04 mars 2014

Solidarité avec le Parti communiste d’Ukraine, menacé d’interdiction !



Le désormais ex-président de l’Ukraine, Viktor Ianoukovitch, est en fuite, les députés de son parti, le Parti des régions, à la Verkhovnaya Rada, le parlement ukrainien, ont massivement tourné leurs vestes, l’opposition d’hier, qui a battu le pavé pendant des semaines sur le Maïdan Nezhalejnosti, la Place de l’Indépendance au centre de Kiev, est désormais aux commandes du pays, un président ad interim et un nouveau gouvernement ont été nommés, des élections présidentielles sont prévues pour bientôt (personne ne parle toutefois d’élections parlementaires anticipées). En même temps, la situation économique et financière du pays est catastrophique, et le nouveau gouvernement aura beaucoup de mal à éviter le défaut de payement.

C’est du moins la partie émergée de l’iceberg, celle que l’on apprend facilement à travers les médias mainstream. Du reste, comment en est-on arrivé là aujourd’hui ? Pourquoi ce mouvement de l’Euromaïdan ? La presse bourgeoise dirait qu’il s’agit d’une révolution démocratique contre un régime autoritaire et corrompu, et en faveur de l’Europe, incarnation comme on le sait des valeurs de démocratie, de liberté et d’Etat de droit. Certes, tout n’est pas entièrement faux dans cette vision. Il faut bien admettre que des milliers d’ukrainiens ont rejoint le Maïdan pour protester avec raison contre un régime mafieux et corrompu. Rappelons que le fils de Viktor Ianoukovitch, Alexandre, est devenu milliardaire durant la présidence de son père. Depuis le renversement du socialisme en 1991, l’Ukraine n’a connu que des régimes corrompus et liés aux clans oligarchiques du pays, dont les règnes successifs été synonymes de privatisations frauduleuses de biens publiques, de réformes néolibérales et de paupérisation relative et absolue pour l’immense majorité de la population. La présidence de Viktor Ianoukovitch ne fait pas exception à la règle. Le parti présidentiel, le Parti des Régions, n’est qu’un parti mafieux et clientéliste, sans véritable ligne politique. Alors, beaucoup de gens du peuple ont sans doute manifesté avec raison pour faire tomber un système corrompu et honni, et pour demander plus de justice et de démocratie. Il est vrai aussi que beaucoup d’Ukrainiens se font des illusions sur l’Union européenne et le bien supposé qu’elle pourrait apporter à leur pays, même si bien sûr il ne s’agit que d’une illusion que les faits les plus élémentaires démentent totalement.

Toutefois, sans être totalement fausse, cette vision véhiculée par la presse bourgeoise est pour le moins partielle et partiale et en reste à la surface des choses, surface que cette même presse crée de toutes pièces. Car l’Euromaïdan, s’il est en partie un mouvement populaire, n’est certes pas un mouvement spontané, et ne serait rien sans ceux qui l’organisent, le financent et le dirigent. Et derrière, il y a des forces politiques pour le moins peu recommandables. Le parti Batkivchtchina (Patrie), tout d’abord, le parti de l’ex premier ministre Ioulia Timochenko. Un parti de droite et à vrai dire tout aussi trouble que l’est la carrière de son égérie, ancienne femme d’affaire dans le secteur des hydrocarbures ayant allégrement trempé dans des affaires de corruption, puis premier ministre sous la présidence de Viktor Iouchtchenko ayant signé un contrat sur les importations de gaz avec la Russie très défavorable pour l’Ukraine. Une oligarque donc à la tête d’un parti lié aux clans oligarchiques de l’ouest du pays, très semblable quant au fond à Ianoukovitch et à son Parti des Régions. Le Parti Oudar (Frappe) de l’ancien champion de boxe et exilé fiscal aux USA Vitali Klitchko ensuite, un parti de droite, dont le programme comprend la hausse des tarifs sur le gaz pour les ménages et de nouvelles privatisations. Le Parti Svoboda (Liberté) d’Oleg Tyagnibok enfin, pudiquement présenté comme « nationaliste » par la presse occidentale, alors qu’il s’agit d’un parti ouvertement antisémite et néonazi, nostalgique de l’OUN (Organisation des nationalistes ukrainiens), une structure qui a combattue dans le camps des nazis pendant la Deuxième Guerre mondiale et qui s’est rendue coupable de massacres des Juifs d’Ukraine. Un parti qui vise à la suppression de la démocratie libérale et parle de « complot judéo-russe » contre l’Ukraine. Sans oublier les organisations néonazies plus radicales encore que Svoboda, comme Pravy Sektor (secteur droit). Ces forces politiques de droite ont réussi, avec le soutien de l’Union européenne et des USA qui poursuivent leurs propres intérêts géopolitiques, instrumentaliser la colère populaire et la canaliser au service de leurs propres objectifs qui n’ont rien d’idéaliste.

