11 décembre 2016

Fidel Castro n’est plus, mais son nom et son œuvre demeurent immortelles



Le 25 novembre, à 22h29, le mouvement communiste international a perdu l’un de ses membres les plus éminents. Fidel Alejandro Castro Ruz, leader historique de la Révolution cubaine, ancien Premier secrétaire du Parti Communiste de Cuba, nous a quitté. L’Empire aura tenté de l’assassiner à plus de 600 reprises. C’est à l’âge vénérable de 90 ans qu’il aura finalement quitté ce monde, invaincu. La Révolution cubaine qu’il avait dirigé et incarné avec honneur se dresse toujours inébranlable. Une petite île aura réussi à tenir bon, seule où presque, à 150 km à peine au large des côtes du plus puissant et despotique empire que la planète ait jamais connu. Toutes les tentatives des Etats-Unis de briser la Révolution cubaine, que ce soit par l’invasion, par le terrorisme, par un blocus criminel et assassin, par des manœuvres de déstabilisation, par la propagande, par des tentatives d’infiltration…se seront révélées infructueuses.

Les réactionnaires du monde entier se sont empressés de se réjouir de la mort de Fidel, montrant une fois de plus toute leur abjection et leur immoralité. Les médias bourgeois rivalisent de propagande mensongère et de spéculations ridicules sur la supposée chute prochaine du « régime » (bizarrement, on n’en n’a pas entendu la moitié du quart de semblables propos à la mort du défunt roi Abdallah…). Mais tous les communistes, et tous les progressistes authentiques, tous les peuples épris de liberté (qui ne peut se limiter aux libertés formelles bourgeoises si elle veut être une liberté authentique) et de justice sociale savent qui était Fidel et quels étaient ses incontestables mérites révolutionnaires. Partout sur la planète, toute l’humanité progressiste lui a rendu un digne hommage. A Genève aussi, une soirée en la mémoire de Fidel – et ce n’était pas leu seul événement qui lui fût consacré – eut lieu dans les locaux du Parti du Travail, dans la salle du Cercle du Mail, qui était pleine à craquer.

Une vie au service de la Révolution

Fidel Castro est né à Biran, le 13 août 1926 et étudie le droit à l’université de la Havane. Durant ses études, il commence à participer au mouvement révolutionnaire contre la dictature de Fulgencio Batista, à la botte les Etats-Unis. C’était une sombre époque, où Cuba vivait, depuis qu’elle s’était libérée de la couronne espagnole, sous une domination néocoloniale implacable des USA. Le pays était sous la coupe de régimes mafieux et compradore, où une petite minorité de collabos de l’Empire s’enrichissaient honteusement sous le dos d’une population condamnée à la misère la plus absolue. Le joug néocolonial n’aura pas été moins écrasant que celui de l’Espagne coloniale. Cuba ne connut aucun développement économique avant la Révolution. En cette sombre époque, la future Île de la liberté pouvait être hélas qualifiée de « bordel des Etats-Unis».

Le 26 juillet 1953, il dirige un groupe de révolutionnaires qui lance une attaque sur la caserne de Moncada avec l’objectif d’inciter le peuple cubain à se soulever contre la dictature. La tentative échoue et, ainsi que ses camarades, il est arrêté, faisant du 26 juillet le début du grand soulèvement populaire contre le régime dictatorial de Fulgencio Batista.

Face à ses accusateurs, le 6 octobre 1953, dans la salle d’audience du tribunal de Santiago-de-Cuba, Fidel Castro déclare : « Je sais que l’emprisonnement sera plus difficile pour moi qu’il ne l’a jamais été pour quiconque, rempli de lâches menaces et d’une cruauté hideuse. Mais je ne crains pas la prison, comme je ne crains pas le tyran qui a pris la vie de 70 de mes camarades. Condamnez-moi ! Cela n’a pas d’intérêt ! L’histoire m’acquittera ! ». Le tribunal le condamne à 15 ans de prison.

Le 15 mai 1955, Castro est libéré et au début du mois de juillet il part pour Mexico où il organise et entraîne militairement un groupe de révolutionnaires. De ces rangs émergent les futurs grands leaders de la révolutionne cubaine, comme Camillo Cienfuegos, Juan Almeida et Ernesto Che Guevara.


