23 décembre 2008

Petite vidéo sur Sarkozy


Sarkozy empereur malefique
Vidéo envoyée par
sarkophage

Retrouvez d'autres vidéos et détournements sur le blog anti sarko le plus connu :
http://sarkostique.over-blog.com/

07 décembre 2008

Que penser de la victoire d'Obama?

source de l'image: civilisation socialista

« Je construirai une armée du XXIe siècle et un partenariat aussi puissant que l’alliance anticommuniste qui a remporté la guerre froide, afin que nous demeurions partout à l’offensive, de Djibouti à Kandahar. » Barack Obama

C'est un fait, Barack Obama sera le 44ème président des Etats-Unis d'Amérique. Pour une fois, l'opinion des analystes de droite comme de gauche est unanime pour saluer sa victoire. Les commentateurs de tous bords n'ont pas de mots assez élogieux pour décrire M. Obama. A les croire, c'est à peine s'il ne serait pas le nouveau messie venu tout droit du ciel pour mettre fin aux ténèbres de l'ère Bush et restaurer l'image des Etats-Unis tels que nous (qui est inclu dans ce "nous" d'ailleurs) les aimons, des States idéaux animés par un esprit de démocratie et de tolérance. Faut-il pour autant rejoindre cet enthousiasme béat et se réjouir de la victoire du candidat démocrate? Certes, il est incontestable que l'élection d'un noir à la présidence des USA est une première historique et un grand progrès dans le dépassement du racisme aux Etats-Unis (qui n'est pas vaicu pour autant) et qu'à tout prendre Obama est toujours moins pire, voire à certains égards plus progressiste, que McCain, et surtout que Sarah Palin si ce dernier devait décéder avant la fin de son hypothétique mandat. Mais cela suffit-il pour faire d'Obama un homme de gauche, ou du moins de centre-gauche?

La réponse est clairement non. Sans être, à l'image de Bush et McCain d'extrême-droite, Obama n'en est pas moins de droite, voire de droite dure. Du reste, le Parti radical genevois ne dit pas le contraire. Et ce n'est même pas qu'il ait fait des promesses qu'il ne voudra pas tenir, comme cela fut en partie le cas pour Bill Clinton. Car les promesses progressistes d'Obama n'existent que dans l'imagination de quelques journalistes et politiciens de gauche européens, qui n'ont visiblement pas pris la peine de lire un seul discours d'Obama, et en tout cas pas de s'informer sur son programme réel sur son site de campagne après sa victoires contre Hillary Clinton. Barck Obama est sans doute un orateur d'exception, maîtrisant brillamment la rhétorique classique et un homme charismatique qui sait donner à ses discours le ton de l'espoir, voire une certaine phraséologie progressiste. Mais cela ne veut pas dire pour autant qu'il ait fait la moindre promesse progressiste concrète. Le caractère "progressiste"de ses discours tient uniquement à des slogans creux martelés jour après jour dans des clips télévisés généreusement payés par de riches donateurs de Wall Street, des slogans tels que le celèbre "Yes, we can", qui n'a en fin de compte aucun sens. La seule chose qu'a promis Obama, c'est le "changement", dont le contenu ne fut à aucun moment précisé, ce qui fait du candidat démocrate tout au plus un habile démagogue.
Rappelon qu'Obama est contre une couverture de santé universelle, contrairement à Hillary Clinton, qui n'est pas exactement de gauche pourtant; cela alors que 46 millions d'Américains sont privés d'assurance maladie, qui est privée aux USA, faute de pouvoir payer, et qui donc ne sont pas soignés s'ils ne peuvent payer de leur poche, ce qui est presque toujours le cas. Et une majorité d'Américains qui ont une assurance maladie bon marché sont souvent non-soignés, sauf cas d'extrême nécessité, à cause de la volonté de leur caisse de payer le moins possible. C'est pourquoi l'espérence de vie est inférieure aux USA qu'à Cuba. Et quand on pense que c'est un tel système que Couchepin veut nous imposer! Obama est aussi pour la peine de mort. Et pour des réductions d'impôts aux "classes moyennes" dont il se fait le défenseur, alors que selon les tranches de revenus sur lesquels il se base se révèlent être les classes supérieures, ce qui supprime d'office tout espoir du moindre progrès social, ainsi que celui de résorber la dette du pays le plus endetté du monde (et le plus à droite...la droite hélvétique devrait y penser)
Et contrairement à ce que l'on pense souvent, l'un des volets les plus dangereux du programme d'Obama concerne la politique étrangère. La citation placée en tête de cet article le prouve, le nouveau président des Etats-Unis mènera une politique plus impérialiste que jamais. Il a d'ailleurs prévu de renforcer encore l'armée américaine, tenu des propos belliqueux face à l'Iran et à la Syrie, annoncé son intention de renforcée encore l'oppression impérialiste du peuple afgan, et devenu de plus en plus flou sur le calendrier réel du retrait d'Irak, avouant à demi-mot que l'armée étatsunienne y restera durablement. Il fermera peut-être Guantanamo, en tant que symbole par trop gênant, mais pas les innombrables prisons secrètes de la CIA (près de 400 en Irak), ni n'interdira la torture. Il est opposé aux régimes socialistes et anti-impérialistes de Bolivie et du Venezuela, critiquant d'ailleurs Bush d'avoir été "inéficace contre les démagogues" (démagogues? balayez devant votre porte M. Obama), et partisan d'une ligne dure face au peuple cubain. Ce développement est loin d'être exhaustif, j'y joins deux liens à lire absolument: un article de Gauchebdo et un de Mondialisation.ca.
En guise de conclusion nous pouvons dire à quel point sont mal inspirés ceux qui chantent des louanges à la démocratie américaine, ceux qui disent que les USA sont plus démocratique que ne l'était l'URSS ou ne l'est la Chine, ainsi que ceux qui disent que le bipartisme et l'alternance sont une bonne solution pour la démocratie. Car un Parti unique ou deux partis qui occupent à eux seuls tout le champs politique et empêchent les autres de faire entendre leur voix revient strictement au même. Les Etats-Unis d'aujourd'hui ne sont nullement une démocratie, mais une ploutocratie dirigée de facto par un Parti unique, les "républicrates", et où le soutient de Wall Street est la condition sine qua non pour être élu ou entendu, et où quelques lobbies du grand capital monopolistes règnent sans partage. D'ailleurs Barack Obama dit des Républicains « comprendre (leurs) motivations et reconnaître chez eux des valeurs [qu’il] partage », belle preuve de la stricte similitude entre les deux partis et des intérêts qu'ils défendent, confirmée par la composition du futur gouvernement Obama, mi-démocrate et mi-républicain (comptant notamment Colin Powell). Car l'alternance n'est pas la démocratie, ce n'en est qu'un triste simulacre, où les divergences les plus anecdotiques sont exagérées à mort, mais c'est toujours la même politique, celle des puissants, qui est appliquée. L'alternance vise essentiellement à simuler le jeu démocratique, et par le dangereux mensonge du "vote utile" à empêcher d'émerger tout troisième parti dont les buts pourraient être différents des deux, et ainsi à étouffer toute lutte des classes au niveau institutionnel. Car combien de candidats y avait-il aux élections présidentielles américaines? deux? Non, 10! Mais qui en parle? qui parle du socialiste Brian Moore? et l'écologiste de gauche Ralph Nader? et le trotskyste Roger Calero? Les démagogues comme Obama, ou les leaders de la pseudo-gauche officielle qui le soutiennent tels Walter Veltroni ou Ségolène Royal ne sont porteurs d'aucun espoir d'émancipation pour les peuples. Ils ne servent qu'à étouffer la voix de ceux qui représentent vraiment les travailleurs pour appliquer une politique au service du capital avec les votes des opprimés qui souffrent et qui se laissent tromper par leurs discours mensongers, à étouffer la voix des communistes qui seuls luttent pour une vraie alternative à l'injustice du marché et de la ploutocratie, qui seuls peuvent construire un monde meilleur où toute exploitation sera abolie, un monde communiste.

