 dollars. La Révolution bolivarienne impulsa également le développement de nouvelles formes de démocratie locale et participative, de participation directe des classes populaires à la gestion des affaires publiques. Quoi que l’on puisse dire, à tort ou à raison, du respect de procédures formelles par le pouvoir chaviste, il est incontestablement mille fois plus démocratique (si par « démocratie » on comprend bien ce que le mot veut dire, c’est-à-dire pouvoir populaire) et plus à l’écoute de la population que tous ceux qu’a jamais connu le Venezuela.
L’ « opposition » de la bourgeoisie compradore et de l’oncle Sam

Les médias bourgeois se contentent généralement de parler de l’ « opposition » vénézuélienne, comme si être dans l’opposition au gouvernement en place était en soi gage de vertu, sans guère entrer dans les détails sur ses objectifs politiques et les intérêts qu’elle défend, si ce n’est qu’elle lutterait pour la « démocratie ». Or cette, « opposition » n’est rien d’autre que l’ancienne majorité néolibérale et oligarchique d’avant Chavez. Sa base sociale ? Les classes possédantes, mues par leur haine de classe aveugle et viscérale contre la Révolution, tout ce qui ressemble à du socialisme et des classes populaires qui osent secouer leurs chaînes.

Parmi les leaders de ladite opposition, on compte Leopoldo Lopez, prétendue « victime innocente de la dictature de Maduro », et sur le sort duquel les médias bourgeois ne cessent de pleurnicher. Or, qui est-il ? M. Lopez arrêté et jugé pour avoir été un des investigateurs du chaos dans lequel a été plongé le Venezuela à la suite de l’opération « La Salida » (la sortie, provoquant la mort de 43 personnes et de 800 blessés). Lorenzo Mendosa Zuloaga (Polar, entreprise agroalimentaire), est cousin de Leopoldo Lopez. L’organisation Human Rights Watch qui défend Leopoldo Lopez est dirigée par son cousin Thor Harversen Mendosa, parmi les Mendosa Zuolaga, Lorenzo est le cousin de Maria Corina Machado Zuloaga, ancienne propriétaire de SIDETUR (entreprise de matériaux, nationalisée en grande partie par Chavez en 2010) ainsi que de « Electricidad de Caracas ». Maria Corina Machado Zuloaga est la cousine de Henrique Capriles, lui-même propriétaire de la Kraft Venezuela (entreprise agroalimentaire). Mais quels intérêts servent-ils vraiment ? La question semble légitime.

Début avril, l’opposition a appelé à manifester contre le gouvernement en demandant la démission du président Nicolàs Maduro et des élections anticipées, alors que le mandat du président prendra fin en décembre 2018. Dans les faits, ces manifestations n’ont pas compté sur une large participation populaire, ce sont la frange aisée des quartiers de la capitale, contrôlée par l’opposition (soit 2% de la population et présentés par les médias en tant que « Venezuela ») ainsi que des groupes d’extrême droite, violents et organisés, qui y ont pris part. Les manifestations dites pacifiques se sont vite avérées être d’une extrême violence. On peut citer, par exemple, la destruction de centres de santé et de maternité, la sous-traitance de violence par la pègre, l’utilisation d’enfants mercenaires, des assassinats et de la torture. Depuis la disparition d’Hugo Chavez en 2013, le Venezuela est victime d’une guerre économique qui vise à priver la population des biens essentiels, principalement les aliments et les médicaments. La droite locale renoue avec certains éléments de la stratégie mise en place jadis au Chili par le tandem Nixon-Pinochet, en clair, provoquer l’exaspération d’une partie de la population jusqu’au débordement de rage et légitimer la violence.

Parmi la centaine de morts qui ont été répertoriés depuis le début de la crise, il y’a parmi eux des militants chavistes assassinés, des civils victimes de dégâts collatéraux de l’opposition, des étudiants qui ont exprimé leur soutien à l’assemblée nationale constituante, des manifestants morts sur des barricades. La loi interdit à la police ou la garde nationale d’user de leurs armes à feu. Les fonctionnaires des forces de l’ordre qui se sont rendus coupables de blessures ou de morts de manifestants ont été destitués, et une procédure judiciaire est actuellement en cours.

