15 mai 2015

Allocution prononcée à l’occasion de la commémoration des 70 ans de la Grande Victoire sur le nazisme



Chères et chers camarades,

Il y exactement septante ans, les derniers responsables du haut commandement militaire de la Wehrmacht signaient l’acte de capitulation inconditionnelle de l’Allemagne nazie en présence du maréchal soviétique Joukov et du général britannique Tedder, avec pour témoin un général étatsunien et un général français. La capitulation entrait en vigueur le 9 mai à 1h01 selon l’heure de Moscou, mais encore le 8 mai à 23h01 pour l’Europe occidentale, mettant ainsi fin au conflit le plus meurtrier de toute l’histoire de l’humanité. La Deuxième Guerre mondiale, elle, n’était pas encore tout à fait finie puisque l’Empire du Japon allait continuer le combat pour encore quelque temps.

Même en faisant abstraction de toutes considérations conjoncturelles, très importantes par ailleurs, même si le socialisme avait déjà triomphé sur toute la surface du globe, nous aurions considéré comme un devoir de commémorer cette date, tant son importance est centrale dans l’histoire de l’humanité, tant son importance est centrale pour notre propre histoire, pour l’histoire du mouvement communiste et ouvrier, pour l’histoire de notre propre Parti. Nous aurions dans tous les cas considéré comme un devoir de rendre hommage à l’héroïsme du peuple soviétique, qui a perdu près de vingt-sept millions des siens pour vaincre le nazisme, aux partisans communistes qui se sont battus dans bien des pays contre l’oppression fasciste, et à tous ceux qui ont pris les armes contre le Troisième Reich et ses alliés, car sans eux nous ferions le salut nazi aujourd’hui, notre Parti et nos idées seraient strictement illégales, et nous n’aurions jamais connu ni démocratie ni acquis sociaux.

Toutefois, la conjoncture présente ne nous permet pas de faire de cette journée simplement une commémoration et lui donne aussi un sens de lutte, de lutte pour la vérité et de lutte de classe. En effet, si vous demandez à une personne au hasard dans la rue quel pays a le plus contribué à libérer le monde de la terreur nazie, dans neuf cas sur dix vous aurez pour réponse : les Etats-Unis d’Amérique. Si vous lui demandez encore quelle fut la bataille des batailles, celle qui renversa le cours de la Guerre, vous aurez des grandes chances d’avoir comme réponse : le débarquement de Normandie. Ces deux réponses sont absolument fausses, mais c’est pourtant là la partie émergée de l’iceberg. Si vous poursuivez la conversation, vous aurez probablement la possibilité d’entendre des déclarations, tout de même surprenantes, comme quoi communisme et nazisme au fond ne sont pas si différents et que Staline et Hitler n’étaient pas loin d’être des alliés. Votre interlocuteur fictif citera sans doute à l’appui de sa thèse le pacte germano-soviétique, alors qu’il n’aura sans doute jamais entendu parler des Accords de Munich. Et ne parlons même pas de ce qui se fait dans les pays baltes aujourd’hui, où les vétérans de la SS défilent ouvertement et sont célébrés comme des patriotes, sous le silence assourdissant de l’Union européenne. L’Ukraine a fait encore un pas de plus sur cette pente glissante, en réhabilitant ouvertement ceux qui ont pris fait et cause pour Hitler en tant qu’héros de la nation, en reprenant officiellement des symboles nazis à peine détournés, en révisant ouvertement l’histoire de la Deuxième Guerre mondiale – on se souvient du premier ministre Iatseniouk qui a déclaré sans sourciller que c’est l’URSS qui avait attaqué l’Allemagne ! – et en faisant du symbole du 9 mai l’étendard rouge et noir des collabos bandéristes – c’est comme si la France célébrait demain le 8 mai sous la Francisque !

Ce tableau peu reluisant est entièrement le résultat d’un révisionnisme historique pratiqué sans la moindre once de scrupule en Occident, de décennies d’une propagande bourgeoisie effrénée et mensongère. De quoi relativiser le caractère démocratique de nos sociétés, tant un mensonge mille et mille fois répété par des canaux « autorisés » finit par faire oublier la vérité et à se faire passer pour elle…

Et dans ces circonstances, notre premier devoir est de rétablir la vérité des faits. Non, ce ne sont pas les Etats-Unis qui ont libéré le monde du nazisme. Leur rôle était en réalité pour le moins secondaire. Le débarquement de Normandie n’eut lieu qu’en 1944, lorsque le Reich était déjà aux abois. Il ne fut organisé que dans le but d’empêcher l’armée soviétique d’avancer jusqu’à l’Océan atlantique et de libérer l’entier du continent du fascisme comme du capitalisme. Et encore, Staline dut faire accélérer la prise de Berlin pour empêcher que les troupes alliées ne soient repoussées vers la mer. Il faut le dire et le redire : c’est l’Union soviétique qui assuma l’essentiel de l’effort de guerre face à Hitler et ses alliés, le cours de la guerre fut véritablement renversé à la toute fin de l’année 1941, quand les armées nazies furent repoussées devant Moscou, et la Bataille des batailles, celle qui rendit évident aux yeux de tous que la défaite des nazis était inéluctable était la bataille de Stalingrad. L’ex Yougoslavie et l’Albanie furent libérées par leurs propres partisans communistes, sans oublier non plus le rôle des résistants communistes dans d’autres pays, en France et en Italie notamment, qui furent longtemps bien seuls à lutter. Et si on regarde la guerre face à l’Empire du Japon, dont les crimes n’étaient pas moindres que ceux du Troisième Reich, les Etats-Unis, dans ce cas là aussi, n’ont assuré qu’une partie de l’effort de guerre. Leur attribuer tout le mérite serait oublier la lutte héroïque du peuple chinois, du peuple coréen, et de plusieurs autres, pour leur libération. Ce serait oublier également que la grande armée japonaise du Kwantung avait été battue par l’armée soviétique, et qui si l’empereur Hirohito avait déposé sa capitulation aux mains des Etats-Unis, c’était pour empêcher in extremis une occupation soviétique du Japon et ainsi garder son trône.