29 novembre 2008

Sans théorie révolutionnaire, pas de mouvement révolutionnaire

Je constate que mon article intitulé « retour vers le futur » fut durement attaqué , ce à quoi je m’attendais. J’admets que mes propos étaient plutôt polémiques, ce qui était voulu. J’admets également qu’il était par trop optimiste, et donc erroné, d’estimer que la tendance marxiste-léniniste représente les deux tiers du PST. Elle est évidemment inférieure en nombre, mais pas ultra-minoritaire pour autant, étant tout de même forte à Genève et dominante Outre-Sarine. Par contre je m’étonne de la violence de certains arguments de mes contradicteurs. Je n’ai à aucune reprise, ni au congrès, ni dans les pages de Gauchebdo, qualifié les camarades dont les positions sont opposées aux miennes d’opportunistes; contrairement à ce qui a été parfois dit, je n’ai jamais souhaité attaquer qui que ce soit, ni surtout demandé à marginaliser quelque tendance que ce soit. Mon propos était simplement de présenter les positions d’une certaine tendance du Parti, et non point de me livrer à des attaques personnelles. Du reste, je ne comprends pas qu’un simple article polémique soulève de telles réactions. Il est après tout bien normal que le Parti démocratique que nous sommes possède des tendances divergentes et que ces diverses tendances aient entre elles un débat parfois dur.

Je voudrais aussi répondre à certains propos avec lesquels je ne saurais être d’accord. Je ne ferais pas une explication de texte, mais insisterai en particulier sur un aspect : le lien entre la théorie et la pratique. Je n’ai jamais présenté l’idéologie comme une production intellectuelle détachée de la réalité concrète de la lutte des classes. L’idéologie est dérivée de la réalité sociale, le marxisme est avant tout « l’analyse concrète d’une situation concrète » (Lénine), et celui qui dit le contraire n’est pas marxiste. Mais le marxisme n’est pas non plus le rejet de toute théorie au profit de la seule pratique. Etre marxiste c’est voir le monde de façon dialectique : la théorie est la conceptualisation des contradictions de la société réelle, et cette conceptualisation est en retour nécessaire pour agir sur la réalité. Marx et Lénine ont certes combattu le dogmatisme et le gauchisme, détachés de la pratique. Mais il ne faut pas faire l’erreur de tomber dans l’autre extrême, l’empirisme et le subjectivisme, le spontanéisme et le refus de la théorie que Lénine a combattu au moins autant que le dogmatisme.

Car Lénine a dit avant tout : « Sans théorie révolutionnaire, pas de mouvement révolutionnaire… Seul un parti guidé par une théorie d’avant-garde peut remplir le rôle de combattant d’avant-garde. » Comment saurions-nous encore garder un but final si nous renions l’importance de l’idéologie ?. Car si la lutte de classe réelle est bien notre raison d’être, nous ne saurions nous contenter de porter les exigences immédiates du prolétariat, car un projet communiste ne peut naître de lui-même de cette somme de combats partiels. La lutte politique, c’est-à-dire la lutte pour le communisme, a nécessairement besoin d’un apport théorique provenant de l’extérieur, c'est-à-dire du marxisme-léninisme porté par le Parti communiste. Et puisque nous jusqu’à nouvel ordre nous vivons dans une société fondée sur des rapports de production capitalistes, le marxisme-léninisme, s’il doit être adapté aux conditions réelles de la lutte des classes en Suisse, demeure valide. Il ne s’agit donc pas d’une "pensée magique" mais d’un guide indispensable pour l’action.

Quelle crédibilité auraient nos revendications si nous ne pouvons les fonder sur une base théorique solide ? Comment pourrions-nous justifier qu’un monde plus juste est possible sans théorie révolutionnaire ? Et dans ce cas la droite aurait raison de nous traiter d’utopistes aux propositions farfelues, puisque nous nous serions privés de la simple possibilité de contre-argumenter sérieusement. Rassembler toutes les classes populaires, cela va de soi ! Adapter notre discours aux aspirations du peuple, évidemment ! Mais « les victoires idéologiques précédent toujours les victoires politiques » (Antonio Gramsci), et avant de pouvoir rassembler qui que ce soit, nous devons d’abord convaincre. Et pour cela précisément nous avons besoin de la théorie marxiste-léniniste. Car les mots que nous utilisons ont de l’importance. Car « la langue est la réalité première de la pensée » (Karl Marx), et si l’on dit « justice sociale » au lieu de « communisme », « lutte pour une société plus juste » plutôt que « lutte de classes », ou « Etat de tout le peuple » plutôt que «république populaire », ce n’est pas la même chose avec d’autres mots, mais bien autre chose que nous disons.

12 novembre 2008

Retour vers le futur

Dans les pages du Gauchebdo de la semaine dernière traitant du 19e congrès national du PST il est maintes fois fait mention de la ligne « orthodoxe » du Parti. Sur cette ligne, qui est tout de même celle d’environ deux tiers des délégués, circule bon nombre de jugements partiels, d’appréciations inexactes, ainsi que de critiques au contenu douteux de la part du camarade Jean-Baptiste Blanc. Néanmoins, aucun représentant de la ligne « orthodoxe » n’était invité à expliquer la position de sa tendance, qui est pourtant largement majoritaire au sein du Parti. Ayant été un des porte-paroles de la ligne « orthodoxe » au congrès, je vais faire ce travail qui, je l’espère, permettra de lever un certain nombre de malentendus.

De l’usage du terme « orthodoxe »

La tendance majoritaire du Parti a été qualifiée par notre camarade Jean-Baptiste Blanc d’ « orthodoxe ». Toutefois l’usage de ce terme est discutable et susceptible d’induire en erreur. Alors sommes-nous des « orthodoxes » ? Oui et non ! Si ce qualificatif désigne une fidélité inconditionnelle aux principes du communisme, alors la réponse est oui sans hésiter. Néanmoins, le terme « orthodoxe » est à l’origine lié à l’Eglise d’Orient qui prit cette étiquette pour affirmer sa fidélité au dogme. Et par là, en faire usage pour parler de la tendance majoritaire du PST est pernicieux : il sous-entend ainsi que la majorité des militants du PST seraient en fait des dogmatiques, pour ne pas dire des staliniens. Or le marxisme-léninisme n’est précisément pas un dogme ! Au contraire, c’est une pensée vivante, ouverte, et continuellement novatrice. C’est pourquoi, il est préférable de parler de ligne marxiste-léniniste plutôt que de ligne « orthodoxe »

Qu’est-ce que pour nous le communisme ?

