24 octobre 2016

Il y a 150 ans, début d’une nouvelle ère



Il y a 150 ans de cela, en 1866, le 3 septembre, à la Brasserie Treiber, aux Eaux-Vives, Rue de la Terrassière, dans un bâtiment qui n’existe plus de nos jours, s’ouvrait le premier congrès de l’Association internationale des travailleurs (AIT), la Première Internationale. Devant les 60 délégués venant de Suisse, d’Allemagne, de France et d’Angleterre, le révolutionnaire allemand réfugié en Suisse et organisateur du congrès Johann Philipp Becker avait prononcé, dans le discours d’ouverture, ces fortes paroles : « Notre génération ouvre une nouvelle ère dans l’histoire du monde ».

En effet, il s’agissait bien du début d’une nouvelle ère. L’AIT n’était certes pas la première organisation ouvrière de l’histoire, loin de là, ni la première organisation politique socialiste, ni même la première organisation internationale, mais elle n’en représentait pas moins un pas en avant colossal : dépassant les flottements doctrinaux et les inconséquences des premiers partis politiques plus ou moins socialisants, les étroitesses locales et corporatistes des premières organisations ouvrières, la dispersion des divers cercles à tendance révolutionnaire, le caractère secret des organisations communistes antérieures et les idéaux souvent nébuleux des mouvements internationalistes qui l’ont précédée, la Première Internationale était la première tentative d’unifier la classe ouvrière par delà les frontières en un parti politique se plaçant clairement sur le terrain de la lutte de classe et se fixant pour but l’émancipation de la classe ouvrière par le renversement de l’oppression capitaliste et la construction d’une société socialiste.

La naissance et les principes fondateurs de l’AIT

La décision de constituer une association internationale des travailleurs fut prise à l’occasion d’un meeting de solidarité avec la Pologne, dont le mouvement de libération nationale avait été écrasé par l’empire tsariste, organisé à Londres par des syndicalistes britanniques et français en 1864. Au sein du Conseil général, dont il a assuré la cohérence politique, l’orientation et l’efficacité, Karl Marx a rédigé les statuts provisoires de l’AIT, dont nous reproduisons le préambule in extenso, puisque, Marx y exprima avec une concision et une précision remarquables les principes qui définissent ce qu’un parti des travailleurs, un parti communiste est censé être. Un texte fondateur auquel se conformèrent les partis socialistes tant qu’ils gardèrent leur raison d’être et les partis communistes, et qui garde toute sa pertinence de nos jours :

« Considérant :
    Que l'émancipation de la classe ouvrière doit être l'œuvre des travailleurs eux-mêmes ; que la lutte pour l'émancipation de la classe ouvrière n'est pas une lutte pour des privilèges et des monopoles de classe, mais pour l'établissement de droits et de devoirs égaux, et pour l'abolition de toute domination de classe;
    Que l'assujettissement économique du travailleur au détenteur des moyens du travail, c'est-à-dire des sources de la vie, est la cause première de la servitude dans toutes ses formes, de la misère sociale, de l'avilissement intellectuel et de la dépendance politique;
    Que, par conséquent, l'émancipation économique de la classe ouvrière est le grand but auquel tout mouvement politique doit être subordonné comme moyen;
  Que tous les efforts tendant à ce but ont jusqu'ici échoué, faute de solidarité entre les travailleurs des différentes professions dans le même pays et d'une union fraternelle entre les classes ouvrières des divers pays;
    Que l'émancipation du travail, n'étant un problème ni local ni national, mais social, embrasse tous les pays dans lesquels existe la société moderne et nécessite, pour sa solution, le concours théorique et pratique des pays les plus avancés;
    Que le mouvement qui vient de renaître parmi les ouvriers des pays industriels avancés de l'Europe, tout en réveillant de nouvelles espérances, donne un solennel avertissement de ne pas retomber dans les vieilles erreurs et de combiner le plus tôt possible les efforts encore isolés;
Pour ces raisons, l'Association Internationale des Travailleurs a été fondée. Elle déclare :
Que toutes les sociétés et individus y adhérant reconnaîtront comme base de leur comportement les uns envers les autres et envers tous les hommes, sans distinction de couleur, de croyance et de nationalité, la Vérité, la Justice et la Morale.
Pas de devoirs sans droits, pas de droits sans devoirs. »