Pour rappeler cette évidence, qui n’a nullement besoin d’être prouvée tant elle est évidente, il suffit de rappeler les chiffres des décès imputables à la Deuxième Guerre mondiale : près de vingt-sept millions de Soviétiques, militaires comme civils, perdirent la vie du fait de la guerre, vingt millions de Chinois, et plusieurs millions de Yougoslaves. C’est même le quart – le quart ! – de la population de la République socialiste soviétique de Biélorussie qui perdit la vie au cours de la guerre. A contrario, c’est 400’000 étatsuniens qui furent tués au cours du conflit, presque tous des militaires.
Il faut rappeler aussi qu’à l’époque personne n’osait soutenir un révisionnisme historique aussi grossier, ni de nier la vérité, tant elle était alors évidente pour tous. Je ne citerai les propos que de trois des dirigeants majeurs du monde capitaliste d’alors. Winston Churchill tout d’abord, peu suspect de sympathie prosoviétique tant c’était un anticommuniste forcené qui avait joué un rôle majeur dans les interventions militaires occidentales destinées à renverser le pouvoir bolchevik dès ses premiers jours et tant il s’était empressé d’ouvrir les feux de la Guerre froide alors que les décombres de Berlin fumaient encore ou presque : « …Aucun gouvernement n’aurait tenu face à de telles terribles et cruelles blessures, qu’Hitler avait infligé à la Russie. Mais la Russie soviétique a non seulement tenu et s’est rétablie de ces blessures, mais a également porté à l’armée allemande un coup d’une puissance telle, que n’aurait pu lui porter aucune autre armée au monde […] La monstrueuse machine du pouvoir fasciste fut brisée par la supériorité de la manœuvre russe, de la bravoure russe, de la science militaire soviétique et de l’excellent commandement des généraux soviétiques […] A part l’armée soviétique, il n’y avait pas de telle force, qui pût briser l’échine de la machine militaire hitlérienne […] C’est bel et bien l’armée russe qui a éviscéré la machine militaire germanique ».

Franklin Roosevelt ensuite : « Du point de vue de la haute stratégie […] il est difficile d’échapper à ce fait évident, que les armées russes anéantissent plus de soldat et d’armements de l’adversaire, que toutes les autres 25 Etats des nations unies toutes ensemble ».

Sans oublier le général de Gaulle : « Les Français savent ce qu’a fait la Russie soviétique et ils savent que c’est elle qui a joué le rôle principal dans leur libération ».

Le combat pour la vérité est d’autant plus urgent pour nous que l’objectif de nos adversaires de classes dans cette entreprise de falsification de l’histoire est on ne peut plus clair : effacer de la mémoire et des cœurs des peuples le souvenir de l’idée du socialisme, d’effacer de leur mémoire et de leurs cœurs la glorieuse espérance que le drapeau rouge hissé sur le Reichstag avait incarné pour des centaines de millions de personnes à travers le monde, l’enthousiasme énorme que la Grande Victoire avait suscité, l’impulsion énorme qu’elle avait apporté aux luttes sociales dans les pays capitalistes, comme aux luttes pour la libération nationale et le socialisme dans les colonies. Sans la Victoire de 1945, sans le fait qu’elle fut gagnée sous le drapeau rouge, nous n’aurions jamais connu ni une inflexion dans les rapports de force entre les classes, ni la sécurité sociale, ni la décolonisation. Sans la Victoire de 1945, le racisme d’Etat, la ségrégation, l’apartheid, les empires coloniaux existeraient sans doute encore et les Etats capitalistes ne seraient probablement pas des démocraties. Sans la Victoire de 1945, le succès initial que notre propre Parti avait connu à ses débuts n’aurait jamais été possible. La Grande Victoire de 1945 garde en ce sens à tout jamais une portée révolutionnaire qu’il est impossible de surestimer et que nous devons absolument sauvegarder.

Aussi il n’est pas étonnant que la classe dirigeante des centres impérialistes, les héritiers de ceux qui avaient préféré Hitler au Front populaire, haïssent le symbole que représente le drapeau rouge sur le Reichstag et travaillent à en effacer autant que possible le souvenir du cœur des peuples, car sans cela ils ne pourraient pas réécrire l’histoire, ils ne pourraient pas faire rentrer dans les têtes le mythe absurde et antihistorique des deux « totalitarismes jumeaux », avec pour corollaire contemporain les « extrêmes qui se rejoignent », comme moyen de légitimation des diverses idéologies de droite et centristes – le libéralisme, le conservatisme, la démocratie chrétienne, la social-démocratie – et des partis gouvernementaux qui les incarnent, de tuer l’espoir d’un monde plus juste, de faire accepter leur régime rétrograde et oppressif comme le seul possible. Le but de la droite européenne est de détruire tout ce que la victoire soviétique de 1945 avait permis de créer. Ainsi que l’avait dit Denis Kessler, représentant du MEDEF mandaté par Sarkozy pour le conseiller dans son projet de démantèlement social : « C’est simple, prenez tout ce qui a été mis en place entre 1944 et 1952, sans exception. Elle est là. Il s’agit aujourd’hui de sortir de 1945 et de défaire méthodiquement le programme du Conseil national de la résistance ». La réalisation d’un tel programme réactionnaire ne serait pas possible sans effacer de la mémoire des classes populaires le souvenir de ce que fut vraiment la victoire de 1945, sans une falsification historique éhontée, qui autorise tous les mensonges aux yeux de ceux qui s’y livrent.