Concernant la volonté de l’écrasante majorité des délégués de renforcer l’identité communiste du PST, il est à maints endroits sous-entendu que le terme « communisme » soit flou, voire incompris par ces délégués. Or c’est faux ! La ligne marxiste-léniniste du PST comprend les concepts qu’elle utilise. Les articles résumant les débats du congrès citent certes souvent les intervenants au congrès, mais aucune de ces citations ne contient les références idéologiques utilisées par les délégués de la tendance majoritaire, qui auraient pourtant été éclairantes. Il est certes fait mention des expériences socialistes d’Amérique latine qui sont intéressantes et porteuses d’espoir pour la renaissance du mouvement communiste international. Néanmoins, les communistes du PST n’ont pas que ces expériences en cours comme référence, nous avons aussi et surtout une base idéologique qui est précisément le marxisme-léninisme. Le terme « communisme » n’a rien de flou, il signifie aujourd’hui avant tout la réalisation concrète du projet du Manifeste du Parti communiste dans les conditions du XXIe siècle. Et cela a été dit ! A titre d’exemple, j’avais dit au congrès : « la modernité c’est Marx et Lénine », et défini comme but « l’instauration d’une république populaire » et « le passage à une économie planifiée » ; citations qui annoncent bien la couleur et qui auraient permis à tous les lecteurs du Gauchebdo de comprendre ce que nous entendons par communisme. Sans doute nombres de points concrets de notre projet communiste restent à approfondir, mais cela ne signifie nullement que nous ne sachions pas quelle société nous voulons construire.
Du rejet des résolutions vaudoise et jurassienne

Pour expliquer le rejet de la résolution vaudoise par la quasi-totalité des délégués non-vaudois, notre camarade Jean-Baptiste sort ce qu’il affirme être les deux objections principales, et une argumentation sophistique. Car il passe sous silence ce qui est tout simplement LA raison fondamentale du rejet de la résolution vaudoise, et de même de la jurassienne. La question n’est pas de savoir si une fusion de tout ce qui peut y avoir à la gauche du PSS est possible et/ou efficace. C’est que l’idée même est incompatible avec le rôle de notre Parti ! Car nous sommes, ou du moins devons être, un Parti de classe, ayant le marxisme-léninisme comme base idéologique et la construction d’une société communiste comme but final. Fusionner avec tous les mouvements à la gauche du PSS nous aurait conduits à nous dissoudre dans un parti auberge-espagnole, sans ligne claire, avec l’opposition à la droite comme seule base idéologique. De plus, vus la faible importance des forces de la « gauche combative » en Suisse, le parti unifié ainsi crée aurait tout de même été plus que petit. Remplacer un Parti communiste faible mais détenteur d’un projet porteur d’avenir par un groupuscule social-démocrate de gauche : brillante vision politique !
Pourquoi nous appeler Parti communiste ?

Un changement de nom est la suite logique du renforcement de l’identité communiste du Parti. Certes, comme l’a dit Jean-Baptiste Blanc, « la nécessité de nommer à tout prix le parti de la classe ouvrière « communiste » n’est pas un principe du marxisme-léninisme ». Néanmoins, « les victoires idéologiques précédent toujours les victoires politiques » (Antonio Gramsci) ; et pour la dure lutte idéologique que nous devons mener, une clarification de notre identité n’est pas de trop. Citer le climat anticommuniste qui nous entoure pour refuser ce changement est une attitude de renoncement et une analyse erronée. Céder à la pression des médias bourgeois, payés pour mener la lutte des idées au service du capital, serait une capitulation. La seule voie de la victoire pour nous est d’oser mener une vraie lutte idéologique contre la bourgeoisie, une lutte que nous ne pouvons mener qu’avec nos idées et nos concepts, et pas avec ceux que cherchent à nous imposer les bourgeois. L’inquiétude du camarade Jean-Baptiste Blanc que ce changement de nom pourrait poser problème à certains militants, nombreux dans certaines sections, qui ne se considèrent pas comme communistes, je la comprends. Mais la résolution bernoise autorise les sections qui le souhaiteraient à garder leur ancien nom, ce qui devrait permettre de conserver l’unité du Parti, qui se doit d’avoir une ligne générale claire, et non pas un consensus helvétique entre toutes les tendances, car il est impossible de mener une lutte idéologique digne de ce nom sans projet politique structuré et univoque.

04 novembre 2008

Du maccarthisme en Suisse

notre camarade Rolf Zbinden
"Depuis que le capitalisme existe, les communistes appartiennent au camp des persécutés de cette terre mais pas au camp de ceux qui n'ont pas d'avenir " Erich Honecker



Cette citation du regretté dernier président de la République Démocratique Allemande est aujourd'hui plus d'actualité que jamais. Jugez-en plutôt:



"Le 19e congrès du Parti suisse du travail a décidé à l’unanimité de déclarer sa solidarité avec le conseiller communal bernois (législatif, élu du PST) Rolf Zbinden.

Rolf Zbinden a été jugé coupable de contraite et d’émeute devant le tribunal de Bern-Laupen le 28 octobre 2008, pour avoir fait usage du droit de manifestation lors de la « Marche sur Berne » de l’UDC l’automne dernier.

Le Parti du Travail PST-POP est choqué par ce jugement scandaleux, qui a fait de Rolf Zbinden un exemple et criminalisé l’opposition démocratique contre le projet fascistoïde de l’UDC. Le message du jugement est très clair : les professeurs n’ont plus le droit à la libre expression. Par cet exemple, la justice politique ne souhaite qu’une chose : éloigner les citoyens de toute forme de résistance. Elle n’y parviendra pas !

En outre, Rolf Zbinden a été condamné pour « menaces et violence contre la police » par ce même tribunal et le même jour, en première instance. Rolf Zbinden aurait menacé et frappé un policier lors d’une manifestation de solidarité contre l’expulsion d’une maison de jeunesse à Copenhague en mars 2007, devant l’ambassade danoise à Berne. Ces fait sont totalement démentis par l’intéressé ainsi que par deux témoins.

Bien que la juge ait insisté sur la crédibilité des témoignages des personnes présentes lors des faits, les déclarations pourtant contradictoires de deux policiers l’ont emporté et Rolf Zbinden a été condamné à 10 jours-amendes. Son avocat a fait appel contre ce jugement le même jour.
Le licenciement de Rolf Zbinden de son poste à l’école professionnelle artisanale et industrielle de Berne (Gewerblich-Industrielle Berufsschule Bern, GIBB), basé sur ce jugement, est inacceptable pour le PST-POP.

Le congrès du PST-POP exige par conséquent le retrait du licenciement prononcé contre Rolf Zbinden, qui intervient après 25 ans d’enseignement dans cet établissement." (communiqué de presse du PST)

Les années les plus sombres du maccarthysme ne sont pas loin. C'est que la bourgeoisie a toujours peur des communistes, malgré l'actuelle faiblesse du PST. Et avec raison! Car les bourgeois savent mieux que personne que les communistes mettront fin à leur tyrannie. En effet le communisme n'est pas le pouvoir de quelques nomenclaturiste, mais l'éternel combat des opprimés pour plus de justice. Alors réjoignez tous le Parti du Travail, pour ensemble mettre fin à des siècles de ténèbres, pour renverser la tyrannie des puissants et construire enfin un monde meilleur!