Essentiellement lutte entre clans oligarchiques pour le repartage du pouvoir, le mouvement de l’Euromaïdan a été entaché par de nombreux actes de violence commis par les bandes fascistes très implantées à l’intérieur, des destructions de bâtiments publics, des actes de pillage et d’agressions. Il a débouché sur ce qu’il faut bien appeler un coup d’Etat qui risque de couper le pays en deux, et sur le démantèlement des structures de l’Etat, fût-ce d’un Etat corrompu et injuste, qui a laissé le champ libre aux violences de l’extrême-droite, violences dirigées contre les monuments à l’effigie de Lénine, aux héros soviétiques de la Deuxième Guerre mondiales, mais aussi contre les locaux et les militants du Parti communiste d’Ukraine (KPU).

Car la presse bourgeoise fait l’omerta là-dessus, mais il y a en Ukraine un parti communiste très bien implanté dans les régions industrielles de l’Est du pays et présent à l’Ouest, qui compte 115'000 membres et qui a fait 13,4 % des voix aux élections parlementaires de 2012. C’est le seul parti représenté à la Rada à posséder une véritable idéologie et à défendre les travailleurs d’Ukraine et pas seulement tel ou tel clan oligarchique. Dès le début de la crise, il est le seul parti ukrainien à avoir proposé une solution raisonnable : un référendum pour que le peuple puisse choisir entre l’accord d’association avec l’UE ou l’union douanière avec la Russie, l’abolition de la présidence et l’établissement d’une république parlementaire, l’instauration d’une république fédérale pour éviter la scission du pays entre l’Est et l’Ouest. Mais ni le pouvoir, trop occupé à tergiverser à essayer de se maintenir à tout prix, ni l’opposition, décidée à l’épreuve de force, n’en ont voulu.

Le coup d’Etat de l’opposition a laissé le champ libre aux bandes fascistes et a débouché sur une véritable hystérie anticommuniste, à des persécutions contre le Parti communiste et ses militants. Interdit dans trois régions de l’Ouest du pays, en toute illégalité, le KPU en est réduit à une existence semi-clandestine à l’Ouest. La maison du secrétaire général du Parti, Petro Simonenko, a été incendiée par des néonazis qui y cherchaient des documents compromettants mais n’ont évidemment rien trouvé. Nombre de locaux du KPU ont été saccagés et pillés, dont le siège central du Parti à Kiev. Rostislav Vasilko, secrétaire de la section de Lviv (à l’Ouest), a été sauvagement battu et torturé par des néonazis. Il s’est retrouvé à l’hôpital avec trois côtes cassées et une commotion cérébrale. Les membres de sa famille ont été menacés de mort. Et un projet de loi visant à l’interdiction du KPU a été déposé à la Rada…

Malgré ce climat hostile, le KPU n’a pas cédé et continue sa lutte, à la Rada comme dans la rue, pour la défense des droits des travailleurs et pour le socialisme. Il arrive à engranger rapidement de nouveaux membres, en particulier dans ses bastions à l’Est. Dans un message aux membres du Parti, Petro Simonenko a déclaré : « Dans les circonstances qui ont surgi, notre tâche la plus importante est de maintenir la structure et les cadres du parti, être vigilant, ne pas succomber aux provocations.