Naturellement, la vision idéologisée et déformante de l’histoire qui y sert de fondation théorique est absurde et grotesque, et la combattre est pour nous à la fois un devoir et une nécessité, car sinon elle nous fera à jamais obstacle. Le mythe des deux totalitarismes jumeaux ne résiste pas un instant à la critique, puisqu’il est frappé de deux tares, qui font qu’en réalité il n’en reste rien. Le rapprochement artificiel entre socialisme et nazisme ne procède que de quelques comparaisons superficielles, et surtout d’une falsification éhontée de ce que le socialisme réel fut dans les faits pour ceux qui le vécurent. Je ne dis certes pas que tout fut parfait et irréprochable dans la construction du socialisme en URSS et dans les pays socialistes existants ou ayant existé, et que des problèmes, des erreurs et des abus graves n’y sont pas survenus. Il n’en reste pas moins qu’eu égard aux conditions extrêmement hostiles et aux innombrables difficultés objectives quasi-insolubles auxquelles ils durent faire face, le bilan des communistes qui ont réussi à édifier le socialisme fut pratiquement partout absolument remarquable. Et quant à ceux qui sont prompts à décocher des critiques faciles à l’emporte-pièce à la direction soviétique d’avant Guerre, s’ils s’étaient eux retrouvés aux commandes du pays à ce moment là, ils n’auraient en tout cas pas fait mieux, sans doute n’auraient guère tenu plus de quelques mois au pouvoir, et auraient en tout cas perdu la guerre. Les réalisations en termes de progrès social des pays socialistes furent tout simplement extraordinaires, et bien supérieures à tout ceux qui put jamais être réalisé dans n’importe quel pays capitaliste, même les plus développés. C’est sans doute difficile de faire comprendre aux gens cette vérité aujourd’hui, cela va en tout cas à contre-courant ; mais comme on dit, seuls les poissons morts nagent dans le courant. Ou comme l’avait dit Jean Jaurès : « Le courage, c’est de chercher la vérité et de la dire, c’est de ne pas subir la loi du mensonge triomphant qui passe et de ne pas faire écho aux applaudissements imbéciles et aux huées fanatiques ». Entre l’idée d’émancipation humaine et de progrès social que représente le communisme, entre son incarnation, certes en-deçà de ce que certains espéraient dans le socialisme réel, et le despotisme réactionnaire fasciste et nazi, négateur de toute liberté et de toute dignité humaine, fossoyeurs de toutes les idées humanistes, raciste et impérialiste, au seul bénéfice d’une toute petite bourgeoisie impérialiste, il n’y a rien, absolument rien de commun.

Quant au pseudo-argument du pacte germano-soviétique, sensé prouver une soi-disant convergence objective entre communisme et nazisme, on fait juste semblant d’oublier que la droite française avait « préféré Hitler au Front populaire », que les sympathies envers le nazisme, quand ce n’est pas un soutien ouvert au Reich, étaient légion dans les pays capitalistes d’alors, que la droite britannique et française avait recherché une alliance avec Hitler au nom de l’anticommunisme, que Staline avait proposé aux démocraties capitalistes une grande alliance antifasciste, mais qu’au lieu de cela ils ont juste préféré de signer les accords de Munich avec le Reich, et que la direction soviétique n’avait plus d’autre choix que de signer à son tour un pacte de non-agression avec l’Allemagne sous peine de devoir faire la guerre à toutes les puissances impérialistes à la fois, guerre qu’elle n’était pas en mesure de gagner, enfin que les Etats-Unis et le Reich ont tenté de négocier en secret une paix séparée en 1944 contre l’URSS – négociations heureusement sabotées par des agents secrets soviétiques. Alors oui, le pacte germano-soviétique fut sans doute hautement contestable d’un point de vue politique, mais, très loin d’une quelconque convergence, il n’était pour l’URSS qu’un moyen de gagner deux précieuses années de temps pour réorganiser son armée et déplacer ses usines à l’Est du pays, en attente d’une guerre que la direction soviétique savait imminente et inévitable, et sans lequel la guerre n’aurait peut-être pas été gagnée.

