23 décembre 2017

Libéralisme = démocratie ?



L’angle d’attaque habituel aujourd’hui de tous les propagandistes libéraux contre les communistes, et les partisans du socialisme quels qu’ils soient, c’est que le socialisme serait par nature anti-démocratique, dictatorial, tandis que le libéralisme, a contrario, serait per se garant de la démocratie. Beaucoup de stratégies argumentatives existent et sont de fait employées pour contrer cet argument, qui à force de répétition incessante est devenu une quasi-évidence pour beaucoup de gens. Pourtant, il repose sur un mensonge flagrant. Non, le libéralisme n’est pas et n’a jamais été synonyme de démocratie. Historiquement, le syntagme « démocratie libérale » apparaît plutôt comme un oxymore que comme une tautologie.

Les fondateurs du libéralisme n’étaient nullement partisans de la démocratie, et préféraient clairement une monarchie constitutionnelle, au nom de la séparation des pouvoirs, doublée d’une représentation parlementaire de toute manière restreinte aux seuls propriétaires, à travers un suffrage censitaire, reposant sur un cens assez élevé. La grande majorité du peuple se voyait par là privée de tous droits politiques. D’après la classification des régimes politiques selon Aristote, il s’agit là manifestement d’une oligarchie, pas d’une démocratie. Si la bourgeoisie a dû finir par accepter la mise en place d’un suffrage universel, c’est de mauvais cœur, sous la pression des luttes populaires, en guise de concession pour conjurer le danger de la révolution socialiste. Toutefois, une « démocratie » où la majorité des citoyens n’a d’autre droit que de voter à des élections périodiques tous les 4 ou 5 ans, et où finalement très peu de personnes, toutes ou presque issues des classes possédantes, décident de tout au nom de tous est encore une oligarchie, tempérée par quelques éléments démocratiques.

Le néolibéralisme n’a pas une âme plus démocratique que le libéralisme classique. L’extrait suivant de Friedrich Von Hayek, un des théoriciens néolibéraux les plus importants, issus de La route de la servitude, n’a guère besoin de commentaire :

« Nous n’avons toutefois nullement l’intention de faire de la démocratie un fétiche. Il est peut-être vrai que notre génération parle trop de démocratie, et y pense trop, et ne se soucie pas assez des valeurs qu’elle sert. On ne saurait dire de la démocratie ce que Lord Acton a justement dit de la liberté, qu’elle « n’est pas un moyen pour atteindre la fin politique suprême. Elle est en elle-même la fin politique suprême. On en a besoin, non pas pour avoir une bonne administration publique, mais pour garantir la sécurité dans la recherche des fins suprêmes de la société et de la vie privée ». La démocratie est essentiellement un moyen, un procédé utilitaire pour sauvegarder la paix intérieure et la liberté individuelle. En tant que telle, elle n’est aucunement infaillible. N’oublions pas non plus qu’il a souvent existé plus de liberté culturelle et spirituelle sous un pouvoir autocratique que sous certaines démocraties, – et qu’il est au moins concevable que sous le gouvernement d’une majorité homogène et doctrinaire, la démocratie soit aussi tyrannique que la pire des dictatures ».

Von Hayek le disait encore plus clairement en 1981 au journal chilien Mercurio (en pleine dictature d’Augusto Pinochet donc) : « Je suis complètement contre les dictatures comme solutions pour le long terme. Mais parfois une dictature peut être nécessaire pour une période de transition. A certains moments, un pays peut éprouver le besoin d’un gouvernement dictatorial. Vous comprenez qu’un dictateur peut régner d’une façon libérale tout comme un démocrate peut régner d’une façon non-libérale. Personnellement je préfère un dictateur libéral à un régime démocratique sans libéralisme... »

Cette approbation de l’infâme dictature de Pinochet par l’un des pères du néolibéralisme n’a rien qui doive surprendre. En effet, le général Pinochet fut précisément ce « dictateur libéral », préférable aux yeux de Von Hayek au socialisme démocratique qui commençait avec Salvador Allende, qui imposa pour la première fois à un pays l’entièreté du programme néolibéral. Il fut conseillé dans cette tâche par un certain Milton Friedman, autre théoricien majeur du néolibéralisme. Les conséquences sociales en furent évidemment désastreuses…


Le comportement de la droite européenne (« il n’y a pas de choix démocratique possible contre les traités européens », dixit Jean-Claude Juncker), et suisse (ne serait-ce que sa volonté de faire passer en force PF 17, nonobstant le refus populaire flagrant de la RIE III), n’atteste que trop sa fidélité à l’héritage de Friedrich Von Hayek et de Milton Friedman. Mais il n’y a aucune démocratie dans son libéralisme.