21 septembre 2008

Programme électoral de la liste n°17 pour la constituante




Le 18 octobre prochain, le peuple devra élire une assemblée constituante chargée de réviser entièrement la constitution genevoise. Nous y étions initialement opposés, car une révision totale laisse à la droite majoritaire dans ce canton la possibilité de faire discrètement passer à la trappe nombre d’acquis démocratique et sociaux, obtenus par des décennies de lutte des mouvements ouvriers et progressistes. Toutefois, désormais que le peuple a accepté le principe d’une constituante, le Parti du Travail, les communistes et quelques personnes extérieures à nos deux partis mais proches de nos idées que sont les progressistes ont décidé de s’unir sur une même liste pour porter haut et fort les revendications légitimes de tous les laissés pour compte de la Genève des banquiers et des multinationales. Notre liste est la seule à présenter des ouvriers, à présenter des candidats issus du peuple plutôt que des juristes et des représentants de l’élite économique. Le Parti du Travail et les communistes ont des objectifs d’avenir clairs et ambitieux : nous représentons toutes les classes sociales qui souffrent de l’oppression capitaliste, notre but à long terme est l’abolition de l’exploitation de l’homme par l’homme pour la construction d’une société socialiste. Dans le cadre de la constituante, nous avons la ferme intention de nous battre pour obtenir la constitution la plus démocratique et la plus sociale possible, dans les limites autorisées par la subordination au droit fédéral. Notre combat portera en priorité sur deux axes :

Ø POUR l’extension des droits démocratiques, économiques et sociaux de la population

Ø CONTRE toute remise en cause des éléments progressistes contenus dans le texte actuel.

La constitution est la loi fondamentale du canton, le combat de la constituante est donc une priorité absolue car toutes les lois sont en principe alignées sur le texte de la constitution en vigueur. Or la constitution actuelle contient une série de dispositions obtenues au fil de décennies de luttes du mouvement progressiste et ouvrier, notamment dans le domaine des droits démocratiques, individuels et populaires, des droits des locataires, de la laïcité, de l’égalité entre hommes et femmes ou de la protection de l’environnement. Il est faux de dire que la constitution actuelle est archaïque, car elle a été soumise à maintes révisions partielles. Mais ces droits sont aujourd’hui devenus insupportables pour la droite, qui souhaite un texte « moderne », c'est-à-dire vidé de ses acquis sociaux et démocratiques en jargon néolibéral. Nous défendrons ces acquis, voire certaines dispositions progressistes introduites par les radicaux de James-Fazy en 1848, face aux attaques de la droite et de l’extrême-droite.

Toutefois nous ne sommes pas seulement une force d’opposition à la droite, mais avant tout une force de proposition et de progrès. La constitution actuelle ne saurait être la panacée pour nous. Nous voulons montrer que le capitalisme néolibéral n’est pas la fin de l’histoire, que le pouvoir de la bourgeoisie n’est pas invulnérable, que le progrès social et démocratique est plus possible et nécessaire que jamais. C’est pourquoi nous nous battrons pour une constitution plus démocratique et plus sociale, une constitution qui protège le peuple et pas seulement les puissants, une constitution qui libère les citoyens plutôt que de les asservir.



Voilà ce que nous proposons concrètement :

Economie et service public : la santé et les soins, la formation, le logement, les transports, l’énergie et la protection de l’environnement sont des prestations de service public et ne doivent donc pas être soumises aux lois du marché où le profit prime sur toute autre considération. Ces tâches d’intérêt général doivent être assumées par l’Etat par l’intermédiaire de régies publiques, qui doivent être gérées comme telles et non pas comme des entreprises privées, c'est-à-dire qu’elles doivent viser l’intérêt général quitte à être déficitaires, et en aucun cas la rentabilité. Les conseils d’administration des régies publiques doivent être composés de représentants des partis présents au Grand Conseil ainsi que de représentants du personnel. L’Etat doit pouvoir cantonaliser des entreprises nécessaires pour exécuter ces tâches de service public, ainsi que des entreprises en faillite pour préserver des emplois et les faire fonctionner dans le respect de l’intérêt général et de l’environnement. La liberté d’entreprise doit être conditionnée au respect des lois sociales, de la protection de l’environnement et de l’intérêt général.

Emploi et salaires : le droit à l’emploi doit être inscrit dans la constitution, l’Etat doit prendre toutes les mesures nécessaires afin d’y pourvoir. Un salaire minimum d’au moins 4’000 francs nets par moi pour un travail à plein temps, indexé selon l’inflation, doit être inscrit dans la constitution ; ce montant ne doit toutefois s’impliquer qu’en l’absence d’une convention collective de travail prévoyant un salaire supérieur, la disposition sur le salaire minimum ne peut servir de prétexte pour le patronat pour remettre une CCT existante en cause. Le salaire des magistrats, des cadres de la fonction publique et des régies publiques ne doit pas dépasser le triple du salaire minimum, soit 12'000 francs par mois, indexé selon l’inflation.

Revenu minimum : le principe d'un revenu minimum par mois et par personne, permettant de vivre dignement indexé selon l’inflation, doit être inscrit dans la constitution, afin de garantir des conditions d’existence décentes à tous, y compris aux sans-emplois.

Egalité devant l’impôt : le centime additionnel doit être le même pour toutes les communes du canton, une péréquation intercommunale répartissant les recettes finales en fonction des besoins, cela pour mettre un terme aux paradis fiscaux et garantir des recettes suffisantes aux communes qui ont de réels besoins. Les holdings doivent être astreintes à l’impôt, comme cela se fait dans d’autres cantons. Les forfaits fiscaux doit être aboli.

Droit au logement : l’Etat doit prendre toutes les mesures nécessaires pour garantir le droit au logement, qui reste encore une utopie aujourd’hui. L’Etat doit prendre toutes les mesures nécessaires pour freiner la spéculation immobilière et foncière. L’Etat, ou la commune, doit avoir l’obligation de collectiviser des terrains pour la construction de logements et donner la priorité au logement subventionné et aux coopératives d’habitants, et non pas aux promoteurs immobiliers. Un quota d’un tiers de logements sociaux dans toutes les communes doit être fixé. L’extension des zones villa doit être interdite, celles-ci doivent au contraire être drastiquement limitées en faveur du logement locatif, ce qui serait la moindre des choses dans un canton densément peuplé comme Genève. Il doit être interdit de laisser un logement vide, le cas échéant l’Etat doit avoir l’obligation de le retirer immédiatement à son propriétaire pour le mettre en location. Les expulsions sans relogement immédiat doivent être interdites.

Santé : l’Etat doit avoir l’obligation de garantir des soins de qualité à tous les habitants du canton. Une caisse maladie publique, avec des primes proportionnelles aux revenus et incluant la médecine dentaire et tous les soins dont une personne pourrait raisonnablement avoir besoin, doit être créée.

Famille : chaque famille doit disposer des ressources lui permettant d’élever ses enfants. L’Etat doit offrir des allocations familiales conséquentes pour les familles qui en ont besoin, ainsi que des aides supplémentaires pour les familles monoparentales. Chaque enfant doit disposer d’une place dans les structures de la petite enfance publiques, où le tarif doit être proportionnel au revenu des parents.