Le Congrès de Genève

La toute nouvelle Internationale avait une multitude de sections dans plusieurs pays européens, reflétant l’émiettement du mouvement ouvrier d’alors : les trade-unions anglaises, seules organisations prolétariennes de mase en ce temps, des cercles blanquistes, proudhoniens, un grand nombre d’associations professionnelles, généralement locales. En Suisse, l’AIT reposait sur une multitude de sections, pour la plupart des sociétés de secours mutuel qui pouvaient temporairement jouer le rôle d’un syndicat à l’occasion d’une grève, et qui avaient atteint une certaine importance dans les principales villes de notre pays, surtout en Romandie à cette époque. Les sections suisses de l’Internationale bénéficiaient d’une importance et d’un rayonnement particulier au delà des frontières helvétiques également du fait que nombre de militants allemands et français, fuyant respectivement le despotisme de Bismarck et de Napoléon III, y ont trouvé refuge.

Ces différentes sections envoyèrent donc 60 délégués au congrès fondateur qui finalement fut organisé à Genève en 1866. Marx n’y était pas, mais il avait accompli un travail important pour assurer le succès du congrès, et rédigea à l’intention des délégués londoniens un mémorandum qu’il choisit de limiter aux points « qui permettent un accord immédiat et une action concertée des travailleurs, qui répondent d’une façon immédiate aux besoins de la lutte des classes, qui aident les travailleurs à s’organiser en classe et les poussent à le faire », texte remarquable de synthèse des principales revendications du mouvement prolétarien, et qui contribua grandement au succès de ce premier congrès ainsi qu’au succès futur de l’Internationale.

Comme toute nouvelle ère qui commence dans l’histoire, ce premier congrès de l’AIT ne se déroula pas sans une certaine confusion, causée grandement par les proudhoniens bien représentés dans la délégation française, qui tentèrent de faire adopter par le congrès leur thèses rejetant la lutte politique au profit d’une nébuleuse utopie mutuelliste et de tout un fatras de théories proudhoniennes. Toutefois, ils n’eurent guère de succès. La motion visant à exclure de l’Internationale les travailleurs intellectuels au profit des seuls ouvriers fut rejetée. Par contre, les délégués français Tolain et Fribourg parvinrent à faire adopter une motion qui condamnait le travail féminin en tant que « décadent dans son principe » et reléguant donc les femmes au foyer. Cette position tomba néanmoins vite d’elle même en désuétude puisque deux ans à peine après le congrès l’Internationale disposait de nombreuses sections féminines, dont la combativité n’était pas sujette au doute.

Cet épiphénomène historique n’enlève cependant rien à la grandeur du premier congrès de la Première Internationale, qui, outre l’adoption de l’adresse inaugurale et des statuts, prit des décisions d’importance majeure pour l’avenir du mouvement ouvrier. Le congrès entérina l’importance de la lutte pour l’obtention d’une législation qui protège les travailleurs (qui était contestée notamment par les proudhoniens au nom du refus de la lutte politique), car, comme le dit Marx dans son mémorandum : « En arrachant de telles lois, la classe ouvrière ne renforce pas le pouvoir en place. Au contraire, elle fait de ce pouvoir, qui est actuellement utilisé contre elle, son instrument ». Le congrès se prononça également pour limiter la journée de travail à 8 heures, condition nécessaire pour permettre la reconstitution de la santé et de la force physique des travailleurs, pour qu’ils puissent avoir une vie sociale et politique, faute de quoi leur lutte pour l’émancipation devient difficilement possible. Depuis, la journée de 8 heures reste une revendication fondamentale et fondatrice du mouvement ouvrier, qui n’est toujours pas réalisée en Suisse. Enfin, le congrès acta la nécessité de l’organisation syndicale, qui est indispensable pour organiser le prolétariat en tant que classe, mais qui ne devrait plus se limiter à la lutte pour des améliorations au sein même du capitalisme, mais élargir son combat à la lutte pour son renversement.

L’héritage de la Première Internationale


Le congrès fondateur de l’AIT donna une forte impulsion au développement du mouvement ouvrier, partout en Europe, et aussi en Suisse. Bien que l’histoire de l’AIT fut brève, elle n’en fut pas moins décisive dans la mesure où l’organisation éphémère qu’elle mit en place transforma profondément le mouvement prolétarien, lui permit de dépasser son émiettement initial et de passer à un stade supérieur. De fait, elle fut à la base de l’émergence des organisations modernes du prolétariats : les syndicats nationaux et les partis socialistes, puis communistes. Pour ce qui concerne la Suisse, Herman Greulich, militant de la Première Internationale, fut par la suite fondateur de l’USS et figure de proue du PSS lors de ses premières années. C’est un héritage qui demeure aujourd’hui celui du Parti du Travail

Signez et faites signer le référendum contre la hausse des tarifs des TPG !