La seconde tare du discours mensonger sur les « totalitarismes jumeaux », c’est que pour fonctionner, pour glorifier le libéralisme, il procède d’un tour de force scandaleux : ne prendre en compte que les métropoles, et faire complétement impasse sur les colonies. Mais tous les pays occidentaux un tant soi-peu importants étaient des puissances coloniales en ce temps, et le seraient encore sans la Victoire de 1945 et la dynamique émancipatrice qu’elle avait ouverte, et les colonies faisaient partie à part entière de leur territoire souverain. On ne peut donc en faire abstraction. Le cas des USA n’était pas fondamentalement différent, vu que c’était une puissance néocoloniale qui contrôlait directement et indirectement un certain nombre de territoire à l’étranger, sans oublier qu’ils avaient conquis leur propre territoire par un processus de colonisation en direction de l’Ouest, exterminant pratiquement toute la population autochtone. Si on prend en compte les colonies, on peut aisément constater que si convergence il y a c’est entre le fascisme et l’idéologie bourgeoise classique du XIXème et XXème siècle, celle qui unissait les libéraux et les conservateurs. Mieux encore, le fascisme se situe dans la stricte continuité de l’idéologie bourgeoise classique, simplement il la pousse à l’extrême, ou plutôt il l’applique à des populations européennes. L’oppression d’autres peuples au nom d’une prétendue supériorité raciale ? Tous les pays coloniaux l’ont pratiquée allégrement au détriment des peuples africains, asiatiques, autochtones américains, océaniens ; ils s’estimaient en droit de les traiter comme des esclaves, comme des animaux, et en tout cas pas mieux que les nazis ne le faisaient avec leurs victimes. Toutes les puissances coloniales ont multiplié les crimes coloniaux, des tortures, des mises au travail forcé, des massacres par millions, qui n’avaient rien à envier à ceux des nazis. Y compris le crime de génocide. Car quel est le premier génocide du XXème siècle ? Le Pape avait dernièrement dit que c’était le génocide arménien. C’est certes louable de reconnaître le génocide arménien, qui reste toujours contesté par certains de nos jours, mais il n’était pas le premier génocide du XXème siècle. Car le premier génocide du XXème siècle eut lieu en Namibie, sur ordre d’un gouverneur allemand, qui décida, conformément aux instructions de son empereur, d’exterminer la population autochtone pour laisser la place à des Allemands. Il est presque arrivé à ses fins. Et ce n’était malheureusement pas le premier génocide colonial. Tous les crimes que les nazis commirent avaient déjà été commis avant eux. Hitler ne fit en ce sens rien de nouveau que de faire subir à des populations européennes – les Juifs, les Tsiganes, les Slaves, les communistes, les homosexuels, les handicapés – ce que d’autres avaient déjà enduré de la main de l’auto-proclamée « race des seigneurs ». Les libéraux, les conservateurs et les centristes ont allègrement participé aux crimes coloniaux. Winston Churchill eut d’ailleurs un lot de crimes particulièrement lourd sur la conscience. Les sociaux-démocrates ont fini par les cautionner presque sans réserve. Ces partis n’ont pas la moindre leçon de démocratie ou de respect des droits de l’homme à donner, à qui que ce soit.

Pour prendre un exemple de l’état d’esprit qui régnait au sein de la classe dirigeante européenne avant même le fascisme, citons un extrait d’un discours adressé par l’empereur d’Allemagne Guillaume II à ses troupes envoyées en Chine : « Il n’y aura pas de clémence et l’on ne fera pas de prisonniers. Quiconque tombe entre vos mains, tombe sous vos coups ! [...] Puisse par votre œuvre s’affirmer le nom « allemand » pour des millénaires en Chine afin qu’aucun Chinois, aux yeux bridés ou non, ne puisse oser regarder un Allemand en face ». Du reste, Jean Vincent, fondateur et ancien secrétaire-général du Parti, avait décrit en des mots saisissants à quoi ressemblait la Chine sous domination coloniale, plus précisément Shanghai sous domination britannique, telle qu’il l’avait vue : une misère telle qu’on ne l’imagine pas, des cadavres d’enfants morts de faim si nombreux qu’on n’y faisait plus attention, un mépris envers les locaux de la part des britanniques qui dépassait toute mesure, une inscription « interdit aux chiens et aux Chinois » à l’entrée des parcs – pour les britanniques les Chinois valaient moins que les chiens ! –, le tout sous le regard indifférent des quelques uns qui amassaient des fortunes immenses sur le dos d’un peuple qui mourrait de faim. Aussi, quand on voit fleurir dans nos contrées toutes sortes de critiques fantaisistes à l’égard de Mao Tse Toung, accusé d’être peut-être le pire criminel de tous les temps, on ne peut qu’apprécier l’hypocrisie de l’Occident, dont les classes dirigeantes dissimulent à peine leur nostalgie de cette époque bénie pour elle ou la Chine était divisée, impuissante, et à leur merci. Car il faut le réaffirmer, oui, Mao Tse Toung et le Parti communiste chinois ont libéré la Chine d’une oppression coloniale séculaire et permis à la Chine de retrouver son indépendance, son unité et sa grandeur. Quoi que l’on pense du tournant pris par le Parti communiste chinois depuis Deng Xiaoping, la simple honnêteté intellectuelle contraint de reconnaître le progrès social énorme pour le peuple chinois que la révolution chinoise a apporté.
Comme l’avait très justement dit Thomas Mann : « Placer sur le même plan moral le communisme russe et le nazi-fascisme, en tant que tous les deux seraient totalitaires, est dans le meilleur des cas de la superficialité, dans le pire c’est du fascisme. Ceux qui insistent sur cette équivalence peuvent bien se targuer d’être démocrates, en vérité, et au fond de leur cœur, ils sont déjà fascistes ; et à coup sûr ils ne combattrons le fascisme qu’en apparence et de façon non sincère, mais réserveront toute leur haine au communisme ».

C’est absolument exact, et cette citation ne se vérifie que trop aujourd’hui. C’est une honte tout particulière que tous les dirigeants occidentaux, tous sans exception, ont boycotté la commémoration du 9 mai à Moscou cette année, cela parce que la Fédération de Russie met des bâtons dans les roues du gouvernement ouvertement néo-nazi ukrainien qu’ils soutiennent par calcul géopolitique. Mais c’est absolument logique qu’ils boycottent la cérémonie à Moscou, comme le fait qu’ils soutiennent les néo-nazis ukrainiens, comme le fait qu’ils ferment les yeux sur la réhabilitation des anciens SS dans les pays baltes. Cela va dans la droite ligne de leur haine de ce que le 9 mai représente, de leur volonté de l’effacer des mémoires, de leur volonté de criminaliser le communisme et tout ce qui s’y rapporte de près et de loin, alors qu’ils laissent une extrême-droite de plus en plus ouvertement fasciste prospérer.