Formation : les études obligatoires et post-obligatoires (dont universitaires) doivent être entièrement gratuites, ce qui implique notamment la suppression des taxes universitaires. L’université doit rester une institution publique : non à la gestion managériale proposée par le rapport de la commission dirigée par la « socialiste » Ruth Dreyfus. L’âge de scolarité obligatoire doit être relevé jusqu’à 18 ans, dans le cadre des filières actuelles du post-obligatoires y compris l’apprentissage professionnel, car il n’est pas normal que des mineurs, particulièrement vulnérables face au patronat, se retrouvent sur le marché du travail. L’enseignement public doit avoir pour but de former des citoyens responsables, possédant un esprit critique, une capacité de réflexion personnelle et une culture générale la plus large possible, plutôt que de mettre l’école au service des besoins des entreprises, ce qui signifierait former non plus des citoyens mais simplement la future force de travail, de réduire les élèves au rang de marchandise. Un droit à la formation continue doit être ouvert.

Justice : les justiciables doivent bénéficier d’une véritable protection juridique. Le système des juges d’instruction doit être conservé, afin que ce soit une partie neutre qui instruise l’affaire et ait donc pour but de découvrir la vérité objective, plutôt que de transmettre cette compétence au procureur général qui a pour fonction d’assurer l’accusation, ce qui nuit à son objectivité. Les compétences du procureur général, sommairement décrites dans la constitution en vigueur, doivent être précisées et revues à la baisse. Le pouvoir du procureur doit clairement se limiter à instruire les plaintes et à faire passer les accusés devant la justice. Le procureur général ne devrait pas pouvoir à l’avenir, comme Zapelli l’a fait lors de l’expulsion des squats, pouvoir déclarer l’occupation des immeubles en question illégale, ce qui est un verdict de juge, ni ordonner leur expulsion, ce qui est une décision d’exécutif. La police ne doit recevoir d’ordres que du conseiller d’Etat de tutelle, et en aucun cas du procureur. Les juges doivent continuer d’être désignés par accord entre les partis représentés au Grand Conseil, car un juge doit interpréter les lois et le fait inévitablement sous l’influence de sa sensibilité politique, tout en gardant le critère de compétence et ne pas faire des juges des politiciens professionnels, ce qui serait le cas en cas d’élections au suffrage universel. Une cour constitutionnelle devrait être crée afin de statuer sur la validité des lois et initiatives selon des critères purement juridiques et non pas politiques comme c’est le cas pour le Grand Conseil.

Egalité : Les discriminations en raison de l’origine, du sexe, de convictions politiques ou religieuses et de l’orientation sexuelle doivent être réprimées par la loi. Le droit au PACS doit être assuré pour tous les couples, homosexuels ou non, qui le souhaitent.

Revendications et protestions : La liberté syndicale, de réunion, d’association, d’expression et le droit de grève sont garantis. La liberté de manifester est consacrée, une manifestation ne peut être interdite sous aucun prétexte si ses revendications et ses méthodes sont légales. Les syndicats doivent avoir le droit d’être présents à l’intérieur des entreprises.

Démocratie participative : La possibilité d’opposer un contre-projet à une loi combattue (référendum constructif) est ajoutée au droit de référendum. Les associations représentant les habitants de quartiers, les locataires, les mouvements sociaux, de défense de l’environnement et du patrimoine, les usagers des régies et institutions publiques, sont reconnues. leurs représentants sont consultés sur les sujets qui les concernent. Les ressortissants étrangers accèdent à l’ensemble des droits politiques après huit ans de résidence.

Limitations des pouvoirs des grands partis politiques et des magistrats. Le quorum pour l’élection au Grand Conseil, qui empêche la représentation des petits partis et des associations, est supprimé. Les comptes des partis, des campagnes électorales et de votation, sont publics. Le budget maximal pour les campagnes est fixé à 50000 francs, indexés selon l’inflation. Le cumul des mandate électifs est proscrit. Les magistrats élus peuvent être révoqués par référendum. Toutes les procédures de vote et d’élection sont transparentes et soumises que contrôle des citoyens.

Transport : Les transports publics et la mobilité douce ont la priorité sur le trafic motorisé. Les transports publics sont gratuits pour les usagers. L’Etat veille à assurer un service de qualité et une extension du réseau TPG au moyen de taxes écologiques, sur l’essence et kérosène notamment. Les aménagements pour les transports publics doivent être faits en priorité sur ceux pour le trafic motorisé, si nécessaire au détriment de celui-ci.

Accessibilité des rives du lac : Conformément à la loi fédérale, les propriétaires des parcelles bordant le lac laissent un passage ouvert au public le long des rives.

Utilisation du domaine public : L’utilisation du domaine public est gratuite pour les activités à but non lucratif.

Culture : le droit à la culture est garanti pour tous. La culture alternative et la création indépendante doit être encouragée. L’Etat et les communes doivent offrir les locaux pour les activités à caractère culturel. Si un lieu culturel doit être démantelé, des locaux de remplacement doivent être fournis pour toutes les activités qui y avaient lieu (ce qui n’a pas été fait dans le cas d’Artamis). La culture ne doit pas devenir une marchandise, la culture alternative doit avoir la priorité sur la culture commerciale. Les institutions culturelles subventionnées par la collectivité doivent proposer des prix abordables pour tous.

Communes : nous sommes contre la fusion des communes, une mode néolibérale de destruction des collectivités historiquement constituées, d’abolition de la démocratie de proximité et des identités locales pour les remplacer par une gestion managériale qui n’est que l’application absurde des règles du marché aux collectivités humaines, mode dont on ne voit pas l’utilité. Une fusion entre communes ne peut émaner que de la volonté démocratique et indépendante des habitants de celles-ci, et non être imposée d’en haut. La ville de Genève (bastion de la gauche, ce que la droite ne supporte pas) doit être maintenue. L’autonomie communale doit être conservée.

Institutions : le mode d’élection du Conseil d’Etat ne doit pas être changé, car ainsi les ministres cantonaux portent une responsabilité devant le peuple. Le nombre de conseillers d’Etat ne doit pas être baissé, ce serait réduire la capacité des ministres de diriger effectivement leurs départements. Le nombre des députés du Grand Conseil ne doit pas être baissé afin de garantir une représentation digne de ce nom aux petits partis. Le nombre de commissions ne doit pas être réduit, afin que celles-ci puissent traiter chacune efficacement d’un sujet précis, les commissions extraparlementaires doivent être conservées.

Sécurité : les dispositions garantissant les droits individuels (notamment l’habeas corpus) face aux forces de l’ordre doivent être maintenues et consacrées par la constitution. L’usage des caméras de sécurité, dispositif digne d’un Etat Big Brother, sur le domaine public doit être prohibé.

Droit aux loisirs : le droit aux loisirs et au sport non élitistes doit être garanti. L’Etat doit soutenir les associations de loisir et sportives, sans toutefois aider le sport business.

03 juillet 2008

De la nécessité d’un projet communiste pour le XXIe siècle



Ceci est un document que j'ai été chargé de rédiger pour le prochain congrès du PST, laissez svp vos commentaires.