Remboursement des soins dentaires : les Vaudois voteront le 4 mars



Exceptionnellement, il n’y aura aucune votation cantonale à Genève lors du scrutin populaire du 4 mars 2018. Mais il n’en va évidemment pas de même dans tous les cantons. Les citoyens du canton de Vaud seront en particulier les premiers en Suisse à se prononcer sur l’initiative populaire « Pour le remboursement des soins dentaires ! », déposée en 2014 conjointement par le POP et solidaritéS avec plus de 15'000 signatures, et qui prévoir l’instauration d’une assurance sociale financée sur le modèle de l’AVS, par des cotisations paritaires employeur-employé, et servant à financer le remboursement des soins dentaires, ainsi que la prévention en matière de santé bucco-dentaire. La même initiative a depuis été déposée à Genève en 2016 par le Parti du Travail, avec ses seules forces et plus de 18'000 signatures (!), à Neuchâtel par le POP et solidaritéS, et en Valais et au Tessin par le PS (qui a repris une de nos idées, ce qu’il convient de souligner). En attendant sans doute que d’autres cantons suivent.

Il aura fallu trois ans pour que finalement le peuple vaudois puisse se prononcer sur l’initiative seule, sans contreprojet. Il s’agit d’une colossale perte de temps, qui n’était sans doute pas justifiée. C’est que le conseiller d’Etat socialiste (dont la réputation de « socialiste de gauche » est à notre avis quelque peu usurpée) Pierre-Yves Maillard a tenté d’élaborer un contreprojet, qui prévoyait un remboursement des soins dentaires limité à seulement certaines catégories de la population (les enfants, certaines personnes âgées) financé grâce à une taxe sur les boissons sucrées. Malgré son caractère très limité, ce contreprojet n’était pas sans intérêt, et constituait sans doute la meilleure chance, si ce n’est la seule, pour la bourgeoisie de torpiller l’initiative pour le remboursement des soins dentaires.

C’était sans compter sur la droite vaudoise, pour qui même le progrès social le plus infime est déjà inadmissible, et qui s’est employée à vider le contreprojet de sa substance. Avec des arguments ridicules : l’initiative coûterait de l’argent ; il s’agirait d’une « politique de l’arrosoir » ; et surtout, la santé dentaire serait une question de « responsabilité individuelle », donc, les gens n’auraient qu’à se débrouiller ; mais de toute façon ce ne serait pas un problème, puisque, paraît-il, le fait de devoir payer de sa poche n’aurait pas d’influence sur la fréquence des visites chez le dentiste (et qu’importe que les faits, ou la simple évidence, disent le contraire !). Les dentistes ont également fait un lobbying intense pour tenter de prouver que rembourser les soins dentaires serait une très mauvaise idée, puisqu’ils n’auraient absolument rien avoir avec les domaines couverts par la LAMal (on ne voit vraiment pas pourquoi). Il n’est que trop évident que la seule motivation derrière cette démagogie est la crainte de ne plus pouvoir appliquer des tarifs complétement et scandaleusement surévalués si ceux-ci devaient être contrôlés par une assurance sociale chargée de rembourser les soins dentaires. Bien entendu, les représentants des dentistes jurent la main sur le cœur qu’il ne s’agit pas de cela, qu’il n’est nullement question de défendre un privilège, mais un « système libéral » (n’est-ce pas la même chose ? il ne s’agit en tout cas nullement du bien des patients)

Le résultat de ces manœuvres d’obstruction étant que le Grand Conseil vaudois a fini par n’adopter aucun contreprojet. Le peuple votera donc sur la seule initiative, qui bénéficiera du soutien du Conseil d’Etat, bien que celui-ci ait une majorité de droite. L’initiative a ainsi de bonnes chances d’être acceptée par le peuple, puisqu’il est évident à quiconque n’a pas les moyens de porter une Patek Philippe au poignet qu’il s’agit d’une véritable urgence sociale. Les tarifs des dentistes sont à l’évidence hors de portée pour les classes populaires, qui bien souvent renoncent à se faire soigner les dents (ce que toutes les statistiques démontrent), avec des conséquences parfois graves sur la santé bucco-dentaire, et la santé en général.

A Genève, le Grand Conseil s’est donné un délai jusqu’au mois de septembre 2018 pour tenter d’élaborer un contreprojet à notre initiative. Vu la composition du Grand Conseil et du Conseil d’Etat genevois, il est encore moins probable qu’il en sorte quoique ce soit que ce ne fut le cas dans le canton de Vaud. Il est vrai par contre que cela renvoie l’inévitable échéance de la votation populaire après les élections cantonales (nous ne doutons pas d’ailleurs qu’il s’agisse là de la principale motivation de la droite genevoise ; en effet, faire campagne contre une initiative aussi évidemment indispensable n’est pas électoralement très vendeur).


Une éventuelle – et très probable – acceptation de l’initiative pour le remboursement des soins dentaires par les citoyens vaudois le 4 mars aurait, quoi qu’il en soit, un impact sur toute la Suisse, et serait un pas décisif vers un nouveau progrès social dans notre pays.