On vous laisse imaginer comment auraient réagi les autorités suisses si une « opposition » quelconque avait fait ne serait-ce que la moitié du quart de ce dont s’est rendue coupable son homologue vénézuélienne. Si on pense à l’hystérie que provoque par chez nous chaque vitre cassée ou mur taggué, on ne peut guère douter de la réponse…En revanche, si quelqu’un trouve que le gouvernement de Nicolas Maduro est trop restrictif, nous souhaitons lui rappeler la soif de sang insatiable dont fait toujours preuve une oligarchie qui arrive à reprendre un pouvoir qu’elle a eu peur de perdre définitivement. Le Chili de Pinochet est un bon exemple de ce que serait le Venezuela entre les mains de son actuelle « opposition démocratique »…

L’Assemblée nationale constituante

Le 1er mai 2017, le président démocratiquement élu de la république bolivarienne du Venezuela, Nicolàs Maduro, a convoqué une assemblée nationale constituante afin de répondre à la crise que traverse le pays. Le but étant de convoquer tous les secteurs de la société vénézuélienne, y compris l’opposition, qui a refusé d’y participer. Malgré le climat de violence et les intimidations de l’opposition, 8’089’320 de vénézuéliens (soit 41.53% des électeurs) ont répondu à l’appel du président Maduro. Ainsi, sur les 545 membres qui ont été élus, 364 l’ont été au suffrage direct des circonscriptions municipales et 173 au suffrage indirect des groupes sociaux (travailleurs, retraités, étudiants, paysans, handicapés, chefs d’entreprise).

Pour nous, il semblait évident que le processus de l’assemblée nationale constituante serait l’occasion pour le peuple vénézuélien d’ancrer les acquis sociaux des 20 dernières années obtenus par la révolution bolivarienne impulsée par le commandant Hugo Chavez. Cette nouvelle constitution, si elle est approuvée par référendum populaire, aura pour vocation d’être une constitution progressiste, ne permettant plus aux secteurs privés et financiers répondant aux intérêts de l’impérialisme et des anciennes élites dominantes d’amputer le peuple vénézuélien des acquis et des avancées de la révolution.

Pour conclure, nous reproduirons une déclaration du Parti communiste du Venezuela, datée du 8 août dernier :

« Caracas, 8 août 2017, Tribuna Popular.-Le Bureau politique du Parti communiste du Venezuela (PCV) a rendu publiques les conclusions du 4ème Plénum du Comité Central du Parti qui s’est tenu, dimanche 6 août. L’ordre du jour portait sur les résultats des élections pour la mise en place de l'Assemblée Nationale Constituante (ANC), ainsi que sur les perspectives et les menaces que les travailleurs et les organisations populaires et révolutionnaires doivent mesurer après l’élection de cette instance importante.
Pour la direction nationale du PCV, le processus électoral, l'installation et la mise en route des fonctions de l'ANC constituent une « victoire de notre peuple face à la politique impérialiste qui traçait la voie de la violence réactionnaire pour tenter d'empêcher la tenue des élections du 30 juillet », comme l’a déclaré Oscar Figuera, secrétaire général du PCV.

En même temps, la direction communiste réaffirme que cette victoire contre l’impérialisme, celle du peuple vénézuélien et non seulement celle du chavisme, peut être de courte durée si l'Assemblée Constituante s’en tient à apporter des changements dans la superstructure politique du pays et si elle ne parvient pas à produire immédiatement une série de mesures et d’actes constituants qui s’attaquent aux problèmes essentiels de notre peuple.

« Si on en reste là, au niveau d'une action superficielle, ce qui représente un bond important dans la réponse de notre peuple à la violence réactionnaire va se diluer dans le jeu de la bureaucratie, qui s’imposera dans l'Assemblée Constituante elle-même » a prévenu le dirigeant communiste. Il a également appelé « l'Assemblée Nationale Constituante, ses membres, à maintenir leurs liens avec les masses, avec le peuple, à s’imprégner des positions et des propositions qu’ils émettent, tant au niveau des territoires que des secteurs d’activité, en direction de l’Assemblée Constituante ".