"Quiconque souhaite le renforcement de la démocratie devra souhaiter également le renforcement et non pas l'affaiblissement du mouvement socialiste; renoncer à la lutte pour le socialisme, c'est renoncer en même temps au mouvement ouvrier et à la démocratie elle-même." Rosa Luxemburg (1870-1919) Réforme sociale ou révolution ? - 1899
En cette aube du troisième millénaire, notre parti doit d’urgence abandonner sa posture défensive et défaitiste d’antilibéralisme et de défense des acquis face à la droite et de proposer un contre-projet à celui de la droite (qui est de fait également celui de la pseudo-gauche modérée), sous peine de disparaître définitivement. Car, comme Lénine l’écrivait déjà en 1916 : « Un mot d’ordre « négatif », non rattaché à une solution positive déterminée, n’aiguise pas, mais émousse la conscience, car un tel mot d’ordre est du néant, un cri en l’air, une déclaration sans objet ». Pour pouvoir remonter la pente et incarner une alternative crédible, nous devons dépasser l’attitude défensive et complexée qui est trop souvent la notre, pour oser porter haut et fort un véritable contre-projet au capitalisme. Toutefois, pour proposer une alternative sérieuse, nous devons nous fonder sur une analyse critique du capitalisme d’aujourd’hui, non pas une critique émotionnelle de gauchistes protestataires, mais une critique rationnelle basée sur les outils scientifiques que nous offre le marxisme.

Et une analyse scientifique du capitalisme se fonde nécessairement sur les principes du matérialisme historique et dialectique, sur la lutte des classes et la théorie de la plus-value. Ce qui nous permettra de comprendre la logique réelle de notre monde tel qu’il est, ainsi que de voire les conditions réelles d’une alternative, plutôt que de nous contenter d’une condamnation moralisatrice dans le style des mouvements protestataires sans base idéologique claire. Dès l’abord, nous devons constater que la Révolution Internet des années nonante fut une troisième Révolution industrielle, révolution des processus de production, donc des rapports de production et donc de l’ensemble des rapports sociaux. L’informatisation de l’économie permit une rationalisation sans précédent de la production, et rendit possible la constitution d’entreprises de taille démesurée, qui auraient été ingérables auparavant, les multinationales. La constitution de ces gigantesques empires commerciaux changea radicalement la configuration politique et socio-économique de la planète. Les multinationales sont des conglomérats colossaux qui s’étendent sur toute la planète, elles ne sont donc plus subordonnées à aucun Etat, mais au dessus de tous les Etats. C’est là à proprement parler la mondialisation dans sa phase finale, soit l’effacement des nations (concept inventé au XVIII : chasse gardée de la bourgeoisie nationale) au profit d’un marché mondial.

Mais la mondialisation n’est pas que l’effacement des marchés nationaux, elle est aussi et surtout un durcissement de la dictature bourgeoise sur les peuples. Car désormais les entreprises ne sont plus forcées d’installer leurs centres de production à un endroit fixe, mais peuvent les délocaliser à tout endroit du monde, là où la main d’œuvre est le meilleur marché bien entendu. Ou mieux encore, la plupart ne possèdent même plus de centres de production propres ; elles se concentrent sur la vente et sous-traitent la production à des entreprises du Tiers Monde, auxquelles elles imposent des conditions qui ne peuvent être remplies que par une exploitation inhumaine des travailleurs. La rationalisation de la production est source de richesses pour les bourgeois et de souffrances pour les prolétaires. La simple possibilité de délocaliser permet au patronat de mettre en concurrence les travailleurs du monde entier, d’exercer un chantage inacceptable sur les peuples, de maintenir partout du chômage, et finalement d’accroître l’exploitation de la force de travail partout (baisses de salaires, augmentation de la durée de travail, réduction de la protection au travail, liquidation des acquis sociaux…), ainsi que d’introduire le modèle just in time (satisfaction quasi immédiate des commandes, pas de stocks) et la flexibilité (travailler quand le patron veut, sans savoir à l’avance…la vie privée devient un enfer).
Bien évidemment, le paradis des bourgeois est nécessairement l’enfer des travailleurs. L’exploitation capitaliste devient de plus en plus inhumaine sur toute la surface du globe. Plus de 800 millions d’êtres humains meurent de faim. De plus, la suppression des nations ne signifie pas, et de loin la fin de l’impérialisme et des guerres. Car la concurrence, cette guerre à mort que se livrent les bourgeois et où ne meurent que les travailleurs, est une guerre à part entière, et comme telle exige ses fleuves de sang. Preuve en sont les guerres d’Afghanistan et d’Irak, livrées dans l’intérêt exclusif du capital nord-américain ; ainsi que les multiples autres guerres de par le monde. La bourgeoisie transnationale est parfaitement consciente des conséquences nécessaires de son règne. Etant le cynisme incarné, la bourgeoisie ne cherche aucunement à tenter d’en corriger les dégâts. Bien au contraire, elle les aggrave en liquidant l’Etat social. Mais pas question de liquider l’Etat, dont le rôle premier est de protéger les oppresseurs contre le peuple. Sachant que l’oppression capitaliste deviendra de plus en plus invivable pour tous les peuples du monde, la bourgeoisie a décidé de tirer un trait sur la démocratie, quelle avait jadis mis en place contre l’Ancien Régime.

Pour maintenir son pouvoir, la bourgeoisie est décidée à installer une dictature de droite sur l’ensemble de la planète. Pour cela, le grand capital se montre de plus en plus généreux avec des partis d’extrême-droite, comme les républicains de George Bush et l’UDC. La paranoïa sécuritaire que propagent ces partis est une propagande mensongère destinée à persuader le peuple que pour sa sécurité, il doit renoncer à sa liberté. Or « celui qui renonce à la liberté pour la sécurité, ne mérité ni la sécurité ni la liberté » (Winston Churchill). La droite dure parvient ainsi à faire passer des mesures de plus en plus liberticides : détentions sans avis de juge pendant plus de 48 heures, caméras de sécurité omniprésentes, écoutes téléphoniques, passeports biométriques, fichage de tous…bref, l’Etat Big Brother. L’Amérique de Bush est aujourd’hui une quasi-dictature. L’analogie avec les années trente n’est pas totalement abusive. Toutefois, il ne s’agit nullement pour les partis de la droite dure de construire un fascisme intégral. Non pas que l’extrême-droite d’aujourd’hui soit meilleure ou plus démocratique, mais c’est qu’elle est au service d’un capital transnational et non plus national. Aussi il n’est plus question de délire nationaliste véritable, mais seulement de mettre en place un régime carcéral pour l’ensemble des citoyens, un fascisme réduit à la GESTAPO si l’on veut.

Par contre, l’analogie avec les années trente est parfaitement pertinente sur un point auquel habituellement on ne pense pas. La bourgeoisie est libérale quand elle se sent forte, elle ne donne le pouvoir à l’extrême-droite que quand elle se sent menacée. Une dérive totalitaire est nécessairement un aveu de faiblesse du capitalisme. Dans les années trente, la menace pour les possédants étaient les communistes (qui furent proches de la victoire en Allemagne, en Italie et en Espagne), aujourd’hui c’est d’une crise interne au capitalisme qu’il s’agit. Le capitalisme moderne est gouverné sans partage par des financiers obnubilés par le profit à très court terme (du reste ils ne pourraient faire autrement). Le quasi-achèvement de la globalisation confronte le système capitaliste à une saturation, la Terre entière étant conquise les possibilités de croissance s’amenuisent. Confronté à des difficultés de placement, les banques encouragent la prise de risques de plus en plus inconsidérés. Cela rend le système extrêmement instable. Des crises de plus en plus graves éclatent ; comme l’affaire Kerviel, la crise des subprimes ou la crise alimentaire actuelle. Tout l’édifice capitaliste menace de s’écrouler sous son propre poids. D’autant que cet affaiblissement des exploiteurs ne se fait pas sans la renaissance d’une résistance populaire : les victoires de Chavez et de Morales, la victoire des maoïstes au Népal, la guérilla naxalite en Inde, les émeutes de la faim, la renaissance des grèves en Occident…et aussi le début d’une renaissance de rejet du capitalisme et de l’idée du socialisme.