Les révolutionnaires débutent leurs actions dans les montagnes de la Sierra Maestra. L’armée révolutionnaire s’appuie sur le travail politique réalisé par des organisations comme le Mouvement du 26 juillet, le Parti Populaire Socialiste ainsi que l’Organisation Révolutionnaire Etudiante. Ces organisations peuvent compter sur des forces organisées dans les villes ainsi que sur l’intervention clandestine des communistes dans les entreprises, dans les exploitations agricoles ainsi que dans la jeunesse. Cette préparation de la classe ouvrière et des autres couches populaires a contribué de façon décisive à l’issue victorieuse de la lutte révolutionnaire. Toutes ces forces se sont ensuite réunies dans les Organisations Révolutionnaires Intégrées (ORI), ce qui mènera à la reconstitution du Parti Communiste de Cuba en 1965.

Le 1er janvier 1959, la guérilla populaire cubaine entre triomphalement dans La Havane après la longue lutte du peuple cubain contre la dictature de Batista soutenue par les Etats-Unis. La révolution cubaine fait la démonstration que l’impérialisme n’est pas invincible. Elle reçoit immédiatement le soutien de l’Union Soviétique et des autres pays socialistes. En Suisse, le Parti du Travail fut le seul parti du pays à soutenir immédiatement la Révolution cubaine, alors que tous les partis gouvernementaux étaient totalement alignés sur la position des impérialistes. Nos camarades ont courageusement bravé la bourgeoisie et sa police, comme ils l’ont toujours fait au nom de la solidarité internationale avec tous les peuples en lutte pour leur libération et pour le socialisme.

Deux ans et quatre mois après la révolution, le peuple cubain, sous le commandement de Fidel lui-même, repousse l’invasion de 1 400 mercenaires envoyés par le gouvernement américain dans la Baie des Cochons.

Lors de l’immense manifestation du 16 avril 1961, à l’occasion des funérailles des victimes des raids aériens (juste avant le débarquement des mercenaires de la CIA), Fidel Castro proclame pour la première fois le caractère socialiste de la révolution. Pendant les décennies qui suivent, en tant que président de Cuba et dirigeant du Parti communiste, Fidel Castro dirige la lutte du peuple pour la construction du socialisme, dans le contexte difficile des agressions impérialistes et du blocus, aggravé après la contre-révolution en Union soviétique et dans les autres pays socialistes, dans les années 1989-1991.

La Révolution cubaine résiste lors de la grande débâcle de la fin des années 80, mais traverse une période difficile lorsqu’elle se retrouve isolée, privée du soutien d’un camp socialiste désormais disparu – la « période spéciale ». Mais, malgré des tentatives désespérées et délirantes de l’Empire de l’étouffer, elle tient bon. Actuellement, Cuba procède à un complexe ajustement de son modèle économique, dans le but d’améliorer son système socialiste et améliorer les conditions de vie de son peuple. Cet ajustement suppose la mise en place d’un « socialisme avec le marché », mais nullement d’un « socialisme de marché ». Quoiqu’en pensent les forces de la réaction qui prennent leurs désirs pour des réalités, Cuba n’a nullement l’intention de renoncer à sa révolution ni au socialisme.

Un héritage au service de la révolution

La Révolution cubaine, sous la direction de Fidel, a su construire une authentique société socialiste, qui a apporté à Cuba non seulement l’indépendance et la dignité, mais aussi des réalisations sociales extraordinaires étant données les circonstances : des conditions de vie garanties et correctes pour toutes et tous, une éducation et des soins médicaux gratuits et de qualité. Les agences onusiennes reconnaissent régulièrement ces réalisations remarquables. Il convient de rappeler que la mortalité infantile est moindre à Cuba qu’aux USA, et que l’espérance de vie y est supérieure. La Révolution cubaine a aussi toujours été à l’avant-garde de la solidarité internationale, avec attachement ferme aux principes internationalistes et abnégation. La conscience écologique est aussi bien plus réelle à Cuba que dans la plupart des pays où elle ne sert que de vernis verdâtre pour le système en place. Les réalisations pratiques de la Révolution cubaine, l’œuvre politique de Fidel, mais aussi ses écrits, restent pour nous une source d’inspiration. Ainsi que Fidel Castro l’a dit, le 1er mai 2000 :