La pression populaire dans les Assemblées Populaires Constituantes

Figuera a signalé que plusieurs tâches ont été assignées aux militants communistes. La plus importante est « d’approfondir les efforts, avec le mouvement populaire révolutionnaire dans le cadre de l'alliance révolutionnaire, avec les ouvriers, les paysans, au sein du peuple et des conseils communaux, pour impulser la mise en place des Assemblées Populaires Constituantes au niveau des territoires et des secteurs d’activité. Il faut partir du mouvement des masses pour porter les propositions les plus pertinentes, pour faire s’exercer également la pression des masses sur l'Assemblée constituante. Il s’agit d’obtenir des mesures immédiates et actes constituants qui s’attaquent à la vie chère, à la spéculation, à la corruption, à l'insécurité, qui défendent les conquêtes des travailleurs, dont celles qui viennent de leur être confisquées, comme le droit à la sécurité de l'emploi ».

Pour le PCV, parmi les mesures qu’elle doit prendre, l'ANC doit ordonner la réintégration de tous les travailleurs ayant obtenu un jugement pour leur réembauche qui n’a pas été respecté par l’employeur, qu'il soit privé ou public; doit établir des mécanismes pour frapper les accaparateurs et les spéculateurs en mobilisant les travailleurs et le peuple;  doit prendre des mesures visant l'expropriation des monopoles, qui sont fondamentalement responsables de la spéculation.

Soutien à l’Assemblée Nationale Syndicale de Classe


En conclusion, Figuera a indiqué que les militants communistes s’investissent activement dans la préparation de l’Assemblée Nationale Syndicale de Classe qu’organise le Front National de Lutte de la Classe Ouvrière, le samedi 12 août.  Il y sera discuté des initiatives visant à renforcer le rôle du mouvement ouvrier et syndical de classe pour défendre les conquêtes sociales et exiger de l'Assemblée constituante des mesures concrètes pour garantir que les droits des travailleurs et du peuple vénézuélien soient respectés et s’appliquent réellement dans la vie quotidienne des travailleurs. »

Alexander Eniline
(avec reprise partielle de l’article des Jeunes POP Vaud, paru dan le Résistance n° 106) 

2 x NON à un nouveau vol des rentes



Le Parti du Travail s’était opposé au projet de réforme du conseiller fédéral « socialiste » Alain Berset intitulé Prévoyance vieillesse 2020 dès le tout début, il y a trois ans. Ce combat était plus que justifié, puisque le projet que nous avons combattu par référendum, ce grâce à quoi nous pourrons nous prononcer à son sujet en votation populaire, constitue un véritable vol des rentes en bonne et due forme.

Quelles en sont en effet les principales mesures ? La hausse de l’âge de départ à la retraite pour les femmes à 65 ans, la baisse du taux de conversion du deuxième pilier de 6,8% à 6% (rappelons qu’il y a quelques années à peine le peuple suisse avait rejeté une baisse du taux de conversion à 6,4% avec trois quarts des voix, mais le parlement fédéral n’en a pas grand chose à faire de la volonté du peuple souverain !), une hausse de la TVA (impôt antisocial et injuste au possible), une hausse des cotisations LPP et une hausse des cotisations AVS de 0,3%. Exactement l’agenda néolibéral de la droite et d’economiesuisse : payer plus, travailler plus, pour toucher moins.

En contrepartie de véritable massacre du système des retraites, le parlement fédéral a accordé, dans sa grande générosité, une hausse des rentes AVS de…70 francs (!), et 3% pour le rentes de couple. Une hausse qui ne concernerait en outre que les nouveaux rentiers. Les retraités actuels ne recevraient pas un centime de plus. Pour montrer ce que vaut cette « revalorisation », il suffit de dire que pour compenser l’année de retraite qu’elle perd grâce au 70,- par mois supplémentaires, un femme devrait vivre jusqu’à…94 ans (l’espérance de vie moyenne pour les femmes étant d’une dizaine d’années de moins). Et, quant à parler d’égalité, n’oublions pas qu’en moyenne les femmes reçoivent toujours des salaires en moyenne inférieurs de 18% à ceux des hommes.