Aussi, ce projet totalitaire de droite est à la fois la plus grande menace d’aujourd’hui et une chance pour nous de remonter la pente en reconstruisant un mouvement de résistance. La seule façon de construire un mouvement est de le rassembler autour d’un projet porteur d’avenir. Il ne peut s’agir d’un projet réformiste. Il n’est ni possible, ni souhaitable de conserver le capitalisme. Le capitalisme ne peut par essence être ni social ni écologique. Le capitalisme ne peut fonctionner que sur la base de la plus-value, de la misère et des guerres ; il ne peut avoir d’autre but que le profit de quelques uns, ce qui est incompatible avec l’intérêt commun. Pour construire un monde plus juste, surmonter l’épuisement prochain du pétrole, adopter un modèle économique qui soit véritablement écologique et qui permette la survie de notre espèce sur le long terme, il est nécessaire de prendre de mettre en place une gestion de la production volontariste, fondée sur l’intérêt général et une décroissance intelligente écologiquement nécessaire, ce qui est incompatible avec la main invisible du marché et sa logique de croissance, et plus généralement avec la propriété bourgeoise.

Malgré cette évidence, le réformisme existe dans nos rangs. Cela à cause de la crise que nous avons traversé dans les années quatre-vingt et nonante, suite à la chute du bloc de l’Est. Les médias bourgeois ont mis en place un véritable bourrage de crânes qui assimile tout projet socialiste aux pires déviations du stalinisme. Certains de nos camarades ont cédé à cette offensive idéologique et ont fini par croire que le capitalisme est la fin de l’histoire. Or la propagande bourgeoise est typiquement un discours affirmatif simpliste qui ne tient pas la route, un discours affirmatif qui ne fonctionne que s’il est martelé à longueur de journées et qui s’effondre dès qu’on lui oppose des arguments, typiquement un discours totalitaire. Le stalinisme, comme ses nombreux avatars, fut sans conteste une tyrannie et une trahison des principes du socialisme. Il ne faut jamais oublier le début des statuts de la Première Internationale : « L’émancipation de la classe ouvrière ne peut être que l’œuvre de la classe ouvrière elle-même » (Karl Marx). Les bolcheviks essayèrent de construire le socialisme de force dans un Etat au prolétariat embryonnaire, un Etat de plus détruit par la guerre civile. D’ailleurs Lénine disait à la fin de sa vie : «Il est évident que nous avons échoué. Nous voulions construire une nouvelle société socialiste avec une formule magique. Alors qu’un tel processus exige des dizaines d’années et plusieurs générations ».

Le socialisme n’est ni le culte du dirigeant, ni la dictature d’un parti sur le prolétariat, ni l’étatisation de tous les moyens de production. Du reste, Marx se moquait de ceux qui confondaient socialisme et nationalisations : « Bismarck serait le plus grand socialiste d’Europe pour avoir nationalisé les postes ». Le socialisme véritable, construit ave une participation active du peuple et non imposé par le politburo, est avant tout démocratique, respectueux du pluralisme et de la liberté d’expression. Le plan, tel que défini par Marx, est un instrument de régulation et d’humanisation, et non une institution bureaucratique quasi-militaire. La propriété socialiste n’est que très partiellement étatique, uniquement pour les services publiques et les institutions. La forme principale d’une économie socialiste est l’autogestion par les travailleurs de l’entreprise, les coopératives ainsi que des petites entreprises privées individuelles ou familiales. Il ne peut non plus y avoir de dictature d’un parti unique, mais un pluralisme démocratique, une large démocratie directe et participative, ainsi qu’une gestion démocratique de l’économie. Aussi nous ne devons pas hésiter à nous affirmer communiste.

Rappelons aussi que Marx a défini le communisme comme : «la reconquête totale de l’homme », pour une société « où le libre développement de chacun est la condition du libre développement de tous ». Pour pouvoir rassembler un large mouvement populaire pour la lutte contre l’oppression capitaliste, le Parti Suisse du Travail doit devenir un parti de gauche décomplexée, qui ose être communiste. Nous pourrons alors mener une véritable lutte idéologique contre la droite, la publicité et les médias bourgeois ; non pas une lutte fondée sur une dénonciation stérile comme le font les gauchistes, mais une lutte en combattant l’idéologie bourgeoise par une pensée communiste. Nous pourrons alors fédérer un large mouvement associatif et syndical, cimenté par des idées communistes, et finalement renverser démocratiquement l’oppression capitaliste pour construire de façon tout aussi démocratique une nouvelle société socialiste.

19 juin 2008

Votations du 1er juin, la droite perd sur toute la ligne !


Pour la première fois depuis plus de deux ans, la gauche gagne une votation sur toute la ligne. Avec une majorité écrasante, le peuple balaye trois objets fédéraux émanant de l’UDC ; et rejette à une majorité non moindre trois propositions de la droite genevoise portant sur la gouvernance des régies publiques. Certes les électeurs genevois acceptent de réduire l’impôt sur les donations, réduction à laquelle nous étions opposés car il s’agissait plus d’un cadeau fiscal supplémentaire aux riches que d’un réel encouragement au mécénat. Mais c’était un objet secondaire, portant sur un pourcentage négligeable de la totalité des revenus du canton ; les libéraux avaient activement fait campagne pour, personne n’avait fait activement campagne contre. L’essentiel est que le peuple ait refusé les six objets réellement importants. Voyons d’abord la votation fédérale.

Pour la première fois depuis longtemps, la machine à gagner soigneusement conçue par Christoph Blocher grince. Trois objets émanant de l’UDC étaient en jeu. En premier lieu, l’initiative sur les « naturalisations démocratiques », soit la suppression du droit de recours et la possibilité pour les communes qui le souhaiteraient d’introduire la naturalisation par les urnes ce qui ouvre la porte à tous les arbitraires, que le parti d’extrême-droite jugeait d’importance stratégique. Certes la campagne udéciste était peu claire : on a en effet pas compris s’il s’agissait de voter contre le Tribunal fédéral, contre la criminalité des jeunes ou contre on ne sait encore trop quoi… Néanmoins, on peut constater avec plaisir que l’UDC perd sur son thème de prédilection, la xénophobie. Deuxièmement, l’amendement constitutionnel mensongèrement intitulée « pour la réduction des coûts de l’assurance maladie », prévoyant de fait le plein pouvoir des caisses, la suppression du libre choix du médecin et de la couverture universelle, donc une médecine à deux vitesses, fut rejetée par le peuple et par tous les cantons. Seuls l’UDC et une partie des radicaux la soutenaient. Certes il ne faudrait pas se réjouir trop tôt, ce projet avait été originellement voté par toute la droite, qui toutefois s’est désistée, ayant sans doute compris qu’il s’agissait d’une attaque trop brutale contre le droit au soin. Il faudra se préparer à ce que la droite revienne avec des propositions plus partielles allant dans le sens d’une libéralisation totale de la santé pour un système à l’américaine (regardez Sicko de Michael Moore). Toutefois, il s’agit d’un net retour de manivelle, et un désaveu de l’arrogance sans limite de Santésuisse, après le rejet de la Caisse unique par le peuple l’an dernier. Enfin, la fameuse « initiative muselière », demandant d’interdire au Conseil fédéral de prendre position sur les sujets de votation, était trop évidemment une vengeance personnelle mesquine de monsieur Blocher, qui n’a pas digéré sa non-réélection.