« Révolution, cela veut dire avoir le sens du moment historique ; cela veut dire changer tout ce qui doit être changé ; cela veut dire l’égalité et la liberté pleines ; cela veut dire être traité soi-même et traiter autrui comme un être humain ; cela veut dire nous libérer par nous-mêmes et par nos propres efforts ; cela veut dire défier de puissantes forces dominantes dans l’arène sociale et nationale et au-dehors ; cela veut dire défendre des valeurs auxquelles on croit au prix de n’importe quel sacrifice ; cela veut dire modestie, désintéressement, altruisme, solidarité et héroïsme ; cela veut dire lutter avec audace, intelligence et réalisme ; cela veut dire ne jamais mentir, ne jamais violer de principes moraux ; cela veut dire conviction profonde qu’il n’existe pas de force au monde capable d’écraser la force de la vérité et des idées. Révolution, cela veut dire unité, cela veut dire indépendance, cela veut dire lutter pour nos rêves de justice en faveur de Cuba et en faveur du monde, qui est la base de notre patriotisme, de notre socialisme et de notre internationalisme. »

La force de la Révolution cubaine tient à ce qu’elle est toujours restée fermement fidèle à l’esprit révolutionnaire du marxisme, toujours mis en avant le dévouement aux idées communistes et valorisé l’élément moral ainsi que la mobilisation populaire, et n’a jamais sombré dans une torpeur révisionniste et technocratique qui a fini par avoir raison du PCUS. De ce fait, le socialisme et plus puissamment et plus profondément implanté à Cuba et y a des racines populaires plus solides que dans tant de pays socialistes qui ont sombré.

La mort d’un révolutionnaire constitue toujours une perte douloureuse et irremplaçable, mais elle ne signifie pas pour autant la mort de la révolution. La Révolution cubaine a su tenir bon, avec l’appui de son peuple, dans les pires épreuves. La disparition de son leader historique ne signifie nullement sa fin. La révolution va continuer à Cuba, et nous continuerons à la soutenir avec une détermination sans failles. Et l’œuvre et la pensée de Fidel seront toujours pour nous source d’inspiration.

Faire de 2017 une année digne de la Grande révolution socialiste d’octobre



L’année 2016 touche bientôt à sa fin. D’ici moins d’un mois commencera l’année 2017, qui marquera les cent ans de la Grande révolution socialiste d’octobre. Il semble que ce serait bien le moment pour prendre le temps de se réunir afin de faire un bilan du passé et de tracer des chemins pour l’avenir.

Justement, le Parti du Travail genevois, section genevoise du Parti Suisse du Travail, s’est réuni en Congrès cantonal ordinaire le samedi 19 novembre. Un Congrès, c’est l’instance suprême du Parti et le moment le plus important et le plus solennel de sa vie interne. C’est le moment pour faire le bilan du travail accompli en matière politique et organisationnelle. C’est aussi le moment de discuter et d’analyser ensemble les enjeux du présent afin de tracer la voie vers l’avenir. Un Congrès c’est aussi pour un parti communiste l’occasion de renforcer ses liens internationalistes avec d’autres partis communistes du monde dans une lutte commune contre l’impérialisme et le capitalisme, et pour le socialisme. Cette fois-ci, nous avons invité les organisations à l’étranger de partis communistes d’autres pays présents à Genève à assister à notre Congrès, dans la mesure où nous accordons beaucoup d’importance à l’internationalisme et à l’union internationale des travailleurs dans leur lutte commune. Nos camarades des du Parti communiste de Grèce (KKE), du Parti communiste portugais (PCP) et du Parti de la reconstruction socialiste de Turquie (SYKP) nous ont honoré de leur présence.

Le Congrès du 19 décembre s’est penché sur le travail accompli depuis le précédent Congrès, voici il y a deux ans, ce à travers les rapports statutaires, qui furent d’un haut niveau politique et donnèrent lieu à une discussion constructive et intéressante. Le Congrès a constaté que, même si les résultats sont toujours en-deçà des espérances que l’on pouvait avoir, somme toute le bilan du travail réalisé n’est pas mauvais et la reconstruction du Parti à plusieurs niveaux est bien réelle, ce qui n’empêche pas qu’il y ait de notables perfectionnements à faire dans différents aspects du travail du Parti.