Le plus scandaleux, c’est que ce projet profondément antisocial fut voté par une majorité PS-PDC. Le PLR s’y oppose (mais beaucoup de ses représentants sont pour) car il trouve que la casse des retraites ne va pas encore assez loin avec PV 2020. C’est visiblement une manœuvre tactique, car on ne voit guère ce que cet inadmissible paquet aurait pour lui déplaire. Au niveau national c’est le PSS et l’USS qui sont le fer de lance de la campagne pour le OUI, main dans la main avec le patronat, l’USS ayant même accepté de débloquer 700'000 francs, pris sur les cotisations des salariés, au service d’une campagne pour un projet visant à casser leurs droits. Certains ténors du PSS prétendent qu’il s’agit d’un « compromis » le meilleur qu’il soit possible d’obtenir dans les conditions actuelles, d’un rempart contre un projet pire, porté par le PLR, et donc déjà d’un bien. Ils n’hésitent pas à aller parfois plus loin encore, en disant que PV 2020 représente un « progrès historique » (sans rire !).

Cette trahison absolue, où la « gauche » sociale-démocrate vient à porter elle-même l’agenda néolibéral de la droite, en le repeignant en rose, et en prétendant qu’il s’agit en réalité d’un programme de « gauche » et que le démantèlement social serait en fait un « progrès social » n’est pas sans rappeler la trajectoire du PS français ; et pourrait être suivie des mêmes conséquences. Mais nous n’oublions pas bien sûr que la Jeunesse socialiste suisse, la CGAS et le PS genevois sont restés fidèles à leurs principes, et font campagne pour le NON.

Nous ne devons en aucun cas accepter ce chantage au « compromis ». Car qui pourrait être assez aveugle pour ne pas voir que si PV 2020 passe, rien n’empêchera le PLR, l’UDC et le PDC de revenir d’ici peu de temps avec un projet bien pire. Ils ne cachent pas eux-mêmes que c’est exactement leur intention. Il ne restera alors, comme aujourd’hui, qu’une seule arme, la lutte, pas le marchandage pourri. Comme l’avait dit Henri Krasucki, qui fut secrétaire général de la CGT, « la régression sociale ne se négocie pas mais se combat ». Nous refusons également les discours catastrophistes au sujet de l’AVS. Les bourgeois voudraient que cette assurance sociale, qu’ils abhorrent soit en difficulté, mais elle s’est toujours bien portée malgré leurs prévisions. C’est le système de la LPP qui est en difficulté, comme le Parti du Travail l’avait toujours dit. Mais la solution passe par un système de retraite entièrement public et social, pas par PV 2020.

C’est pourquoi, le Parti du Travail appelle clairement à voter :

NON à la loi fédérale sur la réforme de la prévoyance vieillesse 2020


NON à l’Arrêté fédéral sur le financement additionnel de l’AVS par le biais d’un relèvement de la TVA

Non à une agriculture « répondant aux exigences du marché »

Comment pouvons nous seulement appeler à voter NON à l’arrêté fédéral sur la sécurité alimentaire, qui est un contre-projet direct à l’initiative populaire « Pour la sécurité alimentaire » de l’Unions suisse des paysans (USP), retirée par les initiants qui se sont estimés satisfaits du contre-projet ? Pourquoi refuser un projet que presque tout le monde soutient (remarquons en passant que cette belle unanimité a déjà quelque chose de suspect), qui plus est au service d’un objectif – la sécurité alimentaire – où on ne peut qu’être pour ? Mais il ne faut jamais se laisser arrêter au seul intitulé d’un texte mis en votation populaire, dans la mesure où celui-ci peut être parfaitement trompeur.