11 novembre 2017

Discours à l'occasion du 9 novembre 2017



Chères et chers camarades,

Le 9 novembre 1932, c’était il y a 85 ans déjà. Le Conseil d’Etat de la République et canton de Genève, de droite, faisait alors intervenir l’armée, encadrée par des officiers d’extrême-droite, pour défendre contre une manifestation antifasciste un meeting, ou plutôt une « mise en accusation publique des sieurs Léon et Nicole », dirigeants du Parti socialiste, organisée par le parti ouvertement nazi Union nationale, avec à sa tête l’antisémite notoire Géo Oltramare, avec lequel la droite genevoise de l’époque n’avait aucun scrupule de faire alliance pour disposer d’une majorité au Grand Conseil, pas seulement par opportunisme, mais parce qu’elle n’était pas loin de partager ses idées. L’armée allait recevoir l’ordre criminel de tirer, faisant ainsi treize morts.

La droite genevoise d’aujourd’hui prétend qu’il s’agit de faits appartenant à un passé lointain, que le monde aurait bien changé, et qu’ils n’auraient plus guère de rapport avec les enjeux de nos jours. Il est vrai que cette droite a tout intérêt à oublier, et surtout, à faire oublier, son passé. Car il n’a rien de très glorieux.
Qu’était ce parti, l’Union nationale, pour protéger lequel le Conseil d’Etat a donné l’autorisation de tirer à balles réelles ? On trouve par exemple dans « le Pilori », journal de l’Union nationale, ceci :
« Vous n’avez plus le droit d’être aveugles. Vous ne pouvez plus refuser les vérités que nous vous apportons. Il faut vous réveiller, montrer que vous avez du sang dans les veines. La Suisse nous regarde, c’est de Genève que partira la contre-révolution. Suivez-nous dès à présent. Vous serez forcés tôt ou tard de nous suivre pour défendre vos biens et vos territoires. Si vous ne votez pas pour nous aujourd’hui, avec des bulletins de vote, demain, fatalement, vous serez à nos côtés à coup de fusil contre la crapule »
Voilà les gens que le Conseil d’Etat entend protéger ! Rappelons que pour ce parti ouvertement fasciste, Jacques Dicker et Léon Nicole n’avaient pas seulement le tort d’être socialiste, mais aussi le fait d’être juif d’origine ukrainienne dans le cas du premier, et vaudois, donc « étranger » à Genève d’après la mentalité de l’extrême-droite d’alors, dans le cas du second.
La droite « respectable », radicale et libérale, ainsi que la presse bourgeoise « traditionnelle » et « républicaine », n’avaient-elles rien à voir avec cet hitlérisme local ? Loin s’en faut. A titre d’exemple, citons les propos suivants parus dans le Journal de Genève du 24 avril 1936:
«Dicker, c'est un être unique. Un spécimen exclusif. Une classe d'hommes à lui tout seul. A son endroit, une regrettable erreur de manœuvre fut commise. On s'est contenté de le naturaliser. C'est l'empailler qu'il eût fallu.»
«Son ombre plane sur toutes les entreprises de la Sociale et son nez se dessine eu filigrane dans le papier où s'imprime Le Travail ....
« Son activité est prodigieuse. C'est lui qui a imposé le yiddish comme langue officielle au Grand Conseil.»
«Dicker n'est pas heureux. Une ambition secrète le dévore. Il rêve d'un grand gouvernement de front commun. Son ami Nicole en aurait été la tête, comme l’autre Léon, Léon Blum et lui Dicker, toujours dans la coulisse, détiendrait le pouvoir effectif comme fait M. Jules Moch, secrétaire général de la présidence. Consolons Maître Jacques. Son rêve est au cinquante pour cent réalisé. Léon Nicole n'est pas Léon Blum, sans doute. Mais Dicker est Moch, incontestablement.»
On trouve des propos similaires, dignes du Völkischer Beobachter, dans d’autres titres de la presse bourgeoise de ces années, qui présentait une certaine uniformité, tirant sur le brun. C’est quelque chose qu’on a des fois tendance à oublier. Alors qu’il ne faudrait surtout jamais faire cette erreur.  Comme l’avait dit Karl Marx « Celui qui ne connaît pas l’histoire est condamné à la revivre ».
Géo Oltramare, lui, travaillera pour l’occupant nazi en France, éditant un journal et des émissions à la radio, pour diffuser une propagande antisémite d’une violence inouïe. Il sera condamné en 1947 à trois ans de prison par la justice fédérale pour haute-trahison envers la Suisse, en sa qualité d’agent du régime hitlérien. Il sera aussi condamné à la peine de mort, par contumace, en 1950, par la justice française. Il s’échappera vers l’Espagne de Franco, pour poursuivre son œuvre infâme. Tel est l’homme pour lequel la droite genevoise eut une complaisance sans failles.