Car qu’est-ce que le fascisme ? Georges Dimitrov en donne une définition devenue désormais classique : « Le fascisme est la dictature ouvertement terroriste des éléments les plus impérialistes, les plus réactionnaires, les plus chauvins, du capital financier. Le fascisme n’est pas un pouvoir au-dessus des classes et non le pouvoir de la petite bourgeoisie ou du lumpen prolétariat sur le capital financier. Le fascisme est le pouvoir du capital financier. C’est une organisation de représailles terroristes contre la classe ouvrière et la partie révolutionnaire de la paysannerie et de l’intelligentsia. Le fascisme en politique étrangère est le chauvinisme dans sa forme la plus grossière, cultivant la haine zoologique contre d’autres nations. »

Réfléchissons un instant à cette définition, et pensons aux Etats-Unis. Certes la correspondance n’est pas totale, mais en est on si loin ? Dès la capitulation du Reich et du Japon, les Etats-Unis ont pris la tête de la réaction mondiale. Ils ont menée des guerres criminelles, en Corée, au Vietnam – et nous célébrons cette année les 40 ans de la victoire de la République socialiste du Vietnam sur l’impérialisme américain ! – puis d’autres encore, sans pratiquement une seule année sans qu’ils interviennent dans d’autres pays souverains. Les Etats-Unis ont également de plus en plus réduit les droits démocratiques des citoyens depuis une dizaine d’année, et l’Europe les suit dans cette voie. Nous vivons actuellement une crise systémique du capitalisme, d’une profondeur inédite et sans issue dans le cadre du système actuel. Les deux crises précédentes d’une ampleur comparable ont débouché sur des guerres mondiales. Le caractère profondément réactionnaire, socialement destructeur, hostile aux intérêts des larges masses populaires, incompatible avec la démocratie à terme du capitalisme s’accentue. Toutes ses contradictions s’aggravent à l’extrême. Le danger de guerre et la tentation de la classe dirigeante de recourir à une dictature déclarée se précisent.

En ces temps de tous les dangers et de durcissement de la lutte des classes, nous devons être à la hauteur des enjeux et de nos tâches historiques, lever haut notre drapeau rouge, celui qui fut hissé sur le Reichstag pour signifier la défaite du nazisme et de la réaction.

Ainsi que l’a écrit hier Fidel Castro : « Les 27 millions de Soviétiques, morts dans la Grande Guerre patriotique, ont aussi donné leur vie pour l’Humanité et pour le droit à penser et à être socialistes, à être marxistes-léninistes, à être communistes et à sortir de la préhistoire. »

Gloire éternelle donc à tous ceux qui ont combattu le nazisme !

Gloire éternelle au peuple soviétique qui a perdu 27 millions des siens pour la Victoire !

Gloire éternelle au Parti bolchevik qui a édifié un pays socialiste capable de vaincre le nazisme !


Et vive le 9 mai et la portée révolutionnaire de ce qu’il représente !

07 mai 2015

Discours prononcé le 1er mai 2015



Nous sommes réunis ici devant le monument à la mémoire des Brigadistes, ces héros qui se sont battus aux côtés de la République espagnole et contre le fasciste, contre la réaction, pour la démocratie, pour la justice sociale, pour le socialisme, et souvent ont donné leur vie pour cette cause. Ils resteront à jamais un exemple vivant d’internationalisme et une source d’inspiration pour nous. A leur retour, ils furent persécutés par la Confédération. En se retranchant derrière la « neutralité », la Suisse officielle cachait mal le fait qu’objectivement elle était du côté de Franco.

Le symbole même qu’incarne ce monument nous force aujourd’hui à penser à un autre 1er mai, ailleurs sur la planète. En Ukraine, le pouvoir en place a interdit la célébration du 1er mai. Nos camarades du Parti communiste d’Ukraine se voient menacés par les milices néonazies d’être tabassés, peut-être à mort, si jamais ils osent manifester malgré tout, ce qu’ils se sont engagés de faire. Ce pays, qui bénéficie d’une soutient sans faille de l’Occident au nom d’intérêts géopolitiques, interdit désormais les symboles communistes, prévoit d’interdire le Parti communiste, mène une guerre contre son propre peuple, persécute ceux qui luttent pour les droits des travailleurs, réhabilite ceux qui durant la Deuxième Guerre mondiale ont pris fait et cause pour Hitler et ont participé avec un zèle tout particulier à ses crimes, permet aux néonazis de porter les armes et de semer la terreur et leur donne des postes de haut rang dans les ministères. Comme les Brigadistes naguère, les communistes ukrainiens ont besoin aujourd’hui de notre solidarité.

Mais il n’est à vrai dire pas étonnant que le gouvernement fascisant ukrainien à la solde des oligarques haïsse tout ce que représente le 1er mai. Car qu’est que le 1er mai ? Il y a un peu plus d’un siècle, en 1913, Rosa Luxemburg le définissait ainsi : « L'idée brillante, à la base du Premier mai, est celle d'un mouvement autonome, immédiat des masses prolétariennes, une action politique de masse de millions de travailleurs qui autrement auraient été atomisées par les barrières des affaires parlementaires quotidiennes, qui n'auraient pour l'essentiel pu exprimer leur volonté que par le bulletin de vote, l'élection de leurs représentants ». Cette formule reste entièrement juste aujourd’hui et rappelle opportunément ce qu’est le 1er mai : une journée d’unité et de lutte, un rappel utile au pays de la « paix du travail » où le 1er mai a trop souvent tendance à s’institutionnaliser, à devenir un rite parmi d’autres, et à perdre quelque peu par là son tranchant révolutionnaire, que pourtant nous ne devons jamais laisser s’émousser.