Il est important de profiter de chaque occasion pour informer les travailleurs sur la nature du coup d'Etat et le danger de ses conséquences pour les citoyens ordinaires - une détérioration marquée de l’économie, la hausse du chômage et des retards dans le paiement des salaires et des pensions, l'augmentation des prix et les tarifs, la criminalité galopante, en outre appauvrissement de la population.

La direction du Parti et de notre groupe parlementaire à la Rada suprême de l'Ukraine fera tout son possible dans ces conditions très difficiles à défendre les intérêts des salariés, sauvegarder la partie, de préserver l'intégrité de l’Ukraine ».


Le Parti du Travail exprime sa solidarité avec ses camarades ukrainiens, et les soutient dans leur lutte contre l’hydre fasciste, contre le règne des oligarques et pour le socialisme.

Face à Olivier Jornot et au tout répressif, votez pour Pierre Bayenet au poste de procureur général !



Le 13 avril prochain, le peuple genevois sera appelé aux urnes pour élire son procureur général. L’Entente, l’extrême-droite, les appareils du PS et des Verts auraient voulu une élection tacite avec pour seul candidat le procureur général sortant, l’ancien président du Parti libéral qui fut autrefois porte-parole de Vigilance (mouvement populiste de droite semblable au MCG et qui eut du succès dans les années 80 avant de disparaître), Olivier Jornot.

Puisqu’il n’était pas décemment possible de laisser un boulevard à Jornot, la coalition Ensemble à Gauche a décidé de présenter la candidature de l’avocat Pierre Bayenet au poste de procureur général, provoquant ainsi une élection ouverte. Outre le fait qu’il soit un représentant de la droite la plus réactionnaire – il est notamment l’auteur de la loi rétrograde et démagogique qui criminalise la mendicité, et de la loi contre les manifestations à peu près digne d’une dictature, ce qui incline à penser qu’il a gardé les mêmes idées que du temps où il était à Vigilance – Olivier Jornot incarne, en collaboration avec le conseiller d’Etat Pierre Maudet, le tout répressif, une politique de criminalisation de la misère et de la répression aveugle et indiscriminée, profondément hostile aux classes populaires de ce canton.

La politique pénale genevoise est en effet la plus répressive du pays. En 2012, selon l’Office fédérale de la statistique, les peines privatives de liberté représentaient 11,6% des peines prononcées. La même année, à Genève, les peines de prison représentaient 27,1% des peines prononcées. Ce délire répressif, l’abus de la détention préventive et des peines de courte durée, conduit au bourrage de la prison de Champ-Dollon, et à la détention dans des conditions inhumaines : promiscuité, 4m2 par détenu, enfermés dans 23 heures par jour, parfois obligé de dormir sur un matelas à même le sol, impossibilité de garantir un accès correct au téléphone, à la visite des proches, au travail ou à un suivi social utile. Ces conditions de détentions font de la prison de Champ-Dollon la poudrière qu’elle est et sont cause des violences que l’on a vues récemment.  Par la désocialisation qu’elles engendrent, elles contribuent à la récidive. En outre, 15% des personnes qui y sont incarcérées le sont simplement, suite à une directive de Jornot, parce qu’il s’agit de migrants en situation irrégulière, qui par ailleurs n’ont pas commis le moindre crime et n’ont donc rien à faire en prison.

Pierre Bayenet – qui a lutté en tant qu’avocat pour les droits des requérants d’asile, contre les violences policières, et qui a notamment obtenu la liberté de manifester devant l’ambassade américaine contre la guerre en Irak ainsi que l’invalidation de la dissolution de l’association Rhino – s’engage dans la course pour le poste de procureur général pour mener une politique pénale plus humaine, qui recoure moins à la détention préventive (notamment qui ne le fait pas lorsque le prévenu ne présente aucun danger pour la société), qui n’utilise pas systématiquement la prison, mais fasse plus appel aux Travaux d’intérêt général et à l’amende, et surtout qui propose systématiquement un suivi social et une formation qualifiante aux détenus afin de mettre l’accent sur la réinsertion, ce qui devrait permettre de diminuer la récidive.


Le 13 avril, le peuple a le choix : une politique de répression systématique et indiscriminée, ou une politique plus intelligente, plus juste et plus humaine. Le Parti du Travail lui a choisi et appelle à voter pour Pierre Bayenet.