Mais la droite aurait-elle véritablement changé depuis cette époque, devenant authentiquement « moderne » et « démocratique », n’ayant plus rien en commun avec ses tentations brunâtres passées ? La première chose à dire c’est que la « modernité » telle que la conçoit la droite ressemble avant tout…au passé. Cette semaine, l’USAM a proposé de « flexibiliser » et de « moderniser » le droit du travail suisse, déjà particulièrement libéral, pour porter la semaine de travail…à 50 heures ! Leur « modernité » ressemble à s’y méprendre au XIXème siècle. Leur droit du travail « moderne » et « flexible », c’est celui de l’Angleterre décrite dans le Capital de Marx, ou du Second Empire, telle qu’on le lite dans les romans d’Emile Zola.

Quant à l’extrême-droite, elle est plus que jamais là. On a beaucoup parlé, à juste titre, de l’Amérique de Trump, où les suprématistes blancs relèvent comme jamais avec insolence la tête, ne voyant plus même le besoin de dissimuler leur visage sous une cagoule, convaincus qu’ils sont d’avoir le soutien au somment de l’Etat, si bien que même un homme comme Georges W. Bush a pu apparaître presque sympathique, se sentant obligé de se dissocier de l’actuel locataire de la Maison blanche. On a beaucoup parlé aussi des récentes élections autrichiennes, du FN au deuxième tour…mais il ne faudrait pas oublier que le modèle de bien des partis d’extrême-droite en Europe n’est rien d’autre que le premier parti suisse, qui non seulement siège au Conseil fédéral, mais a réussi à imposer au PLR et au PDC ses idées rétrogrades et xénophobes, et à les faire largement passer dans la loi fédérale. Malgré sa démagogie spéculant hypocritement sur la « démocratie » et le « peuple » cette même alliance droite et extrême-droite a mise en place des lois de plus en plus liberticides, menaçant gravement les libertés démocratiques les plus fondamentales. Le droit de manifester notamment est de plus drastiquement restreint. Si la loi sur les manifestations genevoise, portée par l’actuel procureur général Olivier Jornot avait été transposée, par exemple, par le Venezuela, la presse de chez nous n’hésiterait pas à dire que cela prouve qu’il s’agit d’une « dictature ». Le climat politique en Occident n’est certes pas encore aux années trente, mais en sommes nous si loin ?


Aussi, ce 9 novembre 2017, nous n’avons pas seulement un devoir de mémoire pour les événements d’il y a 85 ans, mais surtout celui d’en tirer les leçons. Seul un front populaire uni peut, alors comme maintenant, arrêter la menace fasciste. On ne peut le faire qu’en combattant sans concessions non seulement l’extrême-droite, mais aussi la droite « républicaine », qui n’a jamais hésité à « choisir Hitler plutôt que le front populaire ». Comme l’avait dit Che Guevara « le présent est fait de luttes, l’avenir nous appartient ».

La Révolution d’Octobre et nous



Il y a cent ans jour pour jour, les ouvriers et soldats de Petrograd prenaient le Palais d’Hiver, renversant un gouvernement provisoire bourgeois, qui de toute façon n’était plus en mesure de gouverner quoi que ce soi. En même temps, se réunissait le IIème Congrès Panrusse des Soviets, dont la majorité décida d’instaurer un nouveau pouvoir, sans équivalent par le passé, le pouvoir soviétique, un Etat ouvrier et paysan, et donner naissance par ce fait à la plus grande révolution de tous les temps, la Grande Révolution Socialiste d’Octobre, l’événement sans conteste le plus important du siècle, et sans doute du millénaire.

Aujourd’hui, nous commémorons le centenaire de cet événement si important et fondateur, tout particulièrement dans l’Histoire de notre Parti – non pas bien sûr que le Parti du Travail ait jamais été, en quelque sorte, un modèle d’importation soviétique, car, faut-il le rappeler, le mouvement ouvrier et socialiste suisse a des racines beaucoup plus anciennes que 1917, et fait intégralement partie de l’histoire de notre pays, n’en déplaise à l’idéologie dominante – mais incontestablement un événement sans lequel notre Parti n’aurait jamais été ce qu’il est, ni obtenu les victoires bien réelles qu’il a obtenu.

Cette célébration aurait pu avoir lieu dans des conditions plus réjouissantes. L’Etat né de la Révolution, comme tant d’autres pays socialistes, aurait très bien pu, et dû, toujours exister à ce jour ; car, quoi que l’en dise la propagande bourgeoise, sa disparition n’était en rien fatale, le socialisme n’était nullement en crise dans les années 80, et, si les problèmes étaient bien réels et sérieux, ils n’avaient rien qui ne pût être surmonté. Mais il se fait que le socialisme put être renversé en URSS pour être remplacé par un capitalisme sauvage et désespérant, et ni la clique liquidationiste de Gorbatchev, ni la bande mafieuse de Eltsine n’ont rencontré de résistance digne de ce nom, du moins avant qu’il ne soit trop tard. Un processus similaire s’est produit dans la plupart des pays naguère socialistes. Les quelques Etats socialistes qui restent sont réduits à tenir bon face à l’impérialisme, au prix des pires difficultés, ou bien se sont engagés dans la voie de la « réforme et de l’ouverture », d’un « socialisme de marché » dont le caractère socialiste n’est pas toujours évident. Si la vague néolibérale est un peu moins triomphante que dans les années nonante, son hégémonie reste quasi-entière. Et les processus révolutionnaires en Amérique latine, qui ont suscité tant d’espoirs sont actuellement en difficulté. Une situation qui n’est guère réjouissante pour les communistes que nous sommes.