Ce tranchant révolutionnaire et de lutte de classe, nous devons moins que jamais laisser s’émousser, puisque nos adversaires, eux, sont à l’offensive et essaient de nous imposer une politique de régression sur toute la ligne. Le patronat mène une politique agressive, sans aucun égard à un quelconque « partenariat social », d’attaque contre tous les droits des travailleurs, pour la baisse des salaires, l’extension des horaires de travail, la flexibilisations à outrance. La droite suisse et genevoise conduit un véritable démantèlement social, de destruction du très peu de protection sociale qui existe en Suisse et qui a été obtenue en des décennies de luttes. Je pense tout particulièrement au « Paquet Berset » et à la véritable casse des retraites que ce conseiller fédéral prétendument « socialiste » essaye d’imposer…qui ne sera que la prémisse d’un démantèlement encore plus brutal et d’ores et déjà prévu par la droite. La droite genevoise, sous prétexte d’une dette publique qu’elle a elle-même sciemment créée, met en place une politique d’austérité drastique, de destruction de services publiques absolument indispensables, le tout pour le seul bénéfice d’une toute petite poignée de privilégiés.


Nous devons combattre cette régression organisée dans l’unité et la détermination. Mais la radicalité même, la violence des attaques de nos adversaires de classe doit nous rappeler la nécessaire radicalité de notre lutte à nous et sa finalité. Qu’il soit néolibéral ou régulé, le capitalisme restera le capitalisme, un système nécessairement fondé sur l’exploitation de l’homme par l’homme. Jamais il ne sera social. Jamais des demi-mesures ne sauront suffire. Ainsi que l’avait dit Rosa Luxemburg : « Or le but final du socialisme est le seul élément décisif distinguant le mouvement socialiste de la démocratie bourgeoise et du radicalisme bourgeois, le seul élément qui, plutôt que de donner au mouvement ouvrier la vaine tâche de replâtrer le régime capitaliste pour le sauver, en fait une lutte de classe contre ce régime, pour l’abolition de ce régime ». Tel était, tel doit demeurer le sens du 1er mai.

A Kiev, un autre Premier mai



Comme dans tout pays capitaliste, en Suisse le Premier mai est avant tout une journée de lutte, sans concessions, des travailleurs pour leurs droits et contre l’oppression patronale. Mais du moins avons nous la possibilité de mener cette lutte dans la légalité, ce qui nous permet de faire du Premier mai aussi une fête populaire. Dans l’Ukraine « démocratique », après le coup d’Etat « pro-européen » de Maïdan, c’est un Premier mai bien différent qui se profile pour nos camarades ukrainiens. Le gouvernement en place a purement et simplement interdit la célébration de la journée internationale des travailleuses et travailleurs. Les militants du Parti communiste d’Ukraine (KPU) qui ont d’ores et déjà annoncé leur intention de célébrer le Premier mai à Kiev envers et contre tout le font à leurs risques et périls, puisque la criminelle milice néo-nazie de Pravy Sektor (Secteur droit) a immédiatement déclaré que les communistes qui auraient l’audace de venir manifester ne pourraient pas même descendre du train, et pour tout dire n’ont aucune certitude d’en revenir en vie. Face à ce genre de déclaration, normalement poursuivie pénalement d’office, les autorités ukrainiennes n’ont pas même daigné réagir : tristement typique d’un pays où les milices néo-nazies agissent en tout impunité, rançonnent, pillent, tabassent, torturent et assassinent les communistes, et à vrai dire tous les véritables opposants au régime « démocratique » en place, ce avec la complaisance, quand ce n’est pas le soutien actif des forces de l’ordre. Mais ce n’est guère surprenant, tant il vrai que les néo-nazis, dont les scores électoraux sont pourtant faibles, sont bien représentés au niveau du parlement ukrainien, la Verkhovna Rada, du gouvernement et des ministères, et tant leurs idées sont en réalité reprises par les partis « modérés » au pouvoir, par le premier ministre et par le président. Il faut dire aussi que les vétérans ukrainiens de la Deuxième Guerre mondiale, les héros qui ont donné leur sang pour libérer le monde de la terreur nazie, qui ont annoncé leur intention de venir célébrer les 70 ans de la Grande Victoire de 1945 à Kiev, malgré l’interdiction du nouveau régime, le font en sachant pertinemment qu’ils risquent de se faire tabasser, peut-être mortellement, par des dégénérés à crâne rasé et tatoués de la svastika. Ils ne peuvent compter sur aucune protection de la police.

Ces deux exemples n’illustrent que trop bien la situation réelle de l’Ukraine d’aujourd’hui, qui se teinte de brun à vue d’œil. Le jeudi 9 avril 2015, le pays a fait un pas majeur dans la direction de sa nazification. Ce jour en effet, la Verkhovna Rada a voté une loi qui condamne "les régimes totalitaires communiste et nazi en Ukraine" et interdit "toute négation publique" de leur "caractère criminel" ainsi que toute "production", "diffusion" et "utilisation publique" de leur symboles sauf à des fins éducatives, scientifiques ou dans les cimetières. La liste des éléments désormais prohibés contient le drapeau et l’hymne soviétique et nazi ainsi que les monuments et plaques commémoratives en l’honneur de responsables communistes, et même les noms de localités, rues ou entreprises faisant référence aux dirigeants communistes, activités du PC ou encore à la révolution bolchévique de 1917. Les personnes coupables de violations de cette loi scélérate sont passibles de dix ans d’emprisonnement, et les organisations qui y contreviendraient seraient interdites. C’est là un premier pas évident vers l’interdiction du KPU, la seule véritable opposition au régime Porochenko, ce qui est d’ailleurs un but ouvertement proclamé par le pouvoir en place. Du reste, les procès inéquitables, sur des chefs d’accusations ouvertement mensongers, contre les membres du KPU, dont nombre ont été torturés par le SBU, la police politique, se multiplient depuis le coup d’Etat. Notre camarade Petro Simonenko, secrétaire général du KPU, doit d’ailleurs actuellement répondre au SBU d’accusations parfaitement fantaisistes et grotesques de soutien au séparatisme.