Ce résultat constitue en premier lieu un camouflet pour l’UDC elle-même, elle qui s’était tant habituée à gagner. Le monolithisme de l’UDC et la puissance personnelle de Christoph Blocher ne sont plus, brisés par Eveline Widmer Schlumpf. Les méthodes totalitaires de la direction du parti ainsi que la mesquine volonté de vengeance du tribun zurichois pour exclure la section de la conseillère fédérale démocratiquement élue, qui ont conduit à une scission dans plusieurs cantons de l’aile libérale de l’UDC, n’ont manifestement pas plu au peuple. L’unité de façade a disparu, Blocher ne contrôle plus le parti, dont certains membres ont même demandé son départ. Mais au-delà de l’affaire Widmer Schlumpf, c’est la ligne ultralibérale et fascisante de l’UDC que le peuple ne suit plus, montrant au contraire son attachement à la démocratie. En effet, la campagne aux relents racistes qui associe au mépris de toute logique la procédure de naturalisation et la criminalité de jeunes étrangers n’a pas passé auprès des électeurs, qui se montrent par contre attachés à l’Etat de droit incarné par le droit de recours et le Tribunal fédéral. Le peuple ne veut pas de système de santé ultralibéral à l’américaine, ni de leader providentiel d’extrême-droite. L’UDC voulait commencer sa carrière de parti d’opposition par une victoire forte, voilà qui est raté. Les caciques du parti brun clair, désemparés et en perte de crédibilité, sont allés jusqu’à revenir sur certaines de leurs positions extrémistes, tel Blocher qui s’est désolidarisé de l’initiative demandant l’interdiction des minarets.

Ce début de crise du néolibéralisme et du néoconservatisme est confirmé par la votation cantonale genevoise. Le peuple genevois a rejeté trois projets de la droite qui visaient à modifier la gouvernance des régies publiques que sont les TPG, les HUG et les SIG, afin de supprimer la représentation des partis présents au Grand Conseil et du personnel, pour mettre à la place des conseils d’administration réduits de managers « apolitiques » (sous-entendu de droite), selon le mythe néolibéral de la compétence ; ce qui fut déjà fait à la BCG, suivi de la faillite que l’on sait. Le peuple à montré par là son attachement à la gouvernance démocratique des services publiques, ainsi que plus généralement un rejet des recettes néolibérales et néoconservatrice. L’heure du début du déclin semble bien sonner pour le grand parti d’extrême-droite. Et quand la droite est en perte de vitesse, c’est une chance à saisir pour le Parti du Travail de remonter la pente en rassemblant le peuple autour d’un contre-projet à celui des possédants, un projet de socialisme du XXIe siècle.

23 janvier 2008

L’individualisme consumériste comme négation de l’humanisme

Pour dénigrer tout projet politique de gauche, la pensée dominante néolibérale se fonde généralement sur l’argument de la liberté individuelle, qui est sensée être celle du citoyen de notre société occidentale postmoderne, la société de consommation. Cet argument est un mensonge idéologique éhonté, mais dont l’influence est grande sur les esprits. Aussi vais-je m’essayer d’y apporter une objection imparable. Pour ce faire, il faut se poser une question toute simple : qu’est que la liberté individuelle, et par corollaire qu’est que l’être humain, selon la pensée néolibérale. La réponse est tout aussi simple et ruine tous les beaux discours des maîtres du monde sur la liberté. L’homme de la société de consommation n’est plus ni un être fait un l’image de Dieu, ni le citoyen responsable et dévoué à la cause de la cité, mais le travailleur et le consommateur, soit un simple facteur économique, exactement semblable qualitativement à la machine ou au dollar. L’homme est considéré comme privé de volonté et de libre arbitre authentique, on en est loin de la liberté selon Sartre. Pour la doxa néolibérale, être rationnel c’est agir uniquement en fonction de besoins matériels et déterministes, de s’adapter aux exigences du marché (accepter des baisses de salaires quand la conjoncture est mauvaise, consommer plus pour relancer la croissance), soit n’être qu’une machine à produire et à consommer.
Pour comprendre cette société délirante la lecture de deux classiques incontournables s’impose : « Le meilleur des mondes », célèbre roman d’Aldous Huxley, et « La société de consommation » de Jean Baudrillard, analyse remarquable écrite en 1970, mais douloureusement d’actualité. Pour résumer, Jean Baudrillard s’interroge sur la nature de la consommation. Il affirme qu’elle n’est pas le résultat de besoins objectifs de l’homme isolé, ce qui n’aurait strictement aucun sens. Au contraire, la consommation est un comportement de l’homme social, le résultat de ce que les économistes appellent besoins de civilisation, soit ceux étant la norme sociale d’une société donnée. Les objets ne sont donc pas désirés pour leur valeur d’usage première (car quelle utilité auraient les objets décoratifs de prestige pour un homme seul), mais en tant que porteurs de codes, de signes d’un statut social particulier, d’appartenance à sa propre classe sociale si elle est considérée comme parfaite, ou d’aspiration à un statut supérieur.
Cela a toujours existé, mais la société de consommation va plus loin. Elle a crée des possibilités infinies de différenciation, non seulement par le statut financier, mais par toute sorte de codes exprimant goûts, intérêts, etc. L’exemple le plus typique en est la consommation différenciée des divers clans d’adolescents. Il s’agit-là de pures combinaisons de marchandises. Alors pourquoi exprimer les différences exclusivement par les choix de consommation ? Comment expliquer les phrases absurdes telles que : grâce au produit x, je suis plus que jamais moi-même. Car pouvais-je être moins moi-même avant de l’avoir acheté ? A ces questions Jean Baudrillard livre une réponse admirablement claire : « Ce que dit toute cette rhétorique, qui se débat dans l’impossibilité de le dire, c’est précisément qu’il n’y a personne. La « personne » en valeur absolue, avec ses traits irréductibles et son poids spécifique, telle que toute la tradition occidentale l’a forgée comme mythe organisateur du Sujet, avec ses passions, sa volonté, son caractère ou… sa banalité, cette personne absente, balayée de notre univers fonctionnel. Et c’est cette personne absente qui va se « personnaliser ». »
Voila qui bat en brèche tous les beaux discours des chantres du néolibéralisme sur la liberté. La société de consommation est synonyme d’aliénation totale de l’homme. Le socialisme, au contraire, se fonde sur un humanisme authentique car il a pour but, comme le disait admirablement Marx, la « reconquête totale de l’homme », pour une société « où le libre développement de chacun est la condition du libre développement de tous ».