C’est de cet état de fait que nous devons partir. Certes, la première expérience socialiste de l’histoire connut une trajectoire compliquée et contradictoire, ainsi qu’une fin tragique. Cette réalité, qui est indéniable, n’est pourtant pas une raison pour nous en détourner, pour, en quelque sorte, brûler ce que nous avions adoré. Que le socialisme ayant réellement existé ait été bien en deçà de ce dont avaient rêvé les socialistes du XIXème siècle, ce n’est pas une raison pour s’en distancier, ou affirmer qu’il ne s’agissait pas du « véritable socialisme » – du reste, s’attendre à ce que l’histoire réelle se déroule exactement telle qu’on la prévu théoriquement, ce serait une bien étrange hypothèse pour un marxiste. Il faut en effet inscrire tout d’abord ce socialisme dans son contexte historique. Nous pouvons prendre comme préalable méthodologique les mots suivants de Rosa Luxemburg :

« Il est clair que seule une critique approfondie, et non pas une apologie superficielle, peut tirer de tous ces événements les trésors d’enseignement qu’ils comportent. Ce serait en effet une folie de croire qu’au premier essai d’importance mondiale de dictature prolétarienne, et cela dans les conditions les plus difficiles qu’on puisse imaginer, au milieu du désordre et du chaos d’une conflagration mondiale, sous la menace constante d’une intervention militaire de la part de la puissance la plus réactionnaire d’Europe, et en face de la carence complète du prolétariat international, ce serait une folie, dis-je, de croire que, dans cette première expérience de dictature prolétarienne réalisée dans des conditions aussi anormales, tout ce qui a été fait ou n’a pas été fait en Russie ait été le comble de la perfection. Tout au contraire, la compréhension la plus élémentaire de la politique socialiste et de ses conditions historiques nécessaires oblige à admettre que, dans des conditions aussi défavorables, l’idéalisme le plus gigantesque et l’énergie révolutionnaire la plus ferme ne peuvent réaliser ni la démocratie ni le socialisme, mais seulement de faibles rudiments de l’une et de l’autre ».

Rosa Luxemburg écrivait ce qui précède en 1918. Les années suivantes, c’est bien plus que des rudiments de socialisme qui furent réalisés, et il convient de reconnaître que, malgré tout, les réalisation du système socialiste né de la Révolution d’Octobre furent remarquables. Il n’est guère possible de retracer en quelques mots 70 ans d’histoire, mais on peut néanmoins en souligner quelques aspects particulièrement importants.


Les premières années de la Révolution, un défi impossible et pourtant relevé

Il faut en effet, pour commencer, rappeler de quelles conditions historiques bien précises est née la Révolution d’Octobre. La Révolution d’Octobre est née avant tout de la guerre impérialiste la plus sanglante, la plus totale, que l’humanité ait connu jusque là, la Première Guerre mondiale. Elle a eu lieu dans un pays globalement arriéré, quasi moyenâgeux, mais aussi une puissance industrielle, localisée dans quelques grandes villes, soumis à une autocratie anachronique en plein XXème siècle. Elle est née de toutes ces contradictions, qui faisaient à ce moment de l’Empire vermoulu des tsars le maillon faible de la chaîne de l’impérialisme mondial, mais aussi de la conjonction d’une classe ouvrière combative et concentrée dans les grandes villes, et d’un parti d’un type nouveau, le seul parti de la IIème Internationale qui s’est révélé à la hauteur de sa tâche envers l’Histoire, le Parti bolchevik, fondé et dirigé par Lénine.

La Révolution de Février avait certes balayé l’autocratie d’un tsar dont personne ne voulait plus, avait fait de la Russie le « pays le plus libre d’Europe » et fait naître une dualité de pouvoirs entre un gouvernement provisoire bourgeois – qui, entre parenthèses, ne pouvait se prévaloir d’aucune base légale, ni d’aucune assemblée parlementaire – et des Soviets, embryon d’un Etat nouveau, d’une démocratie authentiquement populaire. Mais elle n’avait résolu aucun des problèmes les plus pressants du pays. Le gouvernement provisoire avait l’intention de continuer une guerre impérialiste perdue d’avance. Il envoyait de ce fait à la mort des centaines de milliers de soldats russes. C’est quelque chose qu’il ne faut pas oublier lorsque l’on parle un peu trop facilement de la violence de la guerre civile et du régime mis en place après la Révolution d’Octobre. Ce même gouvernement n’avait pas plus l’intention de procéder à des réformes économiques dans l’intérêt des travailleurs, ni à une réforme agraire, pourtant urgente. La solution de ces problèmes était renvoyée à une « Assemblée constituante », sans délai précis, pour ainsi dire aux calendes grecques. Pendant ce temps, la situation se dégradait à toute vitesse sur le front comme à l’arrière. La défaite et la famine étaient imminentes. Les « socialistes modérés », mencheviks et SR, n’avaient d’autre programme qu’un soutien vaguement critique au gouvernement. Autant dire qu’il n’y avait rien à attendre d’eux. La seule issue de cette politique n’était pas une république parlementaire bourgeoisie et vaguement social-démocratisante, mais la défaite face à l’Allemagne, la désintégration de la Russie, et sans doute son partage colonial futur entre les grandes puissances impérialistes.