La majorité de droite du Grand Conseil, mais aussi une partie de la « gauche », n’on jamais accepté le vote très clair, et à deux reprises, du peuple en faveur de l’initiative populaire de l’AVIVO pour la baisse des tarifs des TPG, visant à annuler une hausse de ceux-ci annoncée en même temps qu’une détérioration des prestations, ainsi qu’à empêcher des hausses arbitraires futures sans possibilité de référendum. Pour sanctionner les citoyens, qui auraient « mal voté », et nonobstant ses propres déclarations durant la campagne, le Conseil d’Etat a sciemment procédé à une détérioration des prestations des TPG, soi-disant pour « compenser les pertes » dues à la baisse des tarifs. A aucun moment il n’a été question d’augmenter la subvention aux TPG, malgré qu’il était clairement marqué dans la brochure de vote : «  L’Etat devrait augmenter d’autant sa subvention à l’entreprise, pour éviter que les TPG soient contraints de supprimer des prestations.  » Au lieu de cela, on a préféré inventer un mensonge comme quoi les initiants auraient dit que l’initiative serait une opération neutre d’un point de vue comptable, les pertes étant sensées être compensées par une hausse des rentrées suite à un afflux de nouveaux usagers. Or c’est faux, les initiants n’ont jamais rien dit de tel !

Et maintenant, cette majorité de droite, avec l’appui des Verts, a décidé de prendre sa revanche sur le peuple en décidant une hausse des tarifs des TPG de près de 4%, ce qui correspondrait à 8 millions par an. Un compromis, soutenu par le Ensemble à Gauche, le PS et le MCG, proposant de limiter cette hausse  en en exemptant les jeunes et les séniors a été balayé par une droite jusqu’au-boutiste, de nouveau avec le soutien des Verts. On nous dit que cette hausse serait nécessaire pour ne pas avoir à couper dans les prestations. Mensonge ! La droite et le Conseil d’Etat n’ont rien renoncé à leur obsession de démantèlement du service public que sont les TPG et d’extension de la sous-traitance au privé. Du reste, l’augmentation des tarifs vise en grande partie à compenser une coupe de 4 millions dans la subvention de l’Etat aux TPG.

Puisque les tarifs des TPG sont désormais inscrits dans la loi, toute augmentation est de ce fait soumise au référendum facultatif. Le Parti du Travail a décidé de s’engager pleinement dans le référendum contre la hausse des tarifs des TPG. Il s’agit en effet d’une mesure allant à l’encontre de la logique même de service public, dont le but est d’offrir des prestations de qualité à toutes et tous à des prix accessibles et pas la rentabilité ; d’une mesure anti-écologique – alors qu’il est urgent d’encourager l’usage des transports publics plutôt que de la voiture, augmenter les tarifs des TPG est absurde – et profondément antisociale. La droite majoritaire dans ce canton mène une politique d’austérité et prépare un cadeau fiscal de pas moins de 500 millions aux grandes entreprises (RIE III). Ces cadeaux fiscaux aux plus riches, la droite voudrait les faire payer aux travailleurs, notamment dans la mesure où ils sont des usagers des TPG. Nous refusons absolument ce transfert supplémentaire des richesses dans les poches de l’oligarchie.

La hausses des tarifs n’aurait guère d’importance si elle permet de maintenir les prestations, dans la mesure où les usagers des TPG sont une « clientèle captive » et n’auraient de toute façon pas d’autre choix que de les utiliser, et donc de payer plus cher, que disent la droite et les Verts. Sans doute, les élus de ces partis ont-ils des revenus assez élevés pour considérer cette hausse comme peu significative, mais ce n’est assurément pas les cas d’une grande partie de la population pour laquelle chaque franc est compté. Pour ce qui nous concerne, nous rejetons totalement cette ponction supplémentaire de celles et ceux que la société capitaliste laisse déjà sur le carreau. Remarquons en passant que le 25 septembre dernier le peuple a approuvé un plafonnement de la déduction fiscale pour les frais de déplacement professionnels à 500,- car c’est le prix d’un abonnement unireso qu’ils disaient. Mais avec cette hausse le prix d’un abonnement annuel unireso passerait à 550,-. C’est là tout simplement se moquer du peuple !


Nous avons jusqu’au 9 novembre pour récolter les quelques 7'400 signatures requises pour l’aboutissement de ce référendum. Nous avons la détermination d’y arriver. Vous aussi, soutenez nous dans ce juste combat !