Cette loi est parfaitement scélérate, antidémocratique et acte une fois de plus la dérive fasciste de l’Ukraine, qui en l’état ne peut plus être considérée comme un pays démocratique. Rappelons tout de même le célèbre poème de Martin Niemöller : « Lorsque les nazis sont venus chercher les communistes, je n’ai rien dit, je n’étais pas communiste. Lorsqu’ils ont enfermé les sociaux-démocrates, je n’ai rien dit, je n’étais pas social-démocrate. Lorsqu’ils sont venus chercher les syndicalistes, je n’ai rien dit, je n’étais pas syndicaliste. Lorsqu’ils sont venus me chercher, il ne restait plus personne pour protester. » Mais c’est du reste très logique. La bourgeoisie aux abois se tourne toujours vers le fascisme lorsqu’elle n’arrive plus à se maintenir au pouvoir par des moyens « normaux », lorsque sa domination devient par trop illégitime et insoutenable pour le peuple, et dirige ses coups avant tout contre les communistes puisqu’ils représentent toujours et nécessairement l’opposition la plus conséquente et la plus résolue à son régime oppressif. En l’occurrence, le bilan du gouvernement « démocratique » post-Maidan est absolument calamiteux à tous points de vue, bien pire à tous égards que celui du décrié ex-président Ianoukovitch, et entièrement contraire aux intérêts des classes populaires comme aux intérêts les plus fondamentaux de la nation. L’économie ukrainienne est dans un état de dépression abyssale, la dette publique atteint des sommets et l’Etat est virtuellement en faillite, le gouvernement a imposé au peuple un plan d’austérité brutale comme condition pour un prêt, pourtant misérable, du FMI – baisse des déjà faméliques retraites et doublement du prix du gaz pour les ménages –, des millions d’Ukrainiens en sont réduits à la misère la plus noire pendant que les oligarques se battent par l’intermédiaire des bandes armées à leur solde pour le partage des biens du président déchu, la corruption dépasse tout ce qui a existé auparavant (un comble pour un gouvernement propulsé au pouvoir par un soulèvement populaire dénonçant la corruption d’Etat et la promesse d’y mettre fin)…Pas étonnant qu’un tel régime ait besoin de méthodes ouvertement fascistes pour se maintenir en place et déteste plus que tout le symbole que représente le Premier mai !


C’est une honte toute particulière de promulguer une telle loi cette année, l’année des 70 ans de la grande victoire de 1945, de renvoyer dos à dos cette année-ci communisme et nazisme, ce alors que l’URSS a joué le plus grand rôle dans la lutte contre le IIIème Reich, que plus de 20 millions de soviétiques ont donné leur vie pour libérer le monde de la barbarie hitlérienne. La condamnation en parallèle du nazisme ne doit pas faire illusion. Elle est parfaitement hypocrite et à l’évidence dénuée de sincérité. Les hommes au pouvoir aujourd’hui à Kiev ont collaboré sans le moindre état d’âme dès les premiers jours du soulèvement de Maidan avec des néo-nazis déclarés. Ces néo-nazis occupent désormais pour certains des postes de haut rang au sein de l’Etat. Des bataillons entiers de la Garde nationale utilisent des symboles de la SS à peine stylisés, quand ils ne se prennent pas en photo avec l’étendard du Reich ou le portrait d’Hitler. Des bandes armées néo-nazies, telles les chemises noires de Mussolini, sèment la terreur à travers le pays, ce avec la complaisance, quand ce n’est pas le soutien actif des autorités. Tous ces gens-là, contrairement aux militants communistes, n’ont jamais été inquiétés, bien au contraire même. Et surtout, les collabos avérés avec l’occupant nazi, qui ont apporté avec un zèle tout particulier leur sinistre contribution aux crimes contre l’humanité du IIIème Reich, ne sont en rien concernés par ces mesures, puisque, par un singulier révisionnisme historique, ils sont absous de toutes ces fautes et officiellement érigés en « héros de la nation ». Pour prendre une analogie particulièrement parlante, et à peu près exacte, c’est tout comme si le FN parvenait au pouvoir en France après un soulèvement populaire contre Hollande et Valls, édictait une loi pour interdire les symboles communistes et nazis, s’en servait pour interdire le PCF, sans que pour autant les groupuscules ouvertement néo-nazis soutenant le gouvernement ne soient inquiétés en rien, mais parallèlement faisait du maréchal Pétain un « héros de la nation », et de la francisque un symbole national. On voit à quel point entre cela et une réhabilitation ouverte du IIIème Reich la frontière est bien mince…

Par ailleurs on peut apprécier, plus que d’habitude encore, à quel point la rhétorique officielle sur la « neutralité » est creuse : la Confédération, qui a repris à son compte les sanctions euro-américaines contre la Fédération de Russie, pour le motif qu’elle soutient, de façon tout à fait intéressée certes, la rébellion antifasciste dans le Donbass, ne trouve rien à redire sur les crimes de guerre du régime Porochenko et sur la place qu’y tiennent des néonazis déclarés et leurs idées. Si la Suisse officielle croyait un tant soit peu aux principes démocratiques dont elle se réclame, elle romprait immédiatement les relations diplomatiques avec un pays qui foule aux pieds ces mêmes principes.