Dans cette situation à la fois dramatique et pourtant ouverte sur l’avenir, Lénine eut le grand mérite de formuler la seule solution révolutionnaire qui s’imposait dans ses fameuses Thèses d’Avril. La cohérence et la combativité des bolcheviks, leurs mots d’ordre justes, « Pour la paix immédiate », « Pour le pouvoir des Soviets », « Pour la terre aux paysans », « Pour les fabriques aux ouvriers », leur gagnèrent le soutien des masses, pendant que les mencheviks et les SR le perdaient. A la veille de la Révolution d’Octobre, les bolcheviks étaient de fait majoritaires dans tous les soviets urbains. La Révolution d’Octobre, loin de n’être qu’un coup d’Etat de quelques conspirateurs, était la réalisation de la volonté d’une grande majorité d’ouvriers, de paysans pauvres et de paysans portant l’uniforme. Ses décrets et son gouvernement d’un type nouveau, le Conseil des commissaires du peuple, furent votés par une instance démocratique et représentative des classes populaires russes, le IIème Congrès panrusse des Soviets. Elle avait donné au pays une assemblée parlementaire au moins aussi représentative et démocratique que l’éphémère Constituante qu’il fallut dissoudre : le Comité central exécutif pan soviétique, le VTSIK.

Mais le nouveau pouvoir révolutionnaire fut placé à la tête d’un pays en plein effondrement. La paix de Brest Litovsk, malgré ses conditions léonines (et qui l’auraient été moins si Trotski avait su s’en tenir aux directives reçues), était une nécessité absolue pour donner à la Révolution un répit sans lequel elle n’aurait pas survécu. Malgré cela, le pouvoir soviétique dut vite faire face à une guerre civile atroce et impitoyable, déchaînée par les anciennes classes possédantes renversées, ce avec une aide colossale de toutes les puissances impérialistes coalisées – en effet, sans l’intervention étrangère, la guerre civile se serait terminée en 1918 déjà, au début 1919 au plus tard, et le système soviétique aurait pu s’édifier dans de bien meilleures conditions. Si les bolcheviks se retrouvèrent parti unique à la tête du pays, ce n’est point de leur volonté, mais parce tous les autres partis « socialistes » se retournèrent contre le pouvoir soviétique, et bien souvent prirent fait et cause pour les généraux tsaristes.

Le pouvoir bolchevik dut prendre des mesures drastiques pour faire face à une situation désespérée, appliquer de façon extrêmement stricte et généralisée la loi martiale. Mais il s’agissait d’une nécessité absolue, faute de quoi la Révolution aurait péri de la main des aventuriers blancs vendus à l’impérialisme. Comme le dit Rosa Luxemburg dans le texte cité précédemment : « La révolution russe n’a fait que confirmer par là l’enseignement fondamental de toute grande révolution, dont la loi est la suivante : ou aller de l’avant rapidement et résolument, abattre d’une main de fer tous les obstacles, et reculer ses buts de plus en plus loin, ou être rejetée en arrière de son point de départ et écrasée par la contre-révolution. S’arrêter, piétiner sur place, se contenter des premiers résultats obtenus, cela est impossible dans une révolution. Et quiconque veut transporter dans la tactique révolutionnaire ces petites habiletés de la lutte parlementaire, montre uniquement qu’il ignore non seulement la psychologie, la loi profonde de la révolution, mais encore tous les enseignements de l’histoire ».
La guerre civile fut enfin gagnée, mais le pays était dévasté, ruiné, en proie à la famine. Les duretés de la guerre, les nécessités de la loi martiale, la ruine généralisée avaient fini par avoir raison de la démocratie au sein des Soviets, et de la mise en place d’une direction verticale et autoritaire, que les rigueurs de la situation imposaient. Mais un Etat ouvrier et paysan, ayant comme objectif la construction du socialisme, existait désormais. Si la trajectoire qu’il suivit fut bien plus douloureuse et sinueuse qu’on n’aurait pu l’escompter, ce n’est pas sans rapport avec les conditions atroces dans lesquelles il prit naissance, et qui restèrent plus que précaire, malgré un certain rétablissement apporté par la NEP. Ses succès n’en furent que plus remarquables.