Plus généralement, le Congrès a constaté que, même si nous vivons des temps de réaction, nous devons rester capables de voir dans les pires ténèbres l’étincelle de lumière qui pourrait devenir incendie. De fait, à défaut de révolutions victorieuses, nous pouvons constater l’impasse que représente un système capitaliste parvenu à un stade totalement réactionnaire et parasitaire de son développement, la prise de conscience diffuse qu’un tel système n’offre pas d’avenir et le mécontentement populaire grandissant, même s’il se traduit provisoirement de façon aberrante par le vote en faveur de démagogues de droite « antisystème » (système dont ils sont partie intégrante). C’est aux communistes d’apporter la seule alternative politique aux ténèbres existantes – le socialisme. A Genève aussi, notre Parti demeure plus indispensable que jamais.

Le Congrès a bien sûr été amené à aborder la question des élections cantonales de 2018 et a résolument pris position en faveur d’une liste unitaire sous le label d’Ensemble à Gauche et rassemblant toutes les forces politiques qui se positionnent résolument du côté des classes populaires et pour le progrès social. Le Parti du Travail entend néanmoins mener campagne, résolument pour l’union, mais sous son propre drapeau et en mettant en avant ses propres idées, de façon combative et résolument au service des aspirations populaires : contre la RIE III et les politiques d’austérité, pour la justice sociale, pour la défense des services publics.

Le Congrès a décidé d’ores et déjà de combattre résolument le vol des rentes que constitue le Paquet Berset, et de travailler à la préparation du lancement d’une initiative populaire fédérale élaborée par le Parti Suisse du Travail, et dont le but est de parvenir à un remplacement du système des trois pilier par un système de répartition intégrale assurant à toutes et tous des retraites dignes de ce nom.


Le Parti du Travail regarde l’avenir avec confiance, et est déterminé à faire en sorte que l’année 2017 marque un digne centenaire de la Grande révolution socialiste d’octobre.

09 décembre 2016

Discours prononcé lors du rassemblement du 01.12.16 en hommage à Fidel Castro




Chères et chers camarades,

Tout d’abord, je souhaiterais dire que c’est pour le Parti du Travail un honneur tout particulier que d’accueillir la présente commémoration dans nos locaux. Le Parti du Travail avait fait preuve envers la Révolution cubaine d’un soutien sans failles dès ses tous premiers jours et jusqu’à présent, de la même façon qu’il a soutenu tous les peuples en lutte pour leur libération et pour le socialisme. L’internationalisme a toujours fait partie de nos principes et c’est plus que jamais le cas aujourd’hui.

Avec la tragique disparition de Fidel, le mouvement communiste international a perdu l’un de ses membres les plus éminents. Fidel est à jamais entré dans l’histoire comme un grand révolutionnaire, qui aura dirigé une révolution victorieuse dans un petit pays situé aux portes mêmes de l’Empire, une révolution qui a réussi à y bâtir le socialisme et le défendre contre vents et marées, malgré toutes les tentatives de l’Empire de l’abattre, malgré un blocus criminel et assassin, qui aura tenu bon dans les circonstances les plus hostiles, et  dont les réalisations extraordinaires ne peuvent être sérieusement mis en doute par personne. Fidel nous aura aussi laissé – et ce jusqu’à ses derniers instants – nombre d’écrits remarquables de lucidité et de profondeur, et qui mériteraient d’être lus et étudiés avec attention.

Aujourd’hui, nous sommes là pour lui rendre un dernier hommage, mais aussi pour réaffirmer notre solidarité avec la Révolution cubaine et pour exiger la fin du blocus scandaleux et assassin mis en place par les USA, et qui, malgré les belles paroles de Barack Obama, est toujours en place. Nous nous insurgeons également contre les inadmissibles déclarations du nouveau président, élu mais pas encore entré en fonction, Donald Trump, qui se croit en droit de dicter ses conditions à un pays souverain. N’en déplaise à M. Trump, Cuba n’est pas une colonie des USA et ne le sera plus jamais.

La mort d’un révolutionnaire est toujours une perte douloureuse et irréparable, mais elle ne signifie pas pour autant la mort de la Révolution. La Révolution cubaine continuera son combat, tout comme nous continuerons à manifester notre solidarité avec elle.

Alexander Eniline