29 novembre 2008

Sans théorie révolutionnaire, pas de mouvement révolutionnaire

Je constate que mon article intitulé « retour vers le futur » fut durement attaqué , ce à quoi je m’attendais. J’admets que mes propos étaient plutôt polémiques, ce qui était voulu. J’admets également qu’il était par trop optimiste, et donc erroné, d’estimer que la tendance marxiste-léniniste représente les deux tiers du PST. Elle est évidemment inférieure en nombre, mais pas ultra-minoritaire pour autant, étant tout de même forte à Genève et dominante Outre-Sarine. Par contre je m’étonne de la violence de certains arguments de mes contradicteurs. Je n’ai à aucune reprise, ni au congrès, ni dans les pages de Gauchebdo, qualifié les camarades dont les positions sont opposées aux miennes d’opportunistes; contrairement à ce qui a été parfois dit, je n’ai jamais souhaité attaquer qui que ce soit, ni surtout demandé à marginaliser quelque tendance que ce soit. Mon propos était simplement de présenter les positions d’une certaine tendance du Parti, et non point de me livrer à des attaques personnelles. Du reste, je ne comprends pas qu’un simple article polémique soulève de telles réactions. Il est après tout bien normal que le Parti démocratique que nous sommes possède des tendances divergentes et que ces diverses tendances aient entre elles un débat parfois dur.

Je voudrais aussi répondre à certains propos avec lesquels je ne saurais être d’accord. Je ne ferais pas une explication de texte, mais insisterai en particulier sur un aspect : le lien entre la théorie et la pratique. Je n’ai jamais présenté l’idéologie comme une production intellectuelle détachée de la réalité concrète de la lutte des classes. L’idéologie est dérivée de la réalité sociale, le marxisme est avant tout « l’analyse concrète d’une situation concrète » (Lénine), et celui qui dit le contraire n’est pas marxiste. Mais le marxisme n’est pas non plus le rejet de toute théorie au profit de la seule pratique. Etre marxiste c’est voir le monde de façon dialectique : la théorie est la conceptualisation des contradictions de la société réelle, et cette conceptualisation est en retour nécessaire pour agir sur la réalité. Marx et Lénine ont certes combattu le dogmatisme et le gauchisme, détachés de la pratique. Mais il ne faut pas faire l’erreur de tomber dans l’autre extrême, l’empirisme et le subjectivisme, le spontanéisme et le refus de la théorie que Lénine a combattu au moins autant que le dogmatisme.

Car Lénine a dit avant tout : « Sans théorie révolutionnaire, pas de mouvement révolutionnaire… Seul un parti guidé par une théorie d’avant-garde peut remplir le rôle de combattant d’avant-garde. » Comment saurions-nous encore garder un but final si nous renions l’importance de l’idéologie ?. Car si la lutte de classe réelle est bien notre raison d’être, nous ne saurions nous contenter de porter les exigences immédiates du prolétariat, car un projet communiste ne peut naître de lui-même de cette somme de combats partiels. La lutte politique, c’est-à-dire la lutte pour le communisme, a nécessairement besoin d’un apport théorique provenant de l’extérieur, c'est-à-dire du marxisme-léninisme porté par le Parti communiste. Et puisque nous jusqu’à nouvel ordre nous vivons dans une société fondée sur des rapports de production capitalistes, le marxisme-léninisme, s’il doit être adapté aux conditions réelles de la lutte des classes en Suisse, demeure valide. Il ne s’agit donc pas d’une "pensée magique" mais d’un guide indispensable pour l’action.

Quelle crédibilité auraient nos revendications si nous ne pouvons les fonder sur une base théorique solide ? Comment pourrions-nous justifier qu’un monde plus juste est possible sans théorie révolutionnaire ? Et dans ce cas la droite aurait raison de nous traiter d’utopistes aux propositions farfelues, puisque nous nous serions privés de la simple possibilité de contre-argumenter sérieusement. Rassembler toutes les classes populaires, cela va de soi ! Adapter notre discours aux aspirations du peuple, évidemment ! Mais « les victoires idéologiques précédent toujours les victoires politiques » (Antonio Gramsci), et avant de pouvoir rassembler qui que ce soit, nous devons d’abord convaincre. Et pour cela précisément nous avons besoin de la théorie marxiste-léniniste. Car les mots que nous utilisons ont de l’importance. Car « la langue est la réalité première de la pensée » (Karl Marx), et si l’on dit « justice sociale » au lieu de « communisme », « lutte pour une société plus juste » plutôt que « lutte de classes », ou « Etat de tout le peuple » plutôt que «république populaire », ce n’est pas la même chose avec d’autres mots, mais bien autre chose que nous disons.