L’initiative de l’USP, qui a été retirée par les initiants, demandait à inscrire dans la Constitution le concept de sécurité alimentaire, et demandait que « la Confédération renforce l’approvisionnement de la population avec des denrées alimentaires issues d’une production indigène diversifiée et durable ». Selon les initiants, la Confédération aurait également dû « garantir la sécurité du droit, ainsi qu’une sécurité adéquate au niveau des investissements », un aspect de l’initiative qui a totalement disparu du contre-projet. A la même période, deux initiatives étaient lancées sur des sujets similaires : celle du syndicat paysan Uniterre pour la souveraineté alimentaire, et celles des Verts pour des denrées alimentaires de qualité et respectueuses de l’environnement. Malgré le caractère assez restreint, et parfois relativement flou, du texte de l’USP, le Parti Suisse du Travail l’avait soutenu. Mais le parlement fédéral a fini par y opposer un contre-projet, qui semble reprendre également certaines exigences des initiatives d’Uniterre et des Verts, plus fortes que celle de l’USP, pour pouvoir mieux les combattre le moment venu. Mais son contenu est en fait très différent.

L’arrêté fédéral, sur lequel nous sommes appelés à nous prononcer fixe comme but à la Confédération d’ « assurer l’approvisionnement de la population en denrées alimentaires » (que nous ne pouvons que soutenir), et prévoit pour l’atteindre cinq axes, dont (a) « la préservation des bases de la production agricole, notamment des terres agricoles », (b) « une production de denrées alimentaires adaptée aux conditions locales et utilisant les ressources de manière efficiente » et (e) « une utilisation des denrées alimentaires qui préserve les ressources ». C’est sur ces points que se concentrent les partisans du projet, et s’il n’y avait que cela, nous ne pourrions que le soutenir avec enthousiasme.

Sauf qu’il y a deux alinéas qui manquent dans ce qui précède, qui ne sont guère mis en avant dans la campagne pour le OUI…puisqu’ils réduisent à néant tous les aspects positifs de l’arrêté fédéral. Il s’agit des alinéas (c) « une agriculture et un secteur agroalimentaire répondant aux exigences du marché » et (d) « des relations commerciales transfrontalières qui contribuent au développement durable de l’agriculture et du secteur agroalimentaire ». Pour nous, ces deux alinéas sont clairement incompatibles avec les trois autres et l’objectif officiel de l’arrêté fédéral sur la sécurité alimentaire, et, étant donnés les rapports de forces politiques au parlement fédéral, c’est eux qui primeraient, réduisant à rien tous les aspects positifs de cet article constitutionnel s’il venait à être adopté.

Dans une petite vidéo de la Confédération, le point (c) est justifié par le fait que « ce sont les consommateurs plutôt que l’État qui détermineront ce qui est produit ». C’est naturellement faux. Les « exigences du marché » ce n’est pas la volonté des consommateurs. Ce ne sont rien d’autres que les exigences de profits illimités des entreprises de l’agroalimentaire et de la grande distribution. Et le point (d) autorise la Confédération à conclure des traités de libre-échange, avantageux uniquement pour les grandes entreprises, ruineux pour les paysans et destructeurs de l’agriculture locale et durable. Si demain, les exigences du marché et la liberté du libre-échange imposent les OGM, le poulet au chlore, et autre joyausetés en vogue aux USA, l’arrêté fédéral sur la sécurité alimentaire sera appliqué à la lettre…même si cette application est destinée à causer la mort de l’agriculture suisse telle qu’on la connaît et surtout telle qu’on voudrait qu’elle soit.


Une véritable sécurité alimentaire exige au contraire de ne pas se plier aux exigences du marché et de mettre fin à la vérité tyrannie des multinationales en laquelle consiste en réalité le libre-échange. Elle suppose la souveraineté alimentaire, car la production agricole doit être déterminée en fonction de la volonté populaire, des besoins de la population et de la préservation des ressources agricoles et de l’environnement à long terme, ce qui ne peut être garanti par le marché, mais uniquement par une politique volontariste à l’encontre du libre-marché, une politique qui protège précisément une agriculture locale et durable contre les ravages du libre-marché. Des relations commerciales sont bien entendu nécessaires, mais doivent être régulées, et pas laissés à la jungle du marché libéralisé. C’est pourquoi, le Parti du Travail vous invite à refuser le texte ultra-libéral des chambres fédérales, et de soutenir celui d’Uniterre lorsqu’il sera soumis au vote populaire.