La Révolution d’Octobre et l’édification du socialisme

Le premier et incontestable succès du pouvoir né de la Révolution d’Octobre est d’avoir pour la première fois dans l’histoire édifié une société socialiste, malgré un retard initial abyssal du pays, dans une situation d’encerclement impérialiste et de menace permanente de guerre, à un rythme record. Lorsque les anticommunistes prétendent que le socialisme serait économiquement « inefficace », il convient de leur opposer ce succès spectaculaire. Il faut rappeler aussi que l’URSS bénéficia d’une croissance économique importante jusqu’aux années 80. Si elle accusa ensuite un ralentissement, c’est que des réformes étaient nécessaires, mais justement du fait du progrès économique, parce que l’économie soviétique avait atteint un niveau qualitativement supérieur, si bien que les mécanismes mis en place dans les années 30 étaient désormais devenus inadéquats. Si des Soviétiques pouvaient considérer, à juste titre sans doute, qu’ils manquaient de biens de consommations et que leur niveau de vie était insuffisant, il faut pourtant comparer leur situation dans les années 80 non pas à celle des puissances impérialistes qui ont pu piller la moitié du globe pendant des siècles, mais à la misère généralisée régnant dans l’empire tsariste.

L’édification du socialisme permit également de mettre en place une protection sociale complète et généralisée, ainsi que des droits sociaux étendus, ce dès les années trente, à une époque où l’URSS était encore un pays peu avancé. La Suisse prospère de nos jours est très loin, niveau social, de l’ex URSS. Si l’on doit sans doute admettre les conclusion du XXème Congrès du PCUS au sujet du « culte de la personnalité » et des « violations de la légalité socialiste », il ne faudrait pas oublier pour autant que c’est durant le mandat de Staline que le socialisme fut édifié, et que les droits économiques et sociaux sont devenus réalité .Sans l’exemple que constituait le socialisme soviétique, il va de soi, qu’aucune protection sociale n’aurait été concédée par la bourgeoisie des pays capitalistes. La disparition du camp socialiste a en revanche favorisé la contre-offensive néolibérale de nos jours.

La Révolution d’Octobre et la démocratie

Les anti-communistes, ouvertement de droite ou de « gauche » croient généralement avoir réfuté les idées de Lénine, si ce n’est le socialisme en tant que telle, en affirmant que la Révolution d’Octobre et l’Etat auquel elle a donné naissance n’ont pas été « démocratiques », alors qu’aucun progrès ou socialisme digne de ce nom ne saurait se concevoir sans « démocratie » (démocratie pure, telle une idée platonicienne, conçue in abstracto et devant être instanciée dans la réalité, sans guère s’embarrasser de concrétude historique). Il y a là un double mensonge, tant pour ce qui concerne le socialisme réel, que les « démocraties occidentales », libérales ou social-démocrates.

Car le caractère démocratique ou non, ou plus ou moins démocratique, d’une société, ne se mesure pas à l’aune d’une conception idéalisée qu’elle se fait d’elle-même, ou que des idéologues en font, avec plus ou moins d’honnêteté, mais d’après la réalité de l’histoire. Or, si on daigne prendre en compte de simples faits que l’historiographie dominante voudrait oublier, tous les pays de la planète sans exception d’avant 1917 ne pouvaient que très difficilement être qualifiés de « démocratiques », d’après ce qu’on entend prima facie par « démocratie », et qui est sensé être universelle. Car même les pays les plus démocratiques de ce temps étaient marqués par une triple limitation, comme le montre Domenico Losurdo : de nationalité, de sexe et de classe.

La limitation de nationalité d’abord. Les démocraties libérales du XIXème siècles étaient, pour les plus significatives d’entre elles, des empires coloniaux, des Etats explicitement fondés sur la discrimination raciale, des « démocraties », mais pour le peuple des seigneurs, au prix de la privation de toute démocratie, de tous droits de ceux qui n’en font pas partie. La déclaration d’indépendance des USA, malgré toutes ses belles paroles, était ainsi rédigée par des propriétaires d’esclaves. Les partis de la IIème Internationale se montrèrent plus qu’ambigus sur la question. Ils comprenaient une très importante aile droite ouvertement pro-coloniale, et ne s’opposaient pour le moins de façon guère systématique au colonialisme. Eduard Bernstein, par exemple, le théoricien par excellence du réformisme, s’il prônait la démocratie et le progrès social pour les Allemands, et s’indigna des entorses commises par les bolcheviks envers les principes démocratiques, n’en refusait pas moins tout droit démocratique aux habitants des colonies, pas assez « civilisés » à ses yeux, et soutenait la politique coloniale de Guillaume II. Social-démocratie, mais pour le peuple des seigneurs !