12 novembre 2008

Retour vers le futur

Dans les pages du Gauchebdo de la semaine dernière traitant du 19e congrès national du PST il est maintes fois fait mention de la ligne « orthodoxe » du Parti. Sur cette ligne, qui est tout de même celle d’environ deux tiers des délégués, circule bon nombre de jugements partiels, d’appréciations inexactes, ainsi que de critiques au contenu douteux de la part du camarade Jean-Baptiste Blanc. Néanmoins, aucun représentant de la ligne « orthodoxe » n’était invité à expliquer la position de sa tendance, qui est pourtant largement majoritaire au sein du Parti. Ayant été un des porte-paroles de la ligne « orthodoxe » au congrès, je vais faire ce travail qui, je l’espère, permettra de lever un certain nombre de malentendus.

De l’usage du terme « orthodoxe »

La tendance majoritaire du Parti a été qualifiée par notre camarade Jean-Baptiste Blanc d’ « orthodoxe ». Toutefois l’usage de ce terme est discutable et susceptible d’induire en erreur. Alors sommes-nous des « orthodoxes » ? Oui et non ! Si ce qualificatif désigne une fidélité inconditionnelle aux principes du communisme, alors la réponse est oui sans hésiter. Néanmoins, le terme « orthodoxe » est à l’origine lié à l’Eglise d’Orient qui prit cette étiquette pour affirmer sa fidélité au dogme. Et par là, en faire usage pour parler de la tendance majoritaire du PST est pernicieux : il sous-entend ainsi que la majorité des militants du PST seraient en fait des dogmatiques, pour ne pas dire des staliniens. Or le marxisme-léninisme n’est précisément pas un dogme ! Au contraire, c’est une pensée vivante, ouverte, et continuellement novatrice. C’est pourquoi, il est préférable de parler de ligne marxiste-léniniste plutôt que de ligne « orthodoxe »

Qu’est-ce que pour nous le communisme ?

Concernant la volonté de l’écrasante majorité des délégués de renforcer l’identité communiste du PST, il est à maints endroits sous-entendu que le terme « communisme » soit flou, voire incompris par ces délégués. Or c’est faux ! La ligne marxiste-léniniste du PST comprend les concepts qu’elle utilise. Les articles résumant les débats du congrès citent certes souvent les intervenants au congrès, mais aucune de ces citations ne contient les références idéologiques utilisées par les délégués de la tendance majoritaire, qui auraient pourtant été éclairantes. Il est certes fait mention des expériences socialistes d’Amérique latine qui sont intéressantes et porteuses d’espoir pour la renaissance du mouvement communiste international. Néanmoins, les communistes du PST n’ont pas que ces expériences en cours comme référence, nous avons aussi et surtout une base idéologique qui est précisément le marxisme-léninisme. Le terme « communisme » n’a rien de flou, il signifie aujourd’hui avant tout la réalisation concrète du projet du Manifeste du Parti communiste dans les conditions du XXIe siècle. Et cela a été dit ! A titre d’exemple, j’avais dit au congrès : « la modernité c’est Marx et Lénine », et défini comme but « l’instauration d’une république populaire » et « le passage à une économie planifiée » ; citations qui annoncent bien la couleur et qui auraient permis à tous les lecteurs du Gauchebdo de comprendre ce que nous entendons par communisme. Sans doute nombres de points concrets de notre projet communiste restent à approfondir, mais cela ne signifie nullement que nous ne sachions pas quelle société nous voulons construire.
Du rejet des résolutions vaudoise et jurassienne

Pour expliquer le rejet de la résolution vaudoise par la quasi-totalité des délégués non-vaudois, notre camarade Jean-Baptiste sort ce qu’il affirme être les deux objections principales, et une argumentation sophistique. Car il passe sous silence ce qui est tout simplement LA raison fondamentale du rejet de la résolution vaudoise, et de même de la jurassienne. La question n’est pas de savoir si une fusion de tout ce qui peut y avoir à la gauche du PSS est possible et/ou efficace. C’est que l’idée même est incompatible avec le rôle de notre Parti ! Car nous sommes, ou du moins devons être, un Parti de classe, ayant le marxisme-léninisme comme base idéologique et la construction d’une société communiste comme but final. Fusionner avec tous les mouvements à la gauche du PSS nous aurait conduits à nous dissoudre dans un parti auberge-espagnole, sans ligne claire, avec l’opposition à la droite comme seule base idéologique. De plus, vus la faible importance des forces de la « gauche combative » en Suisse, le parti unifié ainsi crée aurait tout de même été plus que petit. Remplacer un Parti communiste faible mais détenteur d’un projet porteur d’avenir par un groupuscule social-démocrate de gauche : brillante vision politique !
Pourquoi nous appeler Parti communiste ?