Nos camarades du KPU ont aussitôt déclaré qu’ils ne se laisseront pas impressionner par cette basse manœuvre et continueront plus que jamais la lutte pour la paix, contre le régime antipopulaire en place, contre la tyrannie des oligarques et le pillage du pays, et pour le socialisme qui seule peut satisfaire les légitimes aspirations du peuple ukrainien. Ils ont plus que jamais besoin de toute notre solidarité.

Il y a 70 ans, le drapeau rouge flottait sur le Reichstag



Il y a exactement 70 ans, le 9 mai 1945 (c’était déjà le 9 mai d’après l’heure de Moscou, encore le 8 aux USA), le IIIème Reich remettait sa capitulation inconditionnelle aux mains de l’Union Soviétique. Le monstre nazi était enfin terrassé pour toujours, du moins l’espérait-on alors. La Deuxième Guerre mondiale, quant à elle, n’était pas encore tout à fait finie, puisque l’impérialisme japonais continuait le combat pour quelque temps encore.

Pourtant, si l’on pose la question à des gens au hasard dans la rue, dans la plupart des cas on aura comme réponse que c’est les USA qui ont libéré la planète de la tyrannie hitlérienne, et que la Bataille des batailles, celle qui renversa le cours de la guerre, fut le Débarquement de Normandie. Et cela dans le meilleur des cas. Des analphabètes historiques sauraient vous dire que Hitler et Staline étaient alliés. Et ne parlons pas de ce néonazi à peine dissimulé, le premier ministre ukrainien Arseni Iatseniouk, qui ose déclarer que c’est l’URSS qui avait l’Allemagne. Pas étonnant, vu que son pays s’apprête à célébrer les 70 ans de la Grande Victoire sous les drapeaux des bandéristes, qui ont combattu du côté du Reich…

On voit là les effets redoutables que peuvent avoir des décennies de propagande mensongère dictée par la bourgeoisie au pouvoir dans les pays capitalistes. De quoi remettre sérieusement en question le caractère démocratique de nos sociétés, tant une idéologie faite sur mesure pour légitimer la domination d’une toute petite minorité de possédants y a un poids écrasant, et tant des mensonges mille et mille et mille fois répétés finissent par passer pour des vérités. Mais les contemporains des faits, même les anticommunistes les plus résolus, les plus hystériques, n’ont jamais osé eux soutenir de tels mensonges éhontés, et leur discours était tout autre.

Citons par exemple Winston Churchill : « …Aucun gouvernement n’aurait tenu face à de telles terribles et cruelles blessures, qu’Hitler avait infligé à la Russie. Mais la Russie soviétique a non seulement tenu et s’est rétablie de ces blessures, mais a également porté à l’armée allemande un coup d’une puissance telle, que n’aurait pu lui porter aucune autre armée au monde […] La monstrueuse machine du pouvoir fasciste fut brisée par la supériorité de la manœuvre russe, de la bravoure russe, de la science militaire soviétique et de l’excellent commandement des généraux soviétiques  […] A part l’armée soviétique, il n’y avait pas de telle force, qui pût briser l’échine de la machine militaire hitlérienne […] C’est bel et bien l’armée russe qui a éviscéré la machine militaire germanique ».

Ou Franklin Roosevelt : « Du point de vue de la haute stratégie […] il est difficile d’échapper à ce fait évident, que les armées russes anéantissent plus de soldat et d’armements de l’adversaire, que toutes les autres 25 Etats des nations unies toutes ensemble ».

C’est pourquoi nous pouvons être fiers de notre histoire et porter haut notre drapeau rouge. Le cours de la Guerre fut renversé en 1943 à Stalingrad, c’est l’armée soviétique, ainsi que les partisans communistes dans bien des pays qui ont assumé le plus gros de l’effort de guerre, que ce soit contre le Reich nazi, ou contre le Japon impérial. Quant au Débarquement de Normandie, il n’intervint qu’en 1944, lorsque l’Allemagne était déjà aux abois, dans le seul but d’empêcher l’armée rouge de marcher jusqu’à l’Atlantique, et faillit tourner au désastre si Staline n’avait ordonné d’accélérer la prise de Berlin pour éviter que les armées alliées ne soient rejetées à la mer. Sans la Révolution d’Octobre, sans la construction du socialisme en URSS, sans l’effort de guerre soviétique face à l’Allemagne, nous ferions aujourd’hui tous le salut nazi, et ne connaîtrions ni démocratie ni acquis sociaux.

Ceux qui s’acharnent depuis 70 ans à réécrire l’histoire, à effacer de la mémoire des peuples l’héroïsme de l’armée rouge, ce que furent vraiment la Révolution d’octobre et le socialisme, le font au seul service de leurs maîtres, les seigneurs du capital, qui ne peuvent oublier la peur qu’ils ont éprouver de perdre leurs biens et leur pouvoir mal acquis, de rendre aux travailleurs ce qui leur revient de droit. Et il est de notre devoir de les combattre, eux et leurs élucubrations pseudo-historiques mensongères, et de rétablir la vérité des faits.


Du reste, Thomas Mann a déjà dit tout ce qu’il y avait à dire sur eux : « Placer sur le même plan moral le communisme russe et le nazi-fascisme, en tant que tous les deux seraient totalitaires, est dans le meilleur des cas de la superficialité, dans le pire du fascisme. Ceux qui insistent sur cette équivalence peuvent bien se targuer d'être démocrates, en vérité, et au fond de leur cœur, ils sont déjà fascistes ; et à coup sûr ils ne combattront le fascisme qu'en apparence et de façon non sincère, mais réserveront toute leur haine au communisme »