Pour la deuxième limitation, il convient de rappeler que l’Occident libéral considérait tout à fait dans l’ordre des choses que la moitié de l’humanité, les femmes, soit privée de droits politiques, et souvent de droits civils, réduite à un état de minorité juridique. Une limitation qui resta en vigueur jusqu’à 1945 dans la plupart des pays capitalistes, et beaucoup plus longtemps dans la libre et démocratique Suisse…

Enfin, la démocratie libérale était conçue par ses premiers théoriciens explicitement comme une démocratie pour les propriétaires, une démocratie seulement pour les riches, et leur domination despotique sur le reste de la population. Seules les luttes de la classe ouvrière parvinrent à faire reculer, malgré une opposition farouche de la bourgeoisie et des libéraux, le régime du suffrage censitaire. A l’aube de la Première Guerre mondiale, peu de pays démocratiques étaient dotés du suffrage universel, et les vestiges du régime censitaire étaient très nombreux. La Suisse disposait certes du suffrage universel depuis 1848, mais par contre on considérait comme normal de faire tirer l’armée à balles réelles pour réprimer les grèves. Et n’oublions pas que toute démocratie s’arrête à la porte des entreprises, ou la dictature patronale est de rigueur…

A ces trois égards, la Révolution d’Octobre représenta un progrès démocratique décisif. Tout d’abord en proclamant l’égalité et l’amitié entre les peuples, en appelant les peuples soumis au joug colonial à se révolter contre l’impérialisme qui les oppresse. La IIIème Internationale eut un effet incontestablement positif en formant les partis communistes à un anti-impérialisme et un anticolonialisme sans concessions. Sans ce rayonnement des idées d’Octobre, sans une aide multiforme et concrète de l’URSS aux mouvements de libération nationale, les empires coloniaux et la ségrégation raciale seraient toujours en place de nos jours. La Révolution d’Octobre est celle qui rendit les révolution suivantes possibles. De même pour les droits des femmes. Certes l’égalité est loin d’être réalisée à ce jour, en Suisse comme ailleurs. Mais les pas importants accomplis en ce sens ne l’auraient jamais été sans la proclamation de cette égalité dans la loi soviétique dès la Révolution, sans tous les efforts du pouvoir soviétique pour une émancipation réelle des femmes. Enfin, étant officiellement un Etat ouvrier et paysan, l’Union soviétique accorda aux travailleurs des droits inimaginables auparavant. Si la démocratie y était souvent formelle, dans les entreprises en revanche les ouvriers jouissaient de droits inenvisageables dans un pays capitaliste. A ce niveau non-plus, la bourgeoisie n’aurait jamais fait les concessions qu’elle dût faire si le socialisme n’avait pas été une réalité pour un tiers de la population mondiale à son apogée.

L’héritage d’Octobre aujourd’hui

Le socialisme soviétique était certainement marqué par des insuffisances et des déformations bien réelles, qu’on doit bien reconnaître, dont beaucoup était dû à un très lourd héritage du passé, d’autres aux erreurs des directions soviétiques. Mais il faut aussi tenir compte du fait que c’était la première tentative de l’histoire de faire quelques chose de radicalement neuf, sans aucun précédant : l’édification d’une société neuve, débarrassée de l’oppression de classe, plus solidaire et plus humaine. Cette toute première tentative ne pouvait pas échapper à des graves insuffisances. Notamment en ce qui concerne des lacunes importantes en matière de démocratie – problème qui ne fut jamais résolu – et désintérêt pour les droits politiques « formels » ou « bourgeois ». Ce sont des leçons à prendre en compte. Ce sont aussi des facteurs qui ont facilité l’action de la clique gorbatchévienne, et permis qu’une Perestroïka, commencée sous le patronage de Lénine et au nom de l’amélioration du socialisme, dérive vite vers sa liquidation. Cette évolution était rendue possible par les contradictions objectives existant dans la société soviétique, mais n’était en rien fatale, et aurait pu être évitée.


Bien d’autres révolutions ont eu lieu depuis 1917, chacune présentant des spécificités et apportant des idées, conceptions théoriques et formes nouvelles, qui n’auraient pu être prévu auparavant. De fait, la diversité des voies d’accès au socialisme a été reconnue, et de nouvelles possibilités rendues concevables. Mais il est vrai de dire que toutes ces révolutions n’auraient pas été rendues possibles sans la Révolution d’Octobre. Il est vrai aussi que la Révolution d’Octobre a somme toutes permis l’édification d’une société nouvelle, qui malgré ses insuffisances, a permis des progrès extraordinaires, et par delà l’anticipation d’un avenir plus juste et plus solidaire. Nous n’avons pas à la renier. De nos jours, lorsque seulement 8 personnes possèdent autant que les 50% les plus pauvres de la planète, que le capitalisme rend le monde de plus en plus inhumain, et conduit fatalement l’humanité à sa disparition prochaine, les idées d’Octobre sont plus indispensables que jamais. Comme l’a dit Jean Jaurès : « L'Histoire enseigne aux hommes la difficulté des grandes tâches et la lenteur des accomplissements, mais elle justifie l'invincible espoir. »