Un changement de nom est la suite logique du renforcement de l’identité communiste du Parti. Certes, comme l’a dit Jean-Baptiste Blanc, « la nécessité de nommer à tout prix le parti de la classe ouvrière « communiste » n’est pas un principe du marxisme-léninisme ». Néanmoins, « les victoires idéologiques précédent toujours les victoires politiques » (Antonio Gramsci) ; et pour la dure lutte idéologique que nous devons mener, une clarification de notre identité n’est pas de trop. Citer le climat anticommuniste qui nous entoure pour refuser ce changement est une attitude de renoncement et une analyse erronée. Céder à la pression des médias bourgeois, payés pour mener la lutte des idées au service du capital, serait une capitulation. La seule voie de la victoire pour nous est d’oser mener une vraie lutte idéologique contre la bourgeoisie, une lutte que nous ne pouvons mener qu’avec nos idées et nos concepts, et pas avec ceux que cherchent à nous imposer les bourgeois. L’inquiétude du camarade Jean-Baptiste Blanc que ce changement de nom pourrait poser problème à certains militants, nombreux dans certaines sections, qui ne se considèrent pas comme communistes, je la comprends. Mais la résolution bernoise autorise les sections qui le souhaiteraient à garder leur ancien nom, ce qui devrait permettre de conserver l’unité du Parti, qui se doit d’avoir une ligne générale claire, et non pas un consensus helvétique entre toutes les tendances, car il est impossible de mener une lutte idéologique digne de ce nom sans projet politique structuré et univoque.

04 novembre 2008

Du maccarthisme en Suisse

notre camarade Rolf Zbinden
"Depuis que le capitalisme existe, les communistes appartiennent au camp des persécutés de cette terre mais pas au camp de ceux qui n'ont pas d'avenir " Erich Honecker



Cette citation du regretté dernier président de la République Démocratique Allemande est aujourd'hui plus d'actualité que jamais. Jugez-en plutôt:



"Le 19e congrès du Parti suisse du travail a décidé à l’unanimité de déclarer sa solidarité avec le conseiller communal bernois (législatif, élu du PST) Rolf Zbinden.

Rolf Zbinden a été jugé coupable de contraite et d’émeute devant le tribunal de Bern-Laupen le 28 octobre 2008, pour avoir fait usage du droit de manifestation lors de la « Marche sur Berne » de l’UDC l’automne dernier.

Le Parti du Travail PST-POP est choqué par ce jugement scandaleux, qui a fait de Rolf Zbinden un exemple et criminalisé l’opposition démocratique contre le projet fascistoïde de l’UDC. Le message du jugement est très clair : les professeurs n’ont plus le droit à la libre expression. Par cet exemple, la justice politique ne souhaite qu’une chose : éloigner les citoyens de toute forme de résistance. Elle n’y parviendra pas !

En outre, Rolf Zbinden a été condamné pour « menaces et violence contre la police » par ce même tribunal et le même jour, en première instance. Rolf Zbinden aurait menacé et frappé un policier lors d’une manifestation de solidarité contre l’expulsion d’une maison de jeunesse à Copenhague en mars 2007, devant l’ambassade danoise à Berne. Ces fait sont totalement démentis par l’intéressé ainsi que par deux témoins.

Bien que la juge ait insisté sur la crédibilité des témoignages des personnes présentes lors des faits, les déclarations pourtant contradictoires de deux policiers l’ont emporté et Rolf Zbinden a été condamné à 10 jours-amendes. Son avocat a fait appel contre ce jugement le même jour.
Le licenciement de Rolf Zbinden de son poste à l’école professionnelle artisanale et industrielle de Berne (Gewerblich-Industrielle Berufsschule Bern, GIBB), basé sur ce jugement, est inacceptable pour le PST-POP.

Le congrès du PST-POP exige par conséquent le retrait du licenciement prononcé contre Rolf Zbinden, qui intervient après 25 ans d’enseignement dans cet établissement." (communiqué de presse du PST)

Les années les plus sombres du maccarthysme ne sont pas loin. C'est que la bourgeoisie a toujours peur des communistes, malgré l'actuelle faiblesse du PST. Et avec raison! Car les bourgeois savent mieux que personne que les communistes mettront fin à leur tyrannie. En effet le communisme n'est pas le pouvoir de quelques nomenclaturiste, mais l'éternel combat des opprimés pour plus de justice. Alors réjoignez tous le Parti du Travail, pour ensemble mettre fin à des siècles de ténèbres, pour renverser la tyrannie des puissants et construire enfin un monde meilleur!