Oui au salaire minimum à 4000 francs!

Le 18 mai prochain, le peuple suisse votera sur l’initiative populaire de l’Union syndicale suisse pour un salaire minimum interprofessionnel de 22 francs à l’heure, soit 4000 francs par mois pour un plein temps, montant qui devra être indexé selon l’inflation.

Le patronat, la droite et le conseil fédéral ont déjà commencé leur campagne contre cette initiative indispensable avec leurs arguments démagogiques habituels qu’ils utilisent contre la moindre exigence d’un peu plus de justice sociale dans ce pays. A les en croire, l’initiative de l’USS ferait planer une terrible menace sur l’économie suisse, provoquerait une véritable explosion du chômage, casserait le si précieux et efficace partenariat social et en plus impliquerait une intervention de l’Etat au sein de la sphère économique, ce qui est bien sûr très mal et liberticide, pour ne pas dire totalitaire. Ces arguments sont bien sûr ridicules, au point qu’il est difficile d’en faire part avec sérieux.

Puisque les milieux patronaux ont déjà lancé leur campagne contre le salaire minimum, le Parti du Travail, qui a soutenu cette initiative de l’USS dès le début, lance la sienne. Car cette initiative est aujourd’hui absolument indispensable. En effet, en 2010, 329'000 travailleurs en Suisse gagnaient moins de 22 francs de l’heure, formant ainsi des légions de « working poor », ceux qui ne peuvent pas vivre dignement de leur travail. De ces 329'000 travailleurs, 70% sont des travailleuses, dont la situation est souvent aggravée par le fait qu’elles sont bien des fois contraintes de travailler à temps partiel, ce qui réduit d’autant leur revenu.

Or, pouvoir gagner sa vie dignement de son travail doit être considéré comme une nécessité vitale, un droit fondamental. Même Adam Smith, fondateur de l’économie politique libérale, reconnaissait que « Un être humain doit pouvoir vivre de son travail et son salaire doit lui permettre de subvenir à ses besoins. Oui, en règle générale le salaire devrait être plus élevé, faute de quoi il serait impossible de nourrir une famille ». La droite hélvétique ne semble pas d’accord.

Et un salaire de 4000 par mois pour un plein temps est bien le minimum pour vivre dignement de son travail. Et prétendre le contrôle, comme le fait le conseiller fédéral Schneider Ammann, qui dit que 3'500 par mois suffisent largement et que de toute manière il suffit de demander l’aide sociale est tout simplement révoltant.

Cette initiative n’est pas moins mais d’autant plus indispensable du fait du vote du 9 février sur l’initiative de l’UDC sur l’ « immigration de masse ». En effet, avec la réintroduction des contingents, il n’y aura pas moins, mais plus de sous-enchère salariale, ainsi que le Parti du Travail l’avait expliqué avant la votation. Et un salaire minimum est sans doute le meilleur moyen d’au moins limiter les effets de la sous-enchère salariale.

La droite prétend que l’initiative de l’USS va faire baisser tous les salaires et que le salaire minimum deviendra le salaire généralisé. C’est faux. En effet, le montant du salaire dépend du rapport de force entre les travailleurs et le patronat. Il n’y a pas de raison que ce rapport de force se détériore au profit des patrons si un salaire minimum est mis en place.

La droite prétend également que le salaire minimum tuerait le partenariat social. Mais que vaut aujourd’hui ce prétendu partenariat social alors que seulement 45% des salariés du pays sont couverts par une CCT prévoyant un salaire minimum ? Il ne peut y avoir aucun « partenariat » entre deux classes dont les intérêts sont antagoniques, mais seulement lutte, et l’instauration d’un salaire minimum légal est un moyen de lutte parfaitement légitime et tactiquement approprié.

En outre, contrairement à ce que prétend le patronat, le salaire minimum serait bénéfique pour l’économie, puisqu’il augmenterait le pouvoir d’achat des salarié les moins bien payés et donc leur consommation. Il serait tout autant bénéfique pour les finances publiques des cantons et des communes, puisque l’aide sociale ne devrait plus prendre en charge des travailleurs qui enfin pourront vivre dignement